L’hôpital
du Kremlin-Bicêtre

Un hospice pour soldats

Sous le nom de commanderie Saint-Louis, l’hôpital Bicêtre ouvre ses portes en 1634 à l’emplacement d’un ancien château rasé construit par le duc de Berry. Le roi Louis XIII souhaite y fonder un hôpital pour les soldats blessés. Un long bâtiments et deux ailes perpendiculaires dessinés par l’architecte Jacques Lemercier sont conçus en 1634. Mais la mort de Richelieu en 1642, suivie en 1643 par celle de Louis XIII interrompent les travaux.

Un lieu de « renfermement des pauvres »

Le 27 avril 1656, le roi Louis XIV signe un édit de création de l’Hôpital Général à Paris. Son but est le « renfermement des pauvres mendiants » : aux vagabonds vont s’ajouter très vite les aliénés, les handicapés, les incurables puis les malades vénériens. Trois établissements sont créés : Bicêtre pour les hommes, la Salpêtrière pour les femmes et la Pitié pour les enfants. A cette époque, il s’agit donc de sauver les âmes de l’oisiveté plutôt que de traiter les malades et les soigner. En 1668, l’hôpital de Bicêtre compte 660 pensionnaires. En 1670, la chapelle de l’hôpital (démolie) est construite sur les plans de l’architecte Louis Le Vau.

Un lieu d’emprisonnement

Parallèlement à l’hôpital où sont enfermés les « bons pauvres », une maison de Force (c’est-à-dire une prison) est créée pour emprisonner les voleurs récidivistes. Puis cette prison devient également un lieu de détention pour les condamnés de droit commun. Les cachots de Bicêtre ont une sinistre réputation et les conditions de détention y sont inhumaines. Des instruments de torture ont alors pour vocation de remettre les détenus dans le droit chemin. La maison de Force construite au début du 18^e siècle existe toujours ; c’est un quadrilatère en pierre de taille situé au sud de l’actuel hôpital.

Le problème crucial de l’eau

Dépourvu en eau, le site de Bicêtre nécessite dès sa création d’aller remplir des tonneaux dans la Bièvre à Arcueil et de l’acheminer ses de charrettes. Avec l’augmentation de la population enfermée dans l’hôpital, une solution doit être trouvée. Le grand architecte Germain Boffrand est alors sollicité. A partir de 1733, il conçoit un puit creusé à 58 mètres de profondeur, permettant de remonter grâce à des chevaux (puis à des prisonniers) deux sceaux de 270 litres. Le puit ainsi que le grand réservoir subsistent et sont inscrits aux MH. Ils se visitent parfois au moment des Journées Européennes du Patrimoine. En 1757, une nouvelle entrée appelé « porte des champs » est bâties à l’est, c’est l’actuelle entrée principale.

Bicêtre aux XIXe et XXe siècle

En 1819, les prisonniers de la maison de force sont transférés à la prison de la Roquette à Paris. L’hôpital Bicêtre devient enfin un établissement charitable : il abrite un hospice pour vieillards et infirmes, et un asile pour enfants et vieillards. Il prend en 1823 le nom d’hospice de la Vieillesse-hommes. En 1822, une campagne de travaux ajoute d’intéressants bâtiments de part et d’autre de deux cours situées au sud-ouest : aujourd’hui peints de couleurs vives, ces bâtiments à promenoir-péristyle sont de superbes exemples d’architecture néo-classique. A partir de 1950, l’hospice devient un véritable hôpital puis un CHU (Centre hospitalier Universitaire) en 1998. Les bâtiments de l’hôpital conçu au XXe siècle se situent à l’ouest des bâtiments historiques cités plus haut.

Pour l’architecte Jacques Lemercier, voir également le Palais-Royal, le collège de la Sorbonne, la chapelle Sainte-Ursule de la Sorbonne, le palais du Louvre, le temple de l’Oratoire du Louvre, l’abbaye du Val-de-Grâce, le palais du Luxembourg.

Pour l’architecte Germain Boffrand,voir également l’hôtel de Soubise, l’hôtel Le Brun, l’hôtel de Seignelay, l’hôtel Amelot de Gournay, l’hôtel de Beauharnais, l’hôtel de la Chancellerie d’Orléans, l’hôtel de Villars, les trésors cachés du Petit Luxembourg, l’église Saint-Merri.

Sources :
. Guide du patrimoine Ile-de-France, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1992.
. « De la Grange-aux-Queulx à Bicêtre : sept siècles d’histoire », Madeleine Leveau-Fernandez, jeudi 17 avril 2008, Société d’Histoire de Gentilly.
. L’hôpital Bicêtre