Résidence
de l’ambassadeur d’Allemagne
L’hôtel de Beauharnais
L’architecte Germain Boffrand
Cet hôtel est bâti par l’architecte Germain Boffrand sur un terrain acquis en 1713. Il est jumeau de l’hôtel de Seignelay, hôtel voisin bâti par le même architecte. Dès 1714, l’hôtel est revendu à Jean-Baptiste Colbert, marquis de Torcy, neveu du grand Colbert. En 1766, l’hôtel est acheté par le duc de Villeroy qui meurt sur l’échafaud en 1794. Ses héritiers le vendent à des spéculateurs peu après la Terreur en 1796. En 1803, Eugène de Beauharnais (1783-1824), fils de Joséphine de Beauharnais et beau-fils du premier consul Napoléon Bonaparte, fait l’acquisition de la demeure pour 200.000 francs de l’époque. Elle est alors en très mauvais état. Jeune officier, Eugène se lance dans des travaux gigantesques qui atteignent bientôt un million et demi de francs.
En 1806, Napoléon lui écrit « Mon fils, vous avez très mal arrangé vos affaires à Paris ». L’Empereur est fou furieux des sommes extravagantes dépensées et confisque l’hôtel; il décide d’y loger les hôtes de marque séjournant à Paris. Devenu vice-roi d’Italie et fraichement marié à la princesse Augusta de Bavière, le prince Eugène de Beauharnais a été volontairement éloigné de Paris. Il séjournera à nouveau à l’hôtel de Beauharnais en 1811 et 1812.
La résidence de l’ambassadeur d’Allemagne
A la chute de l’Empire, le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, réquisitionne l’hôtel puis l’achète à Eugène de Beauharnais en 1818. En 1862, Bismarck, ambassadeur de Prusse en France, y réside. En 1867, lors de l’Exposition universelle, le roi de Prusse Guillaume 1er y reçoit Napoléon III et l’impératrice Eugénie. Depuis 1968, l’hôtel de Beauharnais abrite la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne.
Un rare portique à l’égyptienne
Plaqué sur la façade sur cour, l’étonnant portique à l’égyptienne a été ajouté sous le Consulat pour couvrir le perron menant au vestibule de l’hôtel. Le choix de ce style fait écho à la participation d’Eugène de Beauharnais à la campagne d’Egypte. A l’intérieur subsistent d’éblouissants décors de style Consulat ou Empire accompagnés de leur mobilier : le grand escalier en ellipse, le salon des Quatre saisons, le salon vert (orné de pilastres à chapiteaux égyptiens), le salon de musique, la chambre à coucher de la reine Hortense, la bibliothèque.
L’apogée des styles décoratifs Consulat et Empire
La salle de bain du prince Eugène conserve un pavement de marbres polychromes aux motifs aquatiques sur le thème de l’enlèvement d’Europe, des jeux de miroirs et de fines colonnes. La pièce la plus exotique reste le boudoir turc décoré de frises de « turqueries » : on y reconnait des scènes de marché d’esclaves, de harems et de hammams. Du point de vue des Arts décoratifs, l’hôtel de Beauharnais représente l’apogée des styles Consulat et Empire en France. Il a été entièrement restauré par la République d’Allemagne.
Pour l’architecte Germain Boffrand, voir également l’hôtel Le Brun, l’hôtel de Soubise, l’hôtel de Seignelay, l’hôtel Amelot de Gournay, l’hôtel de la chancellerie d’Orléans, l’hôtel de Villars, l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, les trésors cachés du Petit Luxembourg, l’église Saint-Merri.
Sources :
Colin-Bertin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Belles demeures de Paris, Paris, Hachette Réalités, 1977.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 78 rue de Lille
Métro : Assemblée nationale
Arrondissement : 7e
Téléphone :