Le ministère du Travail
L’hôtel du Châtelet
En 1770, les religieux de la communauté des Billettes souhaitent édifier un hôtel particulier sur un terrain leur appartenant afin d’en tirer un revenu locatif. Les bénéficiaires du bail emphytéotique, le comte et la comtesse du Châtelet, choisissent eux-mêmes l’architecte Maturin Cherpitel (1736-1809). De 1770 à 1776, l’architecte fait bâtir l’un des plus somptueux hôtels particulier du faubourg Saint-Germain et l’un des premiers exemples du style Louis XVI.
La façade sur cour est majestueuse et marque le retour à l’antique, déjà amorcé par l’architecte Ange-Jacques Gabriel au Petit Trianon ou dans les hôtels de la place de la Concorde. Elle est centrée sur un portique colossal soutenu par des colonnes d’ordre corinthien. Au-dessus, la balustrade est surmontée d’un attique couronné de pots-à-feu. Cet étage supérieur en attique remportera un grand succès en France jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. De chaque côté de la cour, des communs accueillent cuisines, écuries et remises.
La façade sur jardin est considérée comme l’une des plus belles compositions de l’hôtel parisien au XVIIIe siècle. Elle est animée par un avant-corps à pans coupés contrastant avec l’attique strictement orthogonal au-dessus. Au rez-de-chaussée, les clefs des baies sont sculptées. Seul l’avant-corps présente des baies en plein cintre décorées de feuillages, contrastant avec les baies rectangulaires de la façade.
A l’intérieur, les décors sont éblouissants. La cage d’escalier est rythmée par des pilastres cannelés et par des niches accueillant des reproductions de statues antiques. Le salon de compagnie, à pans coupés, reçoit des boiseries ivoire et or : pilastres corinthiens, cassolettes, cornes d’abondance, arabesques, palmettes y illustrent le répertoire du retour à l’antique. C’est l’actuel bureau du ministre. La salle à manger, simplement peinte en blanc cassé et ovale, est décorée de guirlandes de fleurs et de pilastres ioniques ; elle se termine par un hémicycle orné de deux belles fontaines en marbre ornées de dauphins et de feuillages.
Fils de la célèbre Emilie du Châtelet, protectrice de Voltaire, le comte du Châtelet épouse la carrière des armes, interrompue par un court passage dans la diplomatie. Héritant du titre de duc en 1772, lieutenant général puis colonel des gardes-françaises, le duc du Châtelet est député de la noblesse aux Etats Généraux convoqués en 1789. Il meurt sur l’échafaud en 1794.
De 1796 à 1806, l’hôtel abrite l’école des Ponts et Chaussées. Puis il sert de résidence à l’intendant de l’Empereur sous l’Empire, puis à celui du roi Louis XVIII sous la Restauration. Le comte Daru, le duc de Cadore, le comte de Blacas, le comte de Lauriston et le duc de Doudeauville s’y succèdent. De 1835 à 1848, l’hôtel du Châtelet sert de résidence à l’ambassadeur ottoman, puis brièvement de résidence à l’ambassadeur d’Autriche. En 1849, il est acquis par l’Etat français et sert d’archevêché. Après la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, il est affecté au ministère du Travail. Il abrite actuellement le ministère du Travail, de l’Emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
Pour l’architecte Maturin Cherpitel, voir également l’hôtel de Rochechouart, l’hôtel de Damas d’Antigny.
Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Gady (Alexandre), Les hôtels particuliers de Paris, Paris, Parigramme, 2008.
Belles demeures de Paris, Paris, Hachette Réalités, 1977.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1995.
Adresse : 127 rue de Grenelle
Métro : Invalides
Arrondissement : 7e
Téléphone :