Le ministère de l’Agriculture
L’hôtel de Villeroy
De style rocaille, cette demeure est construite entre 1713 et 1724 par François Debias-Aubry, un architecte très actif dans le faubourg Saint-Germain à cette époque. L’hôtel est commandé par un financier, le banquier suisse Antoine Hogguer. Ce dernier habite alors l’hôtel de Rothelin-Charolais voisin et destine l’hôtel à sa maîtresse, la comédienne Charlotte Desmares. Cette actrice, sociétaire de la Comédie-Française, fut auparavant la maîtresse du Grand Dauphin et du futur Régent, Philippe d’Orléans. En 1726, Hogguer est déclaré en faillite et loue l’hôtel aux ambassadeurs de Hollande, puis d’Angleterre. En 1735, ses créanciers font vendre la propriété. L’acquéreur est François-Louis de Neufville (1695-1766), 4e duc de Villeroy. Autrefois propriétaires de l’hôtel de Villeroy dans l’actuel 1er arrondissement, les Villeroy avait quitté Paris pour suivre Louis XIV et la Cour à Versailles. Sous Louis XV, ils reviennent s’installer à Paris comme beaucoup de grandes familles aristocratiques.
En 1746, l’hôtel est agrandi par l’architecte Jean-Baptiste Leroux ; on lui doit notamment un salon en rotonde côté Ouest. Gabriel de Villeroy (1731-1794), neveu du précédent, hérite de la demeure en 1766. Il y donne des fêtes somptueuses qui ont marqué leur époque. Guillotiné pendant la Terreur, il est le 5e et dernier duc de Villeroy. En 1768, l’hôtel est vendu au comte de Tessé, 1er écuyer de la reine Marie Leszczynska. Il y réside jusqu’à son émigration en 1790. Au début du XIXe siècle, l’hôtel accueille l’inspection de santé militaire. De 1823 à 1827, il héberge l’Ecole d’application du Corps royal d’état-major, puis jusqu’en 1831 la direction générale des Ponts et Chaussées.
Dès lors, l’hôtel va rester aux mains de l’Etat et servir de résidence à plusieurs ministres. Depuis 1870, l’hôtel de Villeroy est affecté au ministère de l’Agriculture. Sous le second Empire, d’importants bâtiments donnant sur la rue sont bâtis par l’architecte Emmanuel Brune,; celui-ci ajoute la rotonde Est faisant pendant à la rotonde Ouest. La façade sur cour a été refaite à la même époque. La façade sur le jardin a conservé son style Régence. Les fenêtres sont en plein cintre et leur clef sculptée de mascarons (au rez-de-chaussée) et d’agrafes (au premier étage). Le balcon et les garde-corps s’appuient sur des consoles finement sculptées. L’avant-corps central, en léger ressaut sur la façade, est surmonté d’un fronton triangulaire au décor sculpté. Œuvre de Jean-Baptiste Leroux, la rotonde de la façade Ouest est un parti assez inhabituel pour l’époque car les murs pignons étaient jusqu’ici soit aveugles, soit mitoyens d’autres hôtels. Les hôtels implantés de façon isolée (comme l’hôtel Biron ou le Palais Bourbon) commencent à voir le jour à Paris sous la Régence. A l’intérieur, la totalité des décors rocaille ont disparu. Seul l’escalier d’honneur et sa rampe ornée de « L » entrelacés ont été conservés.
Pour l’architecte François Debias-Aubry, voir également l’hôtel de Chimay, l’hôtel Thoinard, l’hôtel du Tillet de La Bussière, l’hôtel de Brienne, l’hôtel de Salm-Dyck, la maison Juliennet, l’hôtel Jacques-Samuel Bernard.
Pour l’architecte Jean-Baptiste Leroux, voir également l’hôtel d’Avaray, l’hôtel Bourgeois de Boignes, l’hôtel de Roquelaure, l’hôtel de Villars.
Sources :
Colin-Bertin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris , Parigramme, 1995.
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 78 rue de Varenne
Métro : Varenne
Arrondissement : 7e
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