L’hôtel Porgès (démoli)
La maison pompéienne
A cet emplacement, une première demeure très originale, appelée « la maison pompéienne », est bâtie en 1856 pour le prince Jérome Bonaparte par l’architecte Alfred Normand. Imitée d’une villa antique, elle s’organise autour d’un atrium.
Le somptueux hôtel Porgès
Vendue en 1866 au comte de Quinsonnas, la maison pompéienne est finalement démolie en 1892 par son nouveau propriétaire, le richissime Jules Porgès (1838-1921). Issu de la grande bourgeoisie juive d’Autriche-Hongrie, il a fait fortune en achetant des mines de diamant en Afrique du Sud, si bien qu’il est surnommé le « roi du diamant ». Sa société exploite des mines mais revend également la production de nombreuses autres mines d’Afrique du Sud : De Beers, Bultfontein, Dutoitspan et Kimberley. Elle s’occupe également de la taille à Amsterdam et de la vente des gemmes.
L’architecte Ernest Sanson
Pour asseoir son rang social, Porgès décide de se faire construire une demeure fastueuse. Il fait appel à l’architecte Ernest Sanson (1836-1917), qui sera bientôt l’architecte le plus en vogue chez les vieilles familles aristocratiques comme chez les nouvelles fortunes. L’épouse de Porgès, Anna Wodianer (1854-1937), éprouvant une véritable passion pour le XVIIIe siècle français, l’architecte va s’inspirer d’une belle demeure incarnant le style Louis XV : le château d’Asnières (toujours existant) construit par Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne pour Marc-René d’Argenson, marquis de Voyer, gouverneur de Vincennes.
La sobriété de l’architecture classique
Achevé en 1892, l’hôtel particulier est bâti perpendiculairement à l’avenue Montaigne et à la rue Jean Goujon. L’entrée de la propriété est située avenue Montaigne : on accède à la cour par deux portes cochères sommées d’un cartouche. La façade principale est orientée sur le jardin : elle est centrée sur un majestueux avant-corps à pans coupés. Au 1er étage, le balcon filant doté de somptueuses ferronneries s’appuie sur des consoles sculptées. Au sommet de l’avant-corps, un fronton brisé abrite une sculpture allégorique. Devant la façade, une terrasse domine le jardin qu’on rejoint par deux escaliers symétriques. Au rez-de-chaussée, les fenêtres hautes sont légèrement cintrées et sommées d’agrafes. Au 1er étage, elles sont en plein cintre et des mascarons ornent leur clef. La façade se termine par une balustrade qui cache un toit à pans coupés.
Un cadre de vie fastueux
A l’intérieur, les volumes et les décors (boiseries, cheminées, marbre) offrent un cadre de vie luxueux propice à organiser de somptueuses réceptions, considérées parmi les plus belles à Paris. L’escalier d’honneur, précédé de deux vestibules, est décoré de marbre et surmonté d’une coupole. Les salons, antichambres, salles à manger sont habillés de boiseries inspirées de modèles du 1er quart du XVIIIe siècle. A l’étage, la galerie abrite la collection de tableaux du propriétaire et lui permet d’afficher son goût sûr (et sa fortune) : elle comporte des œuvres de Rubens, Van Dyck, Rembrandt, Brueghel de Velours et Le Lorrain. Pour le jardin, les Porgès font appel au grand paysagiste Duchêne qui dessine un jardin à la française et l’agrémente d’une fabrique faite de treillages.
Le château de Rochefort-en-Yvelines
Porgès ira encore plus loin dans ses ambitions architecturales : il fera construire à partir de 1899 un immense château à Rochefort-en-Yvelines, directement copié de l’hôtel de Salm à Paris, mais encore plus grand que l’original. C’est aujourd’hui un lieu dédié aux séminaires et aux réceptions.
La démolition dans les années 1960
Après la mort de Madame Porgès en 1937, sa fille, la marquise de La Ferté-Mun, se sépare de l’hôtel de l’avenue Montaigne. Durant la guerre, les allemands y construisent un hideux blockhaus dans le jardin, presqu’aussi haut que la demeure. Devenu par la suite la propriété de la société Saint-Gobain, l’hôtel a été rasé dans les années 1960 et remplacé par l’immeuble actuel.
Pour l’architecte Paul-Ernest Sanson, voir également le Palais Rose, l’hôtel Bischoffsheim, l’hôtel de Breteuil, l’hôtel Ephrussi, l’hôtel de Broglie, l’hôtel de Ganay, l’hôtel Rodolphe Kahn, l’hôtel de Voguë, l’hôtel de La Trémoille, l’hôtel Schneider.
Source :
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : 18 avenue Montaigne
Métro : Alma-Marceau
Arrondissement : 8e
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