Résidence
de l’ambassadeur de Serbie
L’hôtel de La Trémoille
Benjamin Delessert, un industriel ingénieux
Benjamin Delessert (1773-1847) est issu d’une famille de banquiers et industriels originaires de Suisse. Outre la banque familiale qu’il dirige à partir de 1795, Delessert fonde une manufacture de coton et une raffinerie de sucre de canne à Passy, dans l’ancien couvent des Minimes. Aidé du chimiste Jean-Baptiste Quéruel, il met au point le procédé de fabrication du sucre à partir de la betterave. En 1812, l’industriel reçoit d’ailleurs la visite de l’empereur Napoléon 1er qui le décore de la Légion d’honneur avec sa propre croix. Il est fait baron d’Empire et est nommé régent de la Banque de France. En 1818, Delessert fonde la Caisse d’Epargne en s’inspirant de l’institution anglaise. Delessert se fait construire une vaste habitation à proximité de sa manufacture.
L’hôtel de La Trémoille
A partir de 1912, Louis-Charles de La Trémoille (1863-1921), duc de La Trémoille, et son épouse, Hélène Pillet-Will, font démolir l’ancienne demeure de Delessert et bâtir à la place une somptueuse résidence. Les travaux sont confiés au célèbre architecte Paul-Ernest Sanson (1836-1918), qui excelle dans l’art de construire des palais inspirés de l’architecture classique française ; il est d’ailleurs l’architecte fétiche de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie à la Belle Epoque. Le projet est fastueux, facilité par la fortune d’Hélène Pillet-Will, fille du richissime banquier Frédéric Pillet-Will, propriétaire du vignoble Château-Margaux, l’un des plus prestigieux du Bordelais.
Une terrasse donnant sur les jardins du Trocadéro
A cause de la forte déclivité du terrain, l’hôtel est construit sur une vaste terrasse. Sa façade principale fait face aux jardins du Trocadéro. La construction s’étale de 1912 à 1920 ; le fils et le petit-fils de l’architecte achèveront les travaux à la mort de Paul-Ernest Sanson. Sur le boulevard Delessert, trois grandes arcades surmontées de sphinges et d’amours précèdent la demeure, placée perpendiculairement au boulevard. La façade sur le jardin comporte 3 niveaux. Au rez-de-chaussée, les baies rectangulaires sont surmontées de frontons brisés et de corniches richement sculptées. Une corniche en forte saillie sépare le 1er étage du dernier niveau. Une balustrade couronne la façade. A l’intérieur, les éblouissantes boiseries de la salle à manger proviennent de l’hôtel de Pomponne, situé place des Victoires et démoli en 1885. Elles sont attribuées au grand ornemaniste Gilles-Marie Oppenord.
La République de Yougoslavie
En 1936, l’hôtel de La Trémoille est acquis par la République de Yougoslavie et devient le siège de son ambassade. Après l’éclatement de la Yougoslavie, l’hôtel est devenu la résidence de l’ambassadeur de Serbie en France. L’hôtel de La Trémoille constitue l’une des plus belles demeures privées construites à Paris à la Belle Epoque. Il est parfois ouvert au public à l’occasion des journées du Patrimoine ou d’expositions temporaires.
Pour l’architecte Paul-Ernest Sanson, voir également le Palais Rose, l’hôtel de Breteuil, l’hôtel Ephrussi, l’hôtel de Broglie, l’hôtel de Ganay, l’hôtel Rodolphe Kann, l’hôtel Maurice Kann, l’hôtel Porgès, l’hôtel de Voguë, l’hôtel Bischoffsheim, l’hôtel Schneider.
Source :
Crosnier Leconte (Martie-Laure), Guide du promeneur 16e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : 1 boulevard Delessert et 2 rue Chardin
Métro : Trocadéro
Arrondissement : 16e
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