Ministère
de l’Education nationale
L’hôtel de Rochechouart

Un aristocrate favorable aux idées des Lumières

En 1776, la marquise de Courteilles, veuve d’un conseiller d’Etat et ancien Intendant des finances, fait l’acquisition d’un terrain rue de Grenelle et confie à  l’architecte du roi Mathurin Cherpitel (1736-1809) la construction d’un hôtel particulier. Cette demeure est destinée destiné à sa fille unique, Madeleine Mélanie, épouse du futur comte Roger de Rochechouart. Maréchal de camp, Rochechouart est élu député de la noblesse en 1789 mais se très vite rallie au Tiers état, étant favorable à l’abolition des privilèges et aux idées des Lumières. Mais il décède très jeune, en 1791.

Un hôtel particulier de style néoclassique

A l’origine, un passage planté d’arbres mène à la cour d’honneur bordée de deux ailes basses abritant les communs. Les façade de l’hôtel frappent par leur dépouillement, expression d’un style néoclassique encore naissant. Ainsi les fenêtres sont dépourvues de bandeaux ou éléments sculptés. Côté cour, le logis est conçu sans avant-corps central et rythmé par des pilastres colossaux. Une corniche en forte saillie sépare le 1er étage de l’étage attique surmonté d’une balustrade. Sur le jardin, la façade est à peine plus décorée, animée par un avant-corps central agrémenté de motifs floraux et deux frises d’oves.

Le maréchal Augereau

En 1804, la comtesse de Rochechouart vend l’hôtel à Pierre Augereau (1757-1816). D’origine modeste, Augereau s’est brillamment illustré durant la campagne d’Italie et c’est cette même année que Napoléon 1er le nomme maréchal d’Empire. Fait duc de Castiglione en 1808, il participe ensuite aux campagnes de Catalogne, de Russie, puis de France en 1814. Il se rallie finalement aux Bourbons et est fait Pair de France par Louis XVIII en 1815.

La direction de l’instruction publique

En 1820, le ministère de l’instruction publique s’installe à l’hôtel de Rochechouart avant d’en faire l’acquisition en 1829. A partir de 1839, l’architecte Alphonse de Gisors est chargé de construire une nouvelle aile. D’autres travaux se succèdent jusqu’en 1892, notamment l’aménagement d’une bibliothèque.

La grande réforme de l’enseignement

Ministre de l’Instruction publique de 1879 à 1883, Jules Ferry (1832-1893) y lance ses réformes historiques : gratuité de l’enseignement primaire, principe de laïcité, enseignement obligatoire jusqu’à 13 ans, création de l’enseignement secondaire féminin. L’école républicaine est née ici. Le bureau du ministre actuel occupe d’ailleurs le salon Jules Ferry. L’hôtel de Rochechouart abrite le siège du ministère de l’Education Nationale.

Un hôtel étouffé par les agrandissements

En 1912, l’architecte Gagné surélève le bâtiment sur rue et construit l’aile donnant sur la rue de Bellechasse. Puis cette aile est prolongée en 1935 par un bâtiment moderne de Charles Lemaresquier. En 1956, le bâtiment situé à gauche dans la cour d’honneur est ajouté. L’ensemble de ces agrandissements et modifications ont étouffé l’hôtel de Rochechouart dont il est devenu difficile d’apprécier la beauté des volumes d’origine.

Des décors contemporains

Plusieurs « gestes contemporains » ont permis d’ajouter une touche de modernité au siège du ministère. Ainsi, l’antichambre Putman a été aménagée fin 2001 par la célèbre architecte et designer Andrée Putman (1925-2013). Ancienne salle à manger du maréchal Augereau, le salon des Alechinsly est habillé de cinq panneaux amovibles réalisés par le peintre belge Pierre Alechinsky (né en 1927): ils figurent des arabesques colorées sur le thème de l’arbre.

Pour l’architecte Mathurin Cherpitel, voir également l’hôtel du Châtelet.

Pour l’architecte Alphonse de Gisors, voir également le palais du Luxembourg, le musée du Luxembourg, l’Ecole Normale Supérieure.

Pour l’architecte Charles Lemaresquier, voir également le Cercle national des Armées, le palais Berlitz, le siège social de Félix Potin, l’usine Félix Potin.

Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
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