Un musée Hector Guimard
prochainement ouvert

Le représentant majeur de l’Art nouveau français

Hector Guimard (1867-1942) est sans conteste l’architecte français ayant le plus œuvré à l’expression de l’Art nouveau en France. Mouvement architectural né un peu partout en Europe à partir de 1880-1890, il s’appuie sur des lignes courbes, une absence de symétrie, la polychromie, une grande variété de matériaux et surtout une inspiration puisée dans la nature et ses formes végétales. L’art nouveau sera à son apogée vers 1905 et commencera à décliner très vite dès 1910, remplacé par l’Art déco. Si les édicules du métro parisien et le célèbre Castel Béranger sont ses réalisations les plus connues, la production de Guimard reste impressionnante :  il édifie de nombreux hôtels particuliers et immeubles d’habitation à Paris, des villas en Ile-de-France et sur la côte normande, sans oublier des sépultures et l’étonnante maison Coilliot à Lille.

 

L’hôtel Paul Mezzara

En 1910-1911, Hector Guimard réalise cet hôtel particulier destiné à Paul Mezzara (1866-1918), artiste peintre devenu fabricant de dentelles et de broderies, également ami de l’architecte. Après une première période très débridée dans son œuvre (polychromie, complexité des volumes, décoration exubérante), Guimard semble s’assagir à partir de 1910, deuxième partie de son œuvre considéré comme sa période de maturité. L’hôtel Mezzara en est sûrement l’une des plus beaux exemples. L’architecte recours à des matériaux pauvres tels que la brique et la meulière, limitant l’usage de la pierre à des parties structurelles. Mai surtout, il opte pour la bichromie : ocre des briques, noir des gardes-corps. La façade reste globalement asymétrique même si la partie centrale joue de la symétrie. La travée centrale est la plus intéressante, percée de deux loggias superposées. La grille d’entrée est subtilement décorée de motifs de ronces.

Un impressionnant hall central

Situé au centre de l’édifice, le vaste hall central est éclairé par une somptueuse verrière zénithale. Un remarquable escalier doté de rambardes aux motifs Art nouveau dessert l’étage. Les rambardes des coursives sur lesquelles étaient suspendues des étoffes servaient en quelque sorte de « showroom » à Mezzara. Donnant sur le jardin, le salon et la salle à manger sont situés à l’arrière. La salle à manger a conservé son mobilier dessiné par Guimard ainsi qu’une fresque réalisée par Charlotte Chauché-Guilleré.

Le Cercle Guimard

Devenu un cours privé en 1930, l’hôtel particulier est cédé en 1956 au ministère de l’Education nationale qui y installe un foyer pour jeunes filles jusqu’en 2015. Ayant pour mission de protéger l’œuvre de Guimard, le très dynamique Cercle Guimard (fondé en 2003) y organise des visites de 2005 à 2006 et se bat pour la sauvegarde de ce magnifique bâtiment et de son époustouflant décor intérieur. Par la suite, l’Etat français tente de le vendre puis de le mettre en location via un bail emphytéotique.

Le futur musée Hector Guimard

En 2025, un accord (sous la forme d’un bail emphytéotique de 50 ans) est enfin conclu entre l’Etat et la foncière Mezzara, constituée par la société Fabelsi, présidée par Fabien Choné : ce passionné d’Art nouveau a déjà acquis une centaine d’objets et pièces de mobilier réalisés par Guimard. S’engageant à mener les travaux de restauration de l’hôtel particulier (tout de même évalués à six millions d’euros), la foncière Mezzara y ouvrira fin 2017 ou début 2018 le musée Hector Guimard dédié au plus talentueux représentant de l’Art nouveau français. Ainsi, Paris va enfin faire rayonner, au même titre que Barcelone ou Bruxelles, ce style architectural si virtuose que même un Le Corbusier qualifia de « geste magnifique« .

Pour l’architecte Hector Guimard, voir également le Castel Béranger, l’école du Sacré-Cœur, la synagogue de la rue Pavée, l’immeuble de bureaux rue de Bretagne, la villa la Hublotière, l’hôtel Hector Guimard.

Sources :
Crosnier Leconte (Marie-Laure), Guide du promeneur 16^e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
La Tribune de l’Art