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Jacques-Samuel Bernard

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Jacques-Samuel Bernard
L'hôtel Samuel Bernard : la façade sur rue

L’hôtel Jacques-Samuel Bernard : la façade sur rue

Le richissime Samuel Bernard

Samuel Bernard (1651-1739) est issu d’une famille protestante. Son grand-père, Noël Bernard, et son père, Samuel-Jacques Bernard (1615-1687), sont peintres et habitent le faubourg Saint-Germain. Samuel Bernard va connaître une ascension sociale fulgurante et devenir l’un des hommes les plus riches d’Europe et le principal banquier de Louis XV. Sa carrière démarre dans le commerce du drap où il commence à s’enrichir. En 1685, l’édit de Fontainebleau signe la révocation de l’édit de Nantes. Opportuniste, Bernard abjure le protestantisme et se convertit au catholicisme. Louis XIV le pousse à créer la compagnie de Guinée : c’est l’une des principales compagnies engagées dans la traite négrière entre Nantes et Saint-Domingue. Elle va largement contribuer à faire sa fortune. Parallèlement, Bernard est autorisé par Pontchartrain, ministre de la Marine, à revendre les marchandises saisies en piraterie sur les bateaux étrangers. Après 1700, Samuel Bernard devient banquier pour le compte du Trésor royal. Ainsi, c’est lui qui finance la guerre de Succession d’Espagne (1700-1714). Sauvé d’une banqueroute en 1709, il laisse à sa mort en 1739 une fortune considérable à ses six enfants.

L'hôtel Samuel Bernard : les deux ailes perpendiculaires au bâtiment sur rue

L’hôtel Jacques-Samuel Bernard : les deux ailes perpendiculaires au bâtiment sur rue

Jacques-Samuel Bernard, un héritier sans grand talent

Jacques-Samuel Bernard (1686-1753), comte de Coubert (1739), est le fils aîné de Samuel Bernard. Occupant les fonctions de Maître des Requêtes au Parlement et surintendant de la maison de la reine Marie Leszczyńska, il s’intéresse surtout à la spéculation et mène un train de vie inouï. Hélas, le fils n’a pas les talents de son père qui le renfloue régulièrement. Il dilapide d’ailleurs en peu de temps son héritage. En 1751, il fait banqueroute et fait également perdre de l’argent à Voltaire dont il gérait la fortune.

L'hôtel Samuel Bernard : l'aile gauche

L’hôtel Jacques-Samuel Bernard : l’aile gauche

Les vestiges de l’hôtel Jacques-Samuel Bernard

Lorsque Jacques-Samuel Bernard hérite de son père en 1739, il ne conserve pas l’hôtel familial qui se trouvait place des Victoires. En effet, il avait auparavant racheté un hôtel particulier situé rue du Bac construit vers 1697-1699 peut-être par un des architectes de la famille Bruand. En 1730, Bernard fait construire par l’architecte Louis Fourcroy le bâtiment sur rue situé au n° 46 de la rue du Bac. Sur les vantaux de la porte cochère, œuvre du sculpteur Michel Martin, sont représentées des allégories de la Justice et de la Vérité. Dans la cour, les deux ailes perpendiculaires au logis principalfont partie des grands travaux menés à partir de 1740 par l’architecte François Debias-Aubry. A l’intérieur, l’architecte a conservé deux magnifiques escaliers avec rampe en fer forgé datant du précédent hôtel. Les décors intérieurs (hélas tous revendus ou disparus) sont somptueux : les salons sont habillés de boiseries et la salle à manger de peintures du peintre-animalier Jean-Baptiste Oudry. Une partie des décors a été remontée ultérieurement à l’hôtel Jacquemart-André, à l’hôtel de Pontalba et au château de Vaux-le-Pénil.

Des démolitions dues à l’ouverture du boulevard Saint-Germain

La cour communique avec un jardin en fond de parcelle ; au milieu se dressait un étonnant salon de musique de forme elliptique (disparu), décoré de dessus de porte de Van Loo, Restout, Natoire et Dumarest. Le jardin communiquait également avec d’importants bâtiments donnant sur la rue Saint-Dominique. Ils ont été démolis en 1887 lorsque le boulevard Saint-Germain est percé. A la mort de Jacques-Samuel Bernard en 1753, l’hôtel est racheté par le prince de Grimbergen. Puis il appartient à partir de 1758 à un fermier-général, Georges de Vollogne-Saint-Georges. Au XIXe siècle, l’hôtel a successivement appartenu à la Société pour l’Encouragement de l’Industrie nationale, à Louis Veuillot, au comte du Lude, au comte de la Ferté-Meung et à la duchesse d’Ayen. Aujourd’hui la célèbre maison de taxidermie Deyrolle occupe une partie de l’hôtel donnant sur la rue du Bac.

Pour l’architecte François Debias-Aubry, voir également l’hôtel de Villeroy, l’hôtel de Brienne, l’hôtel de Chimay, l’hôtel du Tillet de La Bussière, l’hôtel de Salm-Dyck, la maison Juliennet, l’hôtel Thoinard.

Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Le faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Paris, éditions Henri Veyrier, 1987.

Adresse : 46 rue du Bac

Métro : Rue du Bac

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