Annexe
du Ministère de la Culture
La banque Dreyfus
Les Louis-Dreyfus : du commerce du blé à la banque
La famille Dreyfus, de confession juive, est originaire de Sierentz en Alsace. En 1851, Léopold Louis-Dreyfus (1833-1915) se lance dans le commerce du blé et fonde la compagnie qui porte le prénom et le nom de son père, Louis Dreyfus. En 1858, la société est transférée à Berne et commerce avec toute l’Europe de l’Ouest, important du blé d’Europe de l’Est. En 1871, après la défaite française et la perte de l’Alsace cédée aux allemands, Léopold Louis-Dreyfus s’installe à Marseille et choisit la nationalité française. En 1875, il s’établit à Paris. Grâce au développement du rail et des moyens de communication (télégraphe, téléphone), le groupe devient le 1er négociant de grains au monde en 1900. Léopold Louis-Dreyfus en profite pour se constituer une flotte de bateaux à vapeur : il se lance également dans le négoce de produits manufacturés. En 1905, la banque Louis-Dreyfus est fondée à Paris. Elle permettra ainsi de financer les opérations financières de la compagnie.
Un bâtiment très académique
En 1905, Léopold Louis-Dreyfus charge l’architecte Henri-Paul Nénot (1853-1934) de bâtir le siège de l’établissement. Architecte des bâtiments civils et palais nationaux, Nénot a une formation académique; il a remporté le Grand Prix de Rome en 1877. Le siège de la banque Dreyfus a son entrée principale au n°4 rue de la Banque. On reconnaît d’ailleurs le monogramme LD à l’imposte de la porte menant à un grand vestibule. Les façades reflètent bien le goût de l’architecte pour l’éclectisme et l’historicisme : les emprunts sont nombreux aux styles Louis XV et Louis XVI. Par son parti architectural, l’édifice s’apparente plus à un hôtel particulier qu’à un établissement bancaire. Sur la place des Petits-Pères, la façade est symétrique, organisée autour d’une travée centrale animée par un balcon et sommée par un fronton courbe brisé au niveau de la corniche du toit. A l’intérieur, outre les bureaux, le bâtiment abrite également le logement des banquiers et des caissiers.
Le siège du Commissariat aux questions juives
Pendant l’occupation nazie, les Dreyfus, victimes des mesures anti-juifs, sont spoliés de leurs biens et s’exilent à temps à l’étranger. En juin 1940, Pierre Louis-Dreyfus rallie à Londres le général de Gaulle avant de s’enrôler dans les Forces françaises libres. Le sinistre Commissariat aux questions juives élit domicile au siège de la banque Dreyfus de 1941 à 1944. Dirigé par Xavier Vallat puis par Louis Darquier de Pellepoix, cet organisme est chargé de proposer les mesures législatives contre les juifs, d’administrer ou d’organiser la liquidation de leurs biens. Il ferme à la Libération de Paris en août 1944.
Le groupe Louis-Dreyfus après guerre
Après guerre, le groupe Louis-Dreyfus reprend ses activités de négoce et de transport maritime. Fragilisé dans les années 1960, il finit par amorcer sa conversion vers le négoce et la transformation de produits agricoles (riz, huile, coton, agrumes) et de produits énergétiques. La saga familiale continue avec l’arrivée aux commandes de deux héritiers, Gérard et Philippe Louis-Dreyfus, qui transforment et accroissent les activités du groupe. A partir de 1974, la banque Dreyfus aura pour siège le « Diamant Bleu », un célèbre bâtiment moderne de l’architecte Pierre Dufau.
Le groupe Louis-Dreyfus aujourd’hui
En 1989, la banque Louis-Dreyfus est vendue. En 2000, l’arrivée d’un membre iconoclaste de la famille au sein de la direction du groupe, Robert Louis-Dreyfus (1946-2009), fait sensation. Cet entrepreneur s’est déjà illustré dans le rachat et le sauvetage de l’agence de publicité Saachi & Saachi, et du groupe Adidas (repris à un Bernard Tapie très mal en point). En 2007, Robert Louis-Dreyfus devient le principal actionnaire et dirigeant du groupe familial. Passionné de sport, il devient le principal actionnaire de l’Olympique de Marseille. Depuis sa mort, son épouse Margarita Louis-Dreyfus (née en 1962), redoutable femme d’affaires, préside le groupe. En 2015, elle est classée 16e fortune de France. Le siège de la banque Dreyfus a été acquis par le Ministère de la Culture pour y installer des bureaux.
Pour l’architecte Henri-Paul Nénot, voir également l’hôtel Blumenthal-Montmorency, l’hôtel Meurice, l’institut océanographique de Paris, la Nouvelle Sorbonne, l’institut de géographie, les immeubles rue Edouard VII, l’Institut Curie, ChimieParisTech, le Grand Hôtel, Immeuble industriel rue du faubourg du Temple, les HBM rue de Belleville.
Sources :
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
« Les Louis-Dreyfus », Les Echos, 31 août 2000.
Adresse : 4 rue de la Banque et 1 place des Petits-Pères
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