Le musée Baccarat
L’hôtel Bischoffsheim
Sanson, l’architecte des familles fortunées
L’architecte Paul-Ernest Sanson (1836-1918) bénéficie d’une renommée considérable auprès de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie. Il construit de grandes demeures souvent inspirées du classicisme français comme le célèbre Palais-Rose.
Un hôtel de style Louis XIV
Ferdinand Bischoffsheim (1837-1909) est le fils de Jonathan-Raphaël Bischoffsheim, un riche banquier belge d’origine juive. En 1895, il commande à Sanson un somptueux hôtel de style classique. L’édifice est constitué de deux ailes en équerre, l’une donnant sur la place des Etats-Unis, l’autre sur la rue de l’Amiral d’Estaing. Ses façades reprennent sans grande originalité un certain nombre d’éléments du vocabulaire classique : murs à refends au rez-de-chaussée, grandes fenêtres rectangulaires, niches, frises sculptées, corniche à modillons, lucarnes avec frontons cintrés. L’intérieur de l’hôtel est plus impressionnant. La salle de bal rapportée de Palerme est décorée d’un plafond exécuté par le peintre baroque Francesco Solimena. La salle à manger est ornées de marbres polychromes dans le goût de Versailles.
Des mécènes atypiques : les Noailles
Petite-fille de Ferdinand Bischoffsheim et fille du banquier Maurice Bischoffsheim, Marie-Laure Bischoffsheim est l’unique héritière d’une fortune considérable. Elle épouse en 1923 le vicomte de Noailles, descendant d’une des plus prestigieuses familles de l’aristocratie française. Pendant une quarantaine d’années, l’hôtel Bischoffsheim devient le cadre de somptueuses réceptions où se côtoient grandes fortunes et artistes des avants-gardes. Jean Cocteau, ami d’enfance de la vicomtesse, est un habitué des lieux. On y croise Francis Poulenc, Man Ray, Jean Hugo, Luis Bunuel, Henri Laurens, Balthus, Max Ernst, Giacometti, etc. En 1930, les Noailles font scandale en produisant le deuxième film surréaliste de Bunuel, « L’âge d’or », présenté au Studio 28 à Montmartre.
Des passionnés d’architecture
Grands collectionneurs de tableaux anciens et modernes, les Noailles confient la décoration de leur hôtel parisien à Jean-Michel Frank qui va devenir l’un des maîtres du style Art déco. En 1924, ils chargent l’architecte Robert Mallet-Stevens de réaliser pour eux une petite villa sur la côte d’Azur : la villa Noailles à Hyères deviendra un palais emblématique de l’architecture moderne. Fantaisiste, fascinée par les artistes et souvent d’une grande générosité avec eux, Marie-Laure de Noailles a encouragé, soutenu et financé de nombreux artistes : Igor Markevitch, Serge Lifar, Oscar Dominguez, René Crevel, etc.
Le musée Baccarat
Après le décès de Marie-Laure de Noailles en 1970, l’hôtel Bischoffsheim échoit à ses deux filles. Il est resté la propriété de leur descendance. Actuellement, il est loué à la cristallerie Baccarat qui y a installé un musée exposant une sélection de pièces exceptionnelles fabriquées en Lorraine. En le visitant, vous découvrirez également une partie des somptueux décors de cette grande demeure.
Horaires d’ouverture : le musée Baccarat est ouvert tous les jours sauf les dimanches, mardis et jours fériés, de 10 h à 18 h 30.
Un passionnant documentaire produit par France 5, intitulé « Le bal du siècle », a été consacré en 2006 aux plus grands mécènes du XXe siècle. L’un des épisodes retrace le fabuleux destin de Marie-Laure de Noailles.
Pour l’architecte Paul-Ernest Sanson, voir également le Palais Rose, l’hôtel de Breteuil, l’hôtel Ephrussi, l’hôtel de Broglie, l’hôtel de Ganay, l’hôtel Rodolphe Kann, l’hôtel Maurice Kann, l’hôtel Porgès (démoli), l’hôtel de Voguë, l’hôtel de La Trémoille, l’hôtel Schneider.
Sources :
Benaïm (Laurence), Marie-Laure de Noailles, la Vicomtesse du Bizarre, Paris, Grasset, 2001.
Crosnier Leconte (Marie-Laure), Guide du promeneur 16e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du Patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 11 place des Etats-Unis
Métro : Boissière
Arrondissement : 16e
Téléphone : 01 40 22 11 00