L’hôtel de Maisons
ou hôtel Pozzo di Borgo
François Duret, président du Grand Conseil, est connu pour ses nombreuses opérations spéculatives dans le faubourg Saint-Germain. En 1706, il confie à l’architecte Pierre Cailleteau, dit Lassurance, la construction d’un vaste hôtel entre cour et jardin. Dès 1707, l’hôtel est acquis par Claude de Longueil, marquis de Maisons, qui lui laisse son nom. L’hôtel est aussi appelé hôtel de Soyecourt ou encore hôtel Pozzo di Borgo, du nom de ses propriétaires successifs.
Entre 1749 et 1751, le nouveau propriétaire, Louis-Armand de Seiglières de Belleforière, marquis de Soyecourt, fait réaliser des travaux de modernisation par l’architecte Pierre Mouret : cinq appartements différents sont aménagés. Mouret est souvent intervenu pour remettre au goût du jour des hôtels du faubourg. La réalisation des boiseries de « la salle de compagnie », de style rocaille tardif, est confiée au sculpteur et ornemaniste Jacques Verberckt. Affecté au ministère des Cultes de 1800 à 1815, l’hôtel est restitué aux descendants Soyecourt, en la personne d’Egédie de Beaupoil de Saint-Aulaire, qui l’apporte à son mari, le duc Decazes, favori de Louis XVIII.
En 1836, l’hôtel est acheté par le comte Charles Jérome Pozzo di Borgo, qui le revend en 1839 au comte Charles Edouard Pozzo di Borgo (1746-1842). Issu de la noblesse corse comme Napoléon Bonaparte, cet homme politique fut un farouche opposant au futur Empereur et il se mit sous l’Empire au service de la diplomatie russe. Attaché aux Bourbons, il fut fait comte et pair de France en 1818, et continua à servir les intérêts russes jusqu’à sa retraite. L’hôtel est resté la propriété des Pozzo di Borgo jusqu’aux années 2000. Il a été acquis en 2010 pour environ 100 millions d’euros par la République du Gabon.
Le couturier Karl Lagerfeld a longtemps habité ce vaste hôtel. Le film « Intouchables » est tiré de la véritable histoire de Philippe Pozzo di Borgo, l’un des propriétaires de l’hôtel, et d’Abdel Yasmin Sellou, son auxiliaire de vie après son accident de parapente. Flanqué de colonnes doriques, l’imposant portail sur rue est orné de casques militaires et de feuilles de laurier ; il pourrait provenir d’un dessin de Robert de Cotte. L’hôtel s’organise autour d’une vaste cour d’honneur : le corps de logis principal est situé au fond, marqué par un avant-corps central doté d’un portique à colonnes doriques et pilastres corinthiens.
Du vestibule d’entrée démarre le grand escalier en pierre qui monte à l’étage. A gauche du logis, une aile en retour renferme au rez-de-chaussée une galerie. Côté jardin, l’hôtel présente une longue façade en pierre dépourvu d’éléments décoratifs (à l’exception d’un fronton triangulaire placé au centre au niveau de la toiture) et une aile en saillie. Le jardin de 2.700 m2 s’étendait autrefois jusqu’au boulevard Saint-Germain.
Pour l’architecte Pierre Cailleteau dit Lassurance, voir également l’hôtel de Bourbon, l’hôtel de Lassay, l’hôtel de Montmorency-Luxembourg, l’hôtel de Rothelin-Charolais, l’hôtel de Roquelaure, l’hôtel de Rohan-Montbazon.
Pour l’architecte Pierre Mouret, voir également l’hôtel de Seignelay.
Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Leborgne (Dominique), Saint-Germain-des-Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Adresse : 51 rue de l’Université
Métro : Solférino
Arrondissement : 7e
Téléphone :