Les vestiges
de l’hôtel de Nevers
Le palais Mazarin
Le cardinal Mazarin (1602-1661) est le principal ministre d’Etat depuis la mort du cardinal de Richelieu en 1642. Il est d’abord locataire puis propriétaire de l’hôtel Tubœuf, rue des Petits Champs. En 1646, Mazarin charge l’architecte Pierre Le Muet d’agrandir le palais Mazarin vers l’Ouest sur la rue de Richelieu. Cette nouvelle aile abrite les grandes écuries au rez-de-chaussée et la bibliothèque du cardinal à l’étage. Elle enjambe la rue Colbert et se termine au n° 58bis rue de Richelieu. Mazarin y installe ses prestigieuses collections de tableaux, d’œuvres d’art et sa bibliothèque. Il y loge également ses neveux et nièces Mancini. La plus célèbre, Hortense Mancini, mariée au duc de La Meilleraye, est considérée comme l’un des plus belles femmes de son temps. En 1661, Philippe Mancini, duc de Nevers, hérite du palais à la mort de son oncle, le cardinal Mazarin. Le palais prend le nom d’hôtel de Nevers.
La marquise de Lambert, une célèbre salonnière
Au début du XVIIIe siècle, le vaste hôtel de Nevers est morcelé. La partie nord est louée par la marquise de Lambert (1647-1733) à partir de 1710. Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert par son mariage, y reçoit dans son salon les beaux esprits de son époque. Fontenelle, Houdar de La Motte, l’abbé de Choisy, Fénelon, le président Hénault, Marivaux, Montesquieu, le poète François de Saint-Aulaire, Madame de Tencin, la comédienne Adrienne Lecouvreur, les peintres Nattier, Rigaud, Watteau fréquentent régulièrement l’hôtel de Nevers. Le salon de la marquise de Lambert passe d’ailleurs pour être l’antichambre de l’Académie française, comme le souligne le marquis d’Argenson : « Elle avait fait nommer la moitié des académiciens ». La marquise soutient les Lettres persanes et aide Montesquieu à se faire élire à l’Académie française.
Le Cabinet des médailles du roi Louis XV
A la mort de la marquise de Lambert en 1733, Louis XV décide de transporter le Cabinet des médailles du roi à l’hôtel de Nevers. L’architecte Robert de Cotte redécore le grand salon en 1741 : des peintures de Boucher, Natoire et Van Loo ornent les boiseries.
La quasi-disparition de l’hôtel de Nevers
Au cours du XIXe siècle, l’hôtel de Nevers est en grande partie démoli et remplacé par les bâtiments actuels. Donnant sur la rue de Richelieu, ces bâtiments très austères font partie de la Bibliothèque Nationale. Seules les trois travées qui abritaient le Cabinet des Médailles subsistent aujourd’hui : elles sont situées au Nord de la rue Colbert. Vous pourrez d’ailleurs constater la présence de l’amorce de l’arcade qui enjambait la rue Colbert.
Un avenir encore indéterminé
Appartenant à la Bibliothèque nationale de France, les vestiges de l’hôtel de Nevers n’ont pas encore trouvé de vocation. Plusieurs projets culturels ont déjà été proposés puis abandonnés. Son avenir reste à imaginer…
Pour l’architecte Pierre Le Muet, voir également l’hôtel de Saint-Aignan, l’hôtel de Laigue, l’abbaye du Val-de-Grâce, l’église Notre-Dame des Victoires, le palais Mazarin.
Pour l’architecte Robert de Cotte, voir également le collège Paul Claudel d’Hust, l’hôtel de la Vrillière, l’hôtel d’Estrées, la bibliothèque nationale de France, l’hôpital des Quinze-Vingt, la cathédrale Saint-Vladimir, l’hôtel de Jaucourt, la basilique Saint-Denis, le château de Versailles, la Galerie dorée de la Banque de France.
Source :
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur, 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : 12 rue Colbert et 58bis rue de Richelieu
Métro : Bourse
Arrondissement : 2e
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