L’hôtel de Chaulnes
Le richissime duc de Chaulnes
En 1607, Pierre Fougeu d’Escures, conseiller du roi Henri IV puis maire d’Orléans, fait construire sur la place Royale (rebaptisée place des Vosges) deux pavillons brique et pierre se développant sur huit arcades. L’hôtel est utilisé lors du carrousel organisé en 1612 pour les fiançailles de Louis XIII et d’Anne d’Autriche : la Cour s’installe sur des tribunes adossées à la façade pour admirer le défilé. En 1644, la demeure est vendue à Honoré d’Albert, duc de Chaulnes, maréchal de France. Grâce à son mariage avec Charlotte d’Ailly, duchesse de Picquigny, il est l’un des hommes les plus riches de France.
Plusieurs agrandissements successifs
Le duc agrandit la propriété : il fait construire l’aile gauche dans la cour et fait exécuter de nouveaux décors intérieurs. Dans cette aile, une petite chapelle est aménagée. Vers 1645, elle est dotée d’un plafond à poutres et solives au chiffre CD pour Chaulnes et d’Ailly. En 1676-1677, le troisième fils du duc, héritier de l’hôtel, fait édifier l’aile droite sur les plans de l’architecte Jules-Hardouin Mansart (1646-1708). Cet aile classique, assez sévère, est centrée sur un avant-corps surmonté d’un fronton triangulaire. La cour est alors ornée d’une statue pédestre de Louis XIV en pierre.
La tragédienne Rachel
En 1701, l’hôtel est acquis par Jean-Aymar de Nicolaï, marquis de Goussainville, Premier président de la Chambre des comptes. Les Nicolaï le conservent jusqu’en 1822. En 1857, la grande tragédienne Rachel loue l’appartement du premier étage, mais elle meurt le 3 janvier 1858 à l’âge de 37 ans. En 1967, l’Académie d’architecture fait l’acquisition du premier étage qu’elle fait restaurer et occupe encore aujourd’hui.
Des décors anciens conservés
A l’intérieur de l’hôtel subsistent plusieurs éléments anciens : le grand escalier (privé de sa rampe XVIIe remplacée), l’ancienne chambre de la duchesse de Chaulnes (devenue un salon) ornée d’une corniche d’époque Louis XIV et de gypseries datant de 1785-1788, le salon d’angle décoré de dessus-de-portes du XVIIe siècle sur le thème de Flore, Cérès, l’Automne, la Source. Au fond de la cour, un ancien atelier ajouté postérieurement abrite une galerie d’art. Il vient malheureusement masquer une partie de l’aile droite de l’hôtel.
Pour l’architecte Jules-Hardouin Mansart, voir également le Pont Royal, la place Vendôme, l’église Saint-Roch, l’hôtel des Invalides, la place des Victoires, l’hôtel Mansart de Sagonne, l’hôtel de l’Averdy, le domaine de Trianon, le château de Versailles, le château de Meudon, le domaine de Marly-le-Roi, la galerie des Carrosses.
Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Gady (Alexandre), Le Marais, Guide historique et architectural, Paris, Le Passage, 2002.
Adresse : 9 place des Vosges
Métro : Saint-Paul
Arrondissement : 4e
Téléphone :