L’hôtel d’Hozier
Jean Thiriot, entrepreneur et spéculateur
En 1619, Denis Daudart cède des terrains à Jean Thiriot (1590-1649), un entrepreneur très actif doublé d’un fin spéculateur qui se hissera au poste d’ingénieur et architecte des bâtiments du roi en fin de carrière. Jean Thiriot va élever quatre hôtels particuliers contigus sur cette parcelle : l’hôtel d’Hozier, l’hôtel d’Epernon (démoli), l’hôtel Mégret de Sérilly et l’hôtel de Lauzon.
Un conseiller du roi
En 1623, Thiriot bâtit au n° 110 un hôtel entre cour et jardin pour le compte de Robert Jousselin de Marigny, conseiller du roi. Ses descendants le conservent jusqu’au début du XVIIIe siècle. En 1707, l’hôtel échoit Pierre Bauyn, chevalier de Bersan. L’édifice est mis au gout du jour par l’architecte Denis Quirot en 1731-1733.
Une famille de généalogistes
En 1735, la demeure est acquise par Louis-Pierre d’Hozier. Juge d’armes du roi, il appartient à une dynastie de généalogistes. Il est l’auteur, avec son fils Antoine-Marie, d’un ouvrage considérable en dix volumes, l’Armorial général de la France, qui fait encore référence aujourd’hui. Cette famille a laissé son nom à l’hôtel. Voué au commerce au XIXe siècle, l’hôtel a été entièrement restauré en 1987-1990 et séparé en appartements. La cour est en principe accessible en semaine.
Un bel édifice du XVIIe siècle
L’édifice a beaucoup d’allure avec ses fenêtres en chainages de pierre en harpe caractéristiques de l’architecture de la première moitié du XVIIe siècle. Sur la rue, le magnifique portail date de 1733 : ses vantaux sont sculptés de guirlandes de fleurs, de feuilles de chêne et de coquilles. Au-dessus, le cartouche encadré de palmes est sommé d’un mufle de lion. Situé en fond de cour, le logis est encadré de pavillons et d’ailes en retour percées d’arcades. Des lucarnes à frontons animent la toiture. En réalité, les façades sont en brique et pierre qu’un enduit récent masque. Dans l’aile gauche subsiste un bel escalier en pierre doté d’une remarquable rampe en fer forgé, finement ciselée, portant le chiffre B pour Bersan.
Un rare cabinet sur trompe
Un passage dans l’aile gauche permet d’accéder au jardin situé à l’arrière du logis. De ce côté, le logis conserve à son angle gauche un bel élément d’architecture en façade : un rare cabinet à deux étages reposant sur une trompe. Cette trompe est ornée d’une tête de méduse coiffée de serpents et entourée de deux dauphins. Perpendiculaire au logis, une élégante aile en brique et pierre repose sur six arcades surbaissées. Elle est animée par des tables en brique et pierre sculptée. Cette aile abritait à l’origine une galerie, pièce d’apparat répandue dans les grandes demeures. Le fond du jardin est occupé par une aile contemporaine en brique et métal.
Pour l’architecte et entrepreneur Jean Thiriot, voir l’hôtel de Loynes, l’hôtel Mégret de Sérilly, l’hôtel de Canillac, l’hôtel de Marle, l’hôtel Tubœuf, l’hôtel de Vigny, l’hôtel de Lauzon, l’hôtel Duret de Chevry, l’hôtel Boula de Quincy.
Pour l’architecte Denis Quirot, voir la maison Quirot.
Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2010.
Gady (Alexandre), Le Marais, Guide historique et architectural, Paris, Le Passage, 2004.
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Adresse : 110 rue Vieille du Temple
Métro : Filles du Calvaire
Arrondissement : 3e
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