La maison de Scaleway
L’hôtel Rodolphe Kahn
Les financiers Maurice et Rodolphe Kann
Les frères Maurice Kann (1839-1906) et Rodolphe Kann (1845-1905) sont issus d’une famille de banquiersde Francfort-sur-Main. Venu s’installe vers 1866 à Paris, Maurice Kann travaille d’abord dans la filiale de la banque familiale, dirigée par son cousin Edouard Kann. Au cours des années 1880, Maurice Kann et son jeune frère Rodolphe vont faire fortune en Afrique du Sud dans le commerce des diamants et de l’or. Ils ont trouvé un associé « en or » : Jules Porgès (voir l’hôtel Porgès), surnommé « le Roi du diamant », possède plusieurs mines de diamant à Kimberley et acquiert ensuite des mines d’or dans la région de Johannesburg.
Deux hôtels particuliers contigus
En 1897, les deux frères font l’acquisition de l’hôtel Samuel Pozzi situé avenue d’Iéna. Ile le font démolir pour bâtir deux hôtels particuliers contigus, aux n° 49 et 51. Ernest Sanson (1836-1918), l’architecte fétiche des grandes fortunes de l’époque, dessine pour eux deux vastes demeures inspirées de l’architecture des époques Louis XIV et louis XV. L’hôtel Rodolphe Kann est le plus fastueux et le mieux conservé (celui de Maurice Kann a été beaucoup dénaturé). Situé à l‘angle de l’avenue d’Iéna et de la rue Auguste-Vacquerie, l’édifice comporte à l’origine trois niveaux (plus le sous-sol) surmontés d’un toit à la Mansart.
La collection de Rodolphe Kann
L’étage de réception (le 1er étage) est éclairé par de hautes baies en plein cintre surmontées de mascarons. Deux balcons dotés de très belles ferronneries permettent de profiter de la vue sur l’avenue. Le rez-de-chaussée est réservé au service. Le second étage abrite les appartements. Les appartements de réception sont conçus pour présenter l’immense collection de Rodolphe Kann : objets d’art du Moyen-Age et de la Renaissance, mobilier français du XVIIIe siècle, tableaux flamands et hollandais. Parmi ses tableaux, on dénombre 12 Rembrandt, des Hals, des Ruysdael et des Hobbema. Cette collection sera dispersée en plusieurs ventes entre 1905 et 1911.
Le milliardaire Calouste Gulbenkian
En 1923, Calouste Gulbenkian (1869-1955), turc d’origine arménienne, fait l’acquisition de l’hôtel Rodolphe Kann. Ayant fait fortune dans le pétrole, il souhaite rassembler dans cette demeure ses immenses collections d’art et en faire sa résidence. L’hôtel est alors modernisé et agrandi. L’agence londonienne Mewes & Davis, ainsi que l’architecte Emmanuel Pontremoli sont chargés des travaux. Le ferronnier d’art Edgar Brandt crée une nouvelle rampe pour l’escalier d’honneur et des grilles en fer forgé et bronze pour l’ascenseur. Un 3e étage est discrètement aménagé : le toit mansardé est remplacé par un toit-terrasse qui cache un spectaculaire jardin suspendu avec bassin en marbre, statue à l’antique, dallage polychrome et balustrade en pierre.
La fondation Gulbenkian
En 1942, Gulbenkian quitte Paris et s’installe à Lisbonne où il meurt en 1955. L’année suivante, la fondation Gulbenkian est créée : la majeure partie de la collection parisienne rejoint le musée Gulbenkian à Lisbonne qui sera inauguré en 1965. L’hôtel Kann devient ensuite l’antenne parisienne de la fondation Gulbenkian et le centre culturel portugais à Paris. Il abrite notamment une importante bibliothèque en langue portugaise et organise des manifestations culturelles.
La maison de Scaleway
Au début des années 2010, la fondation Gulbenkian déménage avenue de La Tour-Maubourg. En 2012, l’hôtel Rodolphe Kann est acquis par la Compagnie des Immeubles Parisiens, détenue par Xavier Niel et Didier Chabut. Remis en vente, il est finalement racheté par Xavier Niel pour 45 millions d’euros. Le milliardaire y a installé « La maison de Scaleway » inaugurée fin 2017 : Scaleway est la division « cloud » d’ Online, la marque de la filiale d’hébergement d’Iliad. L’hôtel s’est mué en espaces de travail avant-gardistes.
Pour l’architecte Paul-Ernest Sanson, voir également le Palais Rose, l’hôtel de Breteuil, l’hôtel Ephrussi, l’hôtel de Broglie, l’hôtel de Ganay, l’hôtel Porgès, l’hôtel de Voguë, l’hôtel de La Trémoille, l’hôtel Schneider, l’hôtel Bischoffsheim.
Source :
Crosnier Leconte (Marie-Laure), Guide du promeneur 16e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : 51 avenue d’Iena
Métro : Place de l’Etoile
Arrondissement : 16e
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