L’hôtel Paul Mezzara
L’industriel Paul Mezzara
En 1910-1911, l’architecte Hector Guimard (1867-1942) réalise cet hôtel particulier destiné à l’industriel Paul Mezzara (1866-1918), artiste peintre devenu fabricant de dentelles et de broderies.
Une architecture assagie
Après une première période très débridée (polychromie, complexité des volumes, décoration exubérante), Guimard s’assagit dans la deuxième période de son œuvre considéré comme sa période de maturité. Il a recours à des matériaux pauvres, la brique et la meulière, limitant l’usage de la pierre à des parties structurelles. De même, l’architecte opte pour la bichromie : ocre des briques, noir des gardes-corps. La façade reste globalement asymétrique même si la partie centrale joue de la symétrie. La travée centrale est la plus intéressante, percée de deux loggias superposées. La grille d’entrée est subtilement décorée de motifs de ronces.
Un vaste hall central
Situé au centre de l’édifice, le vaste hall central est éclairé par une admirable verrière zénithale. Un superbe escalier doté de rambardes aux motifs Art nouveau dessert l’étage. Les rambardes des coursives sur lesquelles étaient suspendues des étoffes servaient en quelque sorte de « showroom » à Mezzara. Donnant sur le jardin, le salon et la salle à manger sont situés à l’arrière. La salle à manger a conservé son mobilier dessiné par Guimard ainsi qu’une fresque réalisée par Charlotte Chauché-Guilleré.
Le Cercle Guimard
Devenu un cours privé en 1930, l’hôtel particulier est cédé en 1956 au ministère de l’Education nationale qui y installe un foyer pour jeunes filles jusqu’en 2015. Ayant pour mission de protéger l’œuvre de Guimard, le très dynamique Cercle Guimard y organise des visites de 2005 à 2006. Mis en vente par l’Etat en 2015 pour 7 millions d’euros, l’hôtel ne trouve pas d’acquéreur alors que le cercle Guimard se mobilise pour y créer un musée consacré à l’Art nouveau. Malgré une proposition de financer les quatre millions de travaux de restauration nécessaires par un mécène, l’offre du cercle Guimard est déclinée par l’Etat. En 2016, l’édifice est classé Monument Historique.
Un avenir toujours incertain
Surtout soucieux de rentabiliser l’édifice sans y consacrer d’argent pour le restaurer, l’Etat propose en 2021 une location sous forme d’un bail emphytéotique de 50 ans puis de nouveau en avril 2023 pour cette fois-ci une durée de 80 ans. Ministère des Finances comme ministère de la Culture ne souhaitent visiblement pas doter Paris d’un musée Guimard qui aurait pour écrin l’une de ses plus belles réalisations. Finiront-ils par comprendre combien ce musée pourrait faire rayonner l’Art nouveau en France ?
Pour l’architecte Hector Guimard, voir également le Castel Béranger, l’école du Sacré-Cœur, la synagogue de la rue Pavée, l’immeuble de bureaux rue de Bretagne, la villa la Hublotière, l’hôtel Hector Guimard.
Sources :
Crosnier Leconte (Marie-Laure), Guide du promeneur 16e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
La Tribune de l’Art
Adresse : 60 rue Jean de la Fontaine
Métro : Jasmin
Arrondissement : 16e
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