Le siège du groupe Naval

Le plus grand bâtiment administratif parisien

A son inauguration en 1959, le bâtiment est destiné au siège de la Caisse d’Allocations Familiales de la région parisienne. Avec plus de 25.000 m2, c’est le plus grand bâtiment administratif de son temps. C’est aussi l’un des tout premiers immeubles parisiens de grande hauteur (ou IGH) avec la tour Croulebarbe d’Edouard Albert dans le 13e arrondissement.

Une structure porteuse entièrement conçue en acier

Réalisé par les architectes Raymond Lopez, Marcel Reby, Henri Longuepierre et Michel Holley, le bâtiment est très innovant sur le plan architectural. L’ossature porteuse est légère, entièrement conçue en acier : deux files de 11 poteaux placés au centre portent à chaque niveaux des poutres cantilever; ces poutres soutiennent les planchers métalliques placés en porte-à-faux de 5,5m de longueur.

Le plus grand mur-rideau d’Europe

Non porteuses, les façades forment des murs-rideau en aluminium, les plus grands de France et probablement d’Europe à l’époque. Elles sont suspendues à la poutre de la toiture. Les façades sont constituées de panneaux de verre et de panneaux d’Héliotrex – des façades entièrement vitrées auraient engendré trop de déperditions thermiques. Matériau de façade, l’Héliotrex est constitué de résine polyester et de fibres de verre. Hélas, ces panneaux expérimentaux s’avérèrent accumulateurs de chaleur; ils furent à l’origine du surnom donné au bâtiment, la tour infernale, en raison des températures insupportables l’été. Dès 1960, des panneaux brise-soleil en aluminium sont posés en recouvrement de l’Héliotrex.

Le plan libre dans l’ilot

Dans les années 1950 apparaît en France le plan ouvert si caractéristique des grands ensembles de banlieue. Les immeubles ne sont plus alignés sur la rue mais s’organisent librement dans l’ilot. C’est le cas ici : le bâtiment est déconnecté de la rue; les deux façades principales sont orientées est/ouest pour maximiser l’apport thermique du soleil.

Une réhabilitation dans les années 2000

Une démolition de l’immeuble étant envisagée dans les années 1990, celui-ci est fort heureusement classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 2002. Sa réhabilitation est confiée à l’agence Arte Charpentier architectes. L’impressionnante structure métallique est conservée tandis que les façades en Héliotrex sont remplacées par une double peau ventilée bioclimatique.

Le siège du groupe Naval

L’immeuble est occupé par le groupe de construction navale de défense DCN, rebaptisé DCNS puis groupe Naval en 2017.

Pour l’architecte Raymond Lopez, voir également la tour Bois-le-Prêtre, le siège de la Fédération nationale du bâtiment, le centre d’affaires Paris Cap Nord, le siège social de SMA.

Pour l’architecte Michel Holley, voir également la tour Chambord, la tour Antoine et Cléopâtre, la résidence rue Miollis, les logements Ile de Flandre, l’hôtel de Ville de Bobigny.

Sources :
Lapierre (Eric), Guide d’Architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
Martin (Hervé), Guide de l’architecture moderne à Paris, Paris, Alternatives, 2010.
CSTB