L’hôtel
de Comans d’Astry

Hôtel de Comans d’Asty : l’actuelle façade sur cour
Une attribution récemment confirmée
Entre 1642 et 1647, cet hôtel particulier a été élevé pour Thomas de Comans d’Astry, secrétaire et maître d’hôtel ordinaire du roi, et son épouse Anne Forget. Longtemps son concepteur fut l’objet d’une controverse, son attribution allant soit à l’architecte Pierre Le Muet, soit à l’architecte Louis Le Vau (1612-1670). Grâce à l’étude précise du bâtiment menée par l’historien de l’architecture Alexandre Cojannot, c’est Le Vau (à qui l’on doit un grand nombre d’hôtels particuliers bâtis sur cette île) qui en est vraisemblablement l’architecte, au moins à partir de 1645.

Hôtel de Comans d’Asty : restitution de l’élévation d’origine sur cour ©Alexandre Cojannot
Deux façades très différentes
Si la façade sur le quai devait être très dépouillée, c’était tout le contraire pour la somptueuse façade sur cour, comme elle en témoigne encore aujourd’hui. Ses deux premiers niveaux (rez-de-chaussée et 1er étage) sont réunis par des pilastres colossaux d’ordre corinthien et articulés par une élégante frise horizontale à motif de rinceaux. Au-dessus, le second étage traité en attique est rythmé par des pilastres ioniques. Enfin, un dernier étage sous corniche traité lui aussi en attique est dépourvu d’ornements. La restitution de l’élévation sur cour ci-dessus réalisée par Alexandre Cojannot permet de mieux apprécier la façade d’origine, modifiée ultérieurement.

Hôtel de Comans d’Asty : la façade sur cour a conservé ses magnifiques pilastres corinthiens
Un somptueux vestibule
Le passage conduisant à la cour d’honneur était bordé à droite par un majestueux vestibule soutenu par des colonnes cannelées d’ordre ionique. Il menait à l’escalier d’honneur à cage ouverte constitué d’un perron à pans coupés suivi d’une volée droite aboutissant au 1er étage. La cage d’escalier était ornée de bas-reliefs attribués à Gérard van Obstal (conservés). Cet escalier a hélas disparu ultérieurement mais ses colonnes engagées (devenus doriques) subsistent.

Hôtel de Comans d’Asty : le parterre et le mur décoré de fausses arcades animent le fond de cour
Une superbe cour d’honneur
A l’origine, la cour d’honneur était fermée au fond par un bâtiment bas à usage de remises à carrosses. Démoli, il a laissé place aujourd’hui à un parterre mais le mur de clôture a conservé en partie haute d’élégantes arcades et pilastres ioniques en stuc qui formait un élégant décor de fond de cour. Les murs latéraux ont en revanche conservé leurs arcatures feintes. Sur la droite de la cour, une arcade ouverte menait aux anciennes écuries.

Hôtel de Comans d’Asty : les fausses arcades décorant le mur latéral gauche
Le maréchal de Richelieu
En 1689, l’hôtel passe à la fille de son commanditaire, Marie de Comans d’Astry et à son époux, Jean Rouillé. Il échoit en 1727 à Marguerite-Thérèse de Rouillé et à son époux, le marquis de de Noailles. En 1729, Armand de Vignerot du Plessis (1696-1788), duc de Fronsac puis de Richelieu, en hérite par succession. Il est le petit-neveu du cardinal de Richelieu. Valeureux militaire, il se distingue notamment à la bataille de Fontenoy (1745) et obtient le bâton de maréchal en 1748. Le maréchal-duc n’habita toutefois pas cet hôtel, résidant à l’hôtel de Richelieu rue Neuve-Saint-Augustin (actuelle rue Saint-Augustin). Gouverneur de Guyenne, c’est lui qui fit découvrir à la Cour de France les vins de Bordeaux jusqu’ici méconnus.
De fâcheuses modifications
Au XIXe siècle, l’hôtel a été fortement altéré par la redistribution des étages qui a conduit à la disparition des espaces intérieurs tandis que l’escalier d’origine était démoli. Sur les deux façades, les baies ont été redistribuées à des intervalles plus serrés dans le but d’augmenter le nombre d’étages. L’édifice a également été surélevé. Sur le quai, la façade conserve son portail surmonté d’une corniche sur consoles ainsi que la corniche haute la couronnant. Sur la cour d’honneur, la façade d’origine a été mieux épargnée, conservant ses superbes pilastres.
Pour l’architecte Louis Le Vau, voir également l’hôtel Lambert, le château de Vaux-le-Vicomte, le château de Versailles, l’hôpital de la Salpêtrière, le collège des Quatre Nations, le palais du Louvre, l’hôtel Bautru, le Palais des Tuileries, le domaine de Trianon, la chapelle du Palais de l’Institut.
Sources :
Cojannot (Alexandre), Louis Le Vau et les nouvelles ambitions de l’architecture française 1612-1654, Paris, Editions Picard, 2012.
Hillairet (Jacques), Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, éditions de Minuit, réédition de 1997.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 18 quai de Béthune
Métro : Sully-Morland
Arrondissement : 4e
Téléphone :