La place des Victoires
Une statue à la gloire de Louis XIV
Signés en 1678, les traités de Nimègue marquent l’apogée du règne de Louis XIV. Signés avec les Provinces-Unies, l’Espagne et le Saint-Empire, ils mettent fin à la guerre de Hollande et permettent à la France d’agrandir son territoire : la Franche-Comté, des places fortes flamandes, Cambrai, Maubeuge ou encore Valenciennes lui sont cédées. Dans les Caraïbes, elle augmente également ses possessions : Trinité, Tobago, la Dominique, Sainte-Lucie. A cette occasion, un habile courtisan, le maréchal de La Feuillade, offre au roi une statue en pied en marbre le représentant, œuvre du sculpteur Martin Desjardins. Quelques années plus tard, le maréchal commande au même sculpteur une réplique en bronze. Elle sera placée sur une nouvelle place, la place des Victoires, consacrée aux victoires militaires de Louis XIV.
L’expression du « Grand Style »
De 1685 à 1686, la place est bâtie selon les plans de l’architecte Jules Hardouin-Mansart (1646-1708). On y reconnaît l’expression du « Grand Style » en vogue à Paris dans le dernier quart du XVIIe siècle. Au rez-de-chaussée entresolé, de hautes arcades sont appareillées de pierre à refends. Au-dessus, les deux étages sont scandés de pilastres colossaux (ils embrassent deux étages) d’ordre ionique. Hardouin-Mansart n’est toutefois pas le premier à mettre en œuvre ce style : l’architecte Daniel Gittard l’a déjà employé à l’hôtel Lully rue des Petits-Champs. Ce style architectural sera sublimé un peu plus tard avec la majestueuse place Louis XIV (la place Vendôme). Hardouin-Mansart introduit tout de même deux innovations : les hôtels sont tous identiques et le plan circulaire de la place sont sans précédent dans l’urbanisme classique.
Une place éclairée par des fanaux
Au centre la place, la statue de Louis XIV en costume de sacre est dressée : le roi est couronné par la Victoire et écrase un monstre à trois têtes, symbolisant la triple Alliance contre la France. Sur son socle, des bas-reliefs sont cantonnés de figures d’esclaves. La place est éclairée par quatre fanaux qui y brûlent en permanence. Ce sont des groupes de trois colonnes de marbre soutenant un gros fanal de marine posé sur un socle de marbre rouge. Entre les colonnes, des médaillons en bronze sculptés par Jean Arnoult racontent l’histoire du roi.
Une composition architecturale altérée
Pendant la Révolution, la statue est abattue en 1792 et les fanaux sont démontés (quelques médaillons sont conservés au musée du Louvre). Une statue équestre de Louis XIV, œuvre du sculpteur François Bosio, est replacée au centre en 1828. Avec l’ouverture de la rue Etienne Marcel en 1858 et la surélévation de certains immeubles, la composition de la place a été fâcheusement altérée.
Pour l’architecte Jules-Hardouin Mansart, voir également le Pont Royal, la place Vendôme, l’hôtel des Invalides, l’église Saint-Roch, l’hôtel Mansart de Sagonne, l’hôtel de Chaulnes, l’hôtel de l’Averdy, le domaine de Trianon, le château de Versailles, le château de Meudon, le domaine de Marly-le-Roi, la galerie des Carrosses.
Sources :
Leborgne (Dominique), Guide du Promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Mignot (Claude), Grammaire des immeubles parisiens, Paris, Parigramme, 2004.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : Place des Victoires
Métro : Sentier
Arrondissement : 1er-2e
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