La maison Bélanger

Accueil|Articles|Patrimoine ancien|La maison Bélanger

La Maison Bélanger – D’après Ch. Kraft et N. Ransonnette, Plans, coupes, élévations des plus belles maisons et hôtels (1771-1802)

L’architecte François-Joseph Bélanger

François-Joseph Bélanger (1744-1818) figure parmi les architectes qui ont initié le renouveau de l’architecture classique française à la fin du XVIIIe siècle, style appelé le néoclassicisme. Il possède également des talents de décorateur et de paysagiste qu’il met essentiellement au service d’une clientèle d’aristocrates fortunés. Comme plusieurs de ses confrères, Bélanger se lance aussi dans la spéculation immobilière et la construction de maisons de rapports pour son propre compte, notamment dans le quartier de la Chaussée d’Antin.

Perspective de la maison Bélanger, dessin de PL van Cléemputte, Gallica BNF

Une maison aux traits palladiens

Bâtie en 1787, la « maison Bélanger » fut remarquée par ses qualités architecturales. Elle figure d’ailleurs dans le célèbre recueil de dessins de Krafft et Ransonnette, consacré aux plus belles maisons et hôtels particulies construits à Paris et dans les environs (1771-1802). Le rez-de-chaussée à bossages rustiques est percé d’une grande arcade : c’est l’entrée du passage menant à l’étonnante cour intérieure. Au-dessus s’élève l’étage noble : au centre, quatre colonnes ioniques précèdent une loggia. Traité en attique, le dernier étage est percé au fond de la loggia par trois oculi. Au-dessus, un large fronton triangulaire couronne l’ensemble de la façade. La géométrie simple de l’édifice ainsi que l’absence d’ornementations illustrent le langage néoclassique adopté par Bélanger.

La Maison Bélanger – Façade sur rue (état actuel)

Une prison pendant la Révolution

Mis en danger par sa trop grande proximité avec l’aristocratie et par sa désinvolture notoire, Bélanger est arrêté avec sa compagne la danseuse Anne-Victoire Dervieux en 1793 et emprisonné à la prison Saint-Lazare. Sa maison de la rue Joubert est alors réquisitionnée et devient une maison d’incarcération pour les Anglais jugés suspects. Fort heureusement, le couple est libéré à la chute de Robespierre en juillet 1794, période qui signe la fin de la terreur. En 1795, Bélanger se sépare de cette maison qui sera maintes fois revendue.

L'hôtel Bélanger : boudoir Empire - Photographie de Charles Lansiaux - 1919

La maison Bélanger : boudoir Empire – Photographie de Charles Lansiaux – 1919

Une maison profondément modifiée

Hélas, le prolongement de la rue de la Victoire en 1847 entraîne la transformation profonde de la maison d’origine. A l’étage noble (le moins modifié), la loggia est supprimée. L’étage d’attique est surélevé : il est rythmé par des arcades en plein cintre reposant sur des cariatides. Le tympan des arcades est sculpté de sirènes dont la queue se termine en rinceaux. Enfin, le fronton triangulaire est remplacé par un étage supplémentaire surmonté d’une corniche saillante.

La Maison Bélanger (état actuel) : à gauche la façade donnant sur la rue Joubert et à droite la façade ajoutée en 1847 sur la rue de la Victoire.

Une façade ajoutée rue de la Victoire

A la même époque, la façade de la maison Bélanger est prolongée au niveau du n° 98bis rue de la Victoire. Large de trois travées, elle présente une modénature identique à celle de la rue Joubert avec cariatides et tympan sculpté.

La Maison Bélanger – La cour intérieure

Une cour intérieure originale

Miraculeusement, le vestibule et cour intérieure de la maison Bélanger sont restés intacts. Original par sa forme, le vestibule hexagonal présente une étonnante voûte plate circulaire. Très singulière, la cour pavée est entourée d’arcs surbaissés reposant sur des demi-colonnes cannelées à chapiteaux ioniques. Elle épouse une forme arrondie à son extrémité.

La Maison Bélanger : le vestibule à voûte centrale ronde.

Quatre portes peintes remontées au Crédit Municipal

En 1932, la maison Bélanger est acquise par le Crédit Municipal (voir le Mont-de-Piété). A cette époque, quatre remarquables portes peintes provenant de la maison de la rue Joubert ont été remontées dans le bâtiment du Crédit Municipal situé rue des Francs-Bourgeois; elles y sont encore visibles aujourd’hui.

Pour l’architecte François-Joseph Bélanger, voir également le château de Bagatelle, la halle aux blés, la maison Morel de Chefdeville, les maisons Bélanger, le collège des Irlandais, l’hôtel Baudard de Saint-James, le château de Maisons-Laffitte, la folie Saint-James.

Sources :
Gallet (Michel), Les architectes français du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Goldemberg (Maryse), Guide du promeneur 9e arrondissement, Paris, Parigramme, 1997.
Hillaret (Jacques), Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Editions de Minuit, réédition de 1997.

Adresse : 20 rue Joubert

Métro : Havre-Caumartin ou Chaussée d’Antin

Arrondissement : 9e

Téléphone :