Ambassade d’Irlande
L’hôtel de Breteuil
Le marquis de Breteuil
Henri le Tonnelier (1848-1916), 8e marquis de Breteuil, embrasse d’abord une carrière militaire avant de se tourner vers la politique en devenant député monarchiste des Hautes-Pyrénées. Farouche défenseur d’une Europe unie contre l’Allemagne, il consacre sa vie à promouvoir l’Entente Cordiale avec la Grande-Bretagne (1904), puis la Triple-Entente avec la Grande-Bretagne et la Russie (1907). Il est un ami proche du prince de Galles, couronné roi sous le nom d’Edouard VII en 1901. Veuf de Constance de Castelbajac, Breteuil se remarie en 1891 avec Marcellite Garner, une héritière américaine, dont la fortune familiale s’était faite dans le coton. Au tournant du XXe siècle, il n’est pas rare que les descendants d’illustres familles françaises s’allient à de riches héritières américaines pour « redorer leur blason ». Cela leur permet notamment de financer la construction de demeures fastueuses : c’est le cas par exemple de Boni de Castellane avec le Palais-Rose.
Sanson, l’architecte fétiche de l’aristocratie
Le marquis de Breteuil s’attache d’abord à faire restaurer son vaste château de Breteuil (Yvelines). En 1902, il confie à l’architecte Paul-Ernest Sanson (1836-1918) la construction de sa résidence parisienne. Doté d’une entrée rue Rude, l’hôtel dispose d’un grand jardin qui surplombe l’avenue Foch. Sanson excelle à construire des demeures inspirées du classicisme français tout en leur apportant le confort moderne : ici en l’occurrence ascenseur, monte-plat et monte-vêtements. Il utilise des poutres métalliques qu’il masque, mais qui permettent d’ouvrir l’espace avec de plus longues portées.
L’architecte se serait inspiré du pavillon de Hanovre construit au XVIIe siècle : situé sur les grands boulevards, il a été déplacé dans le parc du château de Sceaux. Son ardeur fut toutefois freinée par des contraintes d’alignement. La façade la plus belle est celle donnant sur le jardin. Au 1er étage, un grand balcon reposant sur de puissantes consoles embrasse les cinq travées. A cet étage, les grandes baies en plein cintre, ornées de mascarons, ouvrent sur les salons de réception. Au niveau de la balustrade du toit, deux groupes de putti flanquent l’avant-corps central.
De superbes boiseries
A l’intérieur, les salons sont dotés de belles boiseries d’époque Louis XV et dans le grand salon, de peintures de Louis Lagrenée. Fastueux, l’escalier d’honneur conduit au 1er étage. Après la mort du marquis de Breteuil, l’hôtel est d’abord vendu en 1919 à la famille Saint, de riches industriels picards spécialisés dans la toile de jute (voir le siège de Saint Frères). En 1937, il est acquis par la princesse de Faucigny-Lucinge.
L’ambassade d’Irlande
En 1954, le gouvernement irlandais achète l’hôtel de Breteuil pour y installer son ambassade et la résidence de son ambassadeur. L’ambassade d’Irlande est parfois ouverte au public au moment des Journées européennes du Patrimoine qui ont lieu chaque année en septembre.
Pour l’architecte Paul-Ernest Sanson, voir également l’hôtel Bischoffsheim, le Palais-Rose, l’hôtel Ephrussi, l’hôtel de Broglie, l’hôtel de Ganay, l’hôtel Rodolphe Kann, l’ hôtel Maurice Kann, l’hôtel Porgès, l’hôtel de Voguë, l’hôtel de La Trémoille, l’hôtel Schneider.
Sources :
Crosnier leconte (Marie-Laure), Guide du promeneur 16e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Ambassade d’Irlande
Adresse : 12 avenue Foch et 2-4 rue Rude
Métro : Charles-de-Gaulle-Etoile
Arrondissement : 16e
Téléphone :