Résidence du Président
de l’Assemblée nationale
L’hôtel de Lassay
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Une princesse française et son amant
L’histoire de l’hôtel de Lassay est intimement liée à celle de son voisin, l’hôtel du Palais Bourbon (devenu l’Assemblée nationale). Et pour cause : l’un est destiné à Louise-Françoise de Bourbon dite « Mademoiselle de Nantes », duchesse de Bourbon (1676-1743), fille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan, c’est le Palais Bourbon. L’autre est édifié juste à côté pour son amant, le marquis Armand de Lassay.
Quatre architectes successifs
Les deux hôtels présentent pas mal de similitudes. Ce sont en effet les mêmes quatre architectes qui se succèdent pour les construire entre 1722 et 1728 : d’abord l’italien Giardini, puis Pierre Cailleteau dit Lassurance, Jean Aubert et enfin Jacques-Ange Gabriel. On s’accorde aujourd’hui à attribuer leur construction essentiellement à Aubert. Les deux hôtels sont placés au milieu d’un vaste jardin face à la Seine. Ils présentent le « style à l’italienne », c’est-à-dire un rez-de-chaussée surmonté d’un toit plat surmonté de balustrades. Les façades de l’hôtel de Lassay sont rythmées par des hautes fenêtres cintrées sommées de clefs à motifs Régence. A l’intérieur, l’hôtel comprend quatre appartements et une somptueuse pièce d’apparat, une grande galerie dans laquelle Lassay expose sa précieuse collection de toiles des écoles Flamande, italienne et espagnole.
Le prince de Condé
Passé au fils du marquis de Lassay en 1738, puis à Louis-Léon de Brancas, comte de Lauraguais, l’hôtel est vendu en 1768 à Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé. Ce dernier fait alors moderniser les décors Régence par les architectes Antoine-Michel Le Carpentier et Claude Billard de Bellisard. Dans la grande galerie, le prince fait placer des tableaux représentant des scènes de batailles à la gloire de son illustre ancêtre, le Grand Condé (1621-1686). Exilé en Belgique pendant la Révolution, le prince récupère son bien en 1815. Le 27 août 1830, son fils, Louis V Henri de Bourbon-Condé, est retrouvé mystérieusement pendu à l’espagnolette de sa chambre dans son château de Saint-Leu.
La résidence du président de l’Assemblée nationale
En 1843, le duc d’Aumale, héritier du prince de Condé, vend l’hôtel de Lassay à l’Etat. La demeure est dès lors attribuée au président de l’Assemblée nationale, quatrième personnage de l’Etat. A cette époque, l’hôtel est réaménagé et agrandi par l’architecte Jules de Joly : il est surélevé d’un étage et relié au Palais-Bourbon par une galerie (dite des Tapisseries), doublée d’une salle des Fêtes. C’est encore ainsi qu’il se présente aujourd’hui. Il est possible, au moment des Journées Européennes du Patrimoine, d’admirer les somptueux décors anciens qui subsistent : la Galeries des tapisseries, la salle des Fêtes, le salon ou cabinet du départ, ou encore d’autres salons habillés de boiseries.
Pour l’architecte Pierre Cailleteau dit Lassurance, voir également l’hôtel de Bourbon, l’hôtel de Montmorency-Luxembourg, l’hôtel de Rothelin-Charolais, l’hôtel de Maisons, l’hôtel de Roquelaure, l’hôtel de Rohan-Montbazon.
Pour l’architecte Jean Aubert, voir également le Palais Bourbon, l’hôtel Biron.
Pour l’architecte Jules de Joly, voir également le Palais-Bourbon, le Palais du Luxembourg, l’hôtel Bony, l’immeuble administratif rue d’Aboukir.
Sources :
Colin-Bertin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Assemblée nationale
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Arrondissement : 7e
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