L’hôtel Crillon
L’hôtel d’Aumont
Un nouvel hôtel pour la Monnaie
Destiné à accueillir l’hôtel de la Monnaie, cet édifice est l’un des deux bâtiments qui ferment la place Louis XV (future place de la Concorde) au Nord : il est le jumeau de l’hôtel de la Marine. Le dessin des façades de ces deux édifices est l’œuvre de l’architecte Jacques-Ange Gabriel chargé par Louis XV de dessiner la place. Leur composition comprend deux avant-corps surmontés de fronton et placés aux angles, reliés par un long péristyle. Inspirées de la colonnade du Louvre, ces façades s’inscrivent dans la tradition du classicisme français né sous Louis XIV.
Quatre hôtels dans le même bâtiment
Finalement, le site de la place Louis XV est jugé trop loin du quartier des affaires ; l’hôtel de la Monnaie sera finalement bâti quai de Conti. Il est décidé de vendre l’hôtel (à bâtir car seules les façades ont été exécutées) en quatre lots : le n°10 est acquis par l’architecte Louis-François Trouard, le n°8 par l’architecte Pierre Moreau-Desproux, le n°6 par M. Rouillé de l’Estang et le n°4 par la comtesse de Coislin.
De somptueux décors intérieurs
L’hôtel du n°10 est bâti par l’architecte Louis-François Trouard et destiné à la location. Le 1er locataire est le duc d’Aumont, directeur des Menus Plaisirs, qui lui donne son nom. Pour la décoration intérieure, Trouard fait appel à l’un des élèves de son atelier, le jeune Pierre-Adrien Paris (1745-1819), qui sera plus tard un architecte talentueux et reconnu. Secondé par le dessinateur ornemaniste Jean-Démosthène Dugourc, Paris conçoit les décors de plusieurs salons du 1er étage ainsi que ceux de la salle à manger. Le plus célèbre est celui du Grand Salon ou salon des Aigles décoré à l’antique : des aigles en stuc recouvert d’or y animent les angles des voussures du plafond. Mais seul ce plafond est resté en place : les boiseries ont été remontées dans l’hôtel de la Tour d’Auvergne, actuelle ambassade du Chili. De même pour les lambris de la salle à manger. Les boiseries de trois autres salons ont également remontées ailleurs : dans la villa Ephrussi-Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat (voir l’hôtel Ephrussi-Rothschild) et au Metropolitan Museum de New-York.
Le duc de Crillon
En 1788, l’hôtel d’Aumont devient la propriété de François Félix de Crillon (1748-1820), 4e duc de Crillon. Désigné comme député aux Etats Généraux en 1789, Crillon est emprisonné au moment de la Terreur mais il est sauvé par la chute de Robespierre le 9 Thermidor. L’hôtel va prendre son nom. Pendant la Révolution et l’Empire, l’hôtel de Crillon est une première fois aménagé en hôtel de voyageurs avant d’être restitué aux Crillon.
La Société des Hôtels du Louvre
En 1907, les Polignac, descendants des Crillon, vendent l’hôtel de Crillon à la Société du Louvre. Cette société très prospère possède alors les Grands Magasins du Louvre, à côté du palais du Louvre, et le Grand Hôtel Terminus, devant la gare Saint-Lazare. De 1907 à 1909, des travaux de rénovation sont menés sous la conduite de l’architecte Walter-André Destailleur (1867-1940). L’escalier d’honneur est préservé mais c’est à cette époque que les plus belles boiseries sont démontées et vendues. Destailleur dessine les façades de la cour intérieure en imitant le style classique de Gabriel. L’hôtel Crillon ouvre en 1909. Réputé pour son luxe, l’hôtel sera connu à travers le monde et accueillera des hôtes célèbres : le général Pershing, Douglas Fairbanks, Fred Aster, William Randolph Hearst, etc.
Les hôtels de la Société du Louvre
En 1970, l’enseigne Concorde Hôtels & Resorts est créée par Guy Taittinger : elle rassemble les hôtels de prestige de la Société du Louvre dont la famille Taittinger est l’une des principaux actionnaires. Le Crillon en fait partie au même titre que le Lutetia ou le Grand Hôtel du Louvre. En 2005, le fond d’investissement américain Starwood Capital fait l’acquisition de l’enseigne Concorde Hôtels & Resorts. En 2010, le Crillon est vendu pour 250 millions d’euros à la famille royale saoudienne.
La distinction « Palace »
En 2013, l’hôtel passe dans le giron du groupe d’hôtellerie de luxe américain Rosewood Hôtels and Resorts. De 2013 à juillet 2017, l’hôtel est fermé pour une rénovation complète menée par l’architecte Richard Martinet et par la décoratrice Aline d’Amman. Depuis sa réouverture, l’établissement dispose de 81 chambres et 43 suites. Un spa et une piscine ont été créés au sous-sol. L’hôtel Crillon a obtenu en 2018 la distinction « palace » réservée à environ 25 hôtels français parmi les plus exceptionnels.
Pour l’architecte Louis-François Trouard, voir également les maisons Trouard.
Pour l’architecte Pierre-Adrien Paris, voir également l’hôtel de Chastenoye.
Pour l’architecte Walter-André Destailleur, voir également l’hôtel de Béhague, l’hôtel Wildenstein, l’hôtel de Errazu, l’hôtel Renault, l’hôtel Berthier de Wagram.
Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 10 place de la Concorde
Métro : Concorde
Arrondissement : 8e
Téléphone :