L’hôtel Boulin
Le désamour de l’aristocratie au XVIIIe siècle
Le XVIIe siècle représente l’âge d’or du Marais lorsque ce quartier se couvre d’hôtels particuliers habités par la haute aristocratie, les financiers et les magistrats. Dès le XVIIIe siècle, la haute aristocratie lui préfère trois autres faubourgs de la ville : le faubourg Saint-Germain, le faubourg Saint-Honoré et la Chaussée d’Antin. Le Marais ne compte plus alors que 3 % environ de familles nobles, essentiellement des magistrats travaillant au Parlement et des hommes d’Etat (contrôleurs généraux, intendants des finances).
La mainmise des activités industrielles et artisanales au XIXe siècle
Avec la Révolution, les propriétés appartenant à l’aristocratie ou au clergé (les nombreux couvents) sont confisquées, réquisitionnées, vendues ou démolies. Parallèlement, dès la première moitié du XIXe siècle, le Marais n’échappe pas à l’industrialisation de Paris et au développement de multiples activités artisanales. Laissés dans un relatif abandon, les hôtels particuliers sont investis par les artisans et les entrepreneurs : les intérieurs sont morcelés, les cours et jardins sont envahis par des entrepôts, ateliers, verrières…
Une prise de conscience du patrimoine au XXe siècle
Au début du XXe siècle, ce quartier historique est en proie à la tuberculose et plusieurs îlots jugés insalubres commencent à être démolis. Il faut attendre les années 1960 pour constater une prise de conscience de la valeur patrimoniale du Marais. En 1962, André Malraux, ministre de la Culture, fait voter la loi sur les secteurs sauvegardés, préconisant la sauvegarde et la restauration des immeubles présentant un intérêt architectural.
Le quartier à la mode
En ce début de XXIe siècle, le Marais est en train de supplanter en terme d’attractivité son rival de la rive Gauche, le quartier Saint-Germain-des-Prés. Les plus beaux hôtels sont reconvertis en musées, bibliothèques et centre culturels : l’hôtel de Sully, l’hôtel de Soubise, l’hôtel Lamoignon, l’hôtel de Sens, l’hôtel de Saint-Aignan, l’hôtel Salé, l’hôtel Carnavalet, l’hôtel de Donon, l’hôtel du Marle, l’hôtel Hénault de Cantorbe, l’hôtel de Guénégaud des Brosses, etc. Les promoteurs ont également bien compris qu’une clientèle privée, française et étrangère, lorgne désormais sur les somptueux appartements du Marais. Les uns après les autres, les hôtels particuliers sont rénovés et restitués dans leur configuration d’origine. Les prix flambent, les jolies cours cachées deviennent autant de bastions imprenables… C’en est bientôt fini du Marais où l’on pouvait flâner à peu près partout.
L’hôtel Boulin, un témoin du passé industriel du Marais
Accessible au promeneur, l’hôtel Boulin est très intéressant à ce titre. Datant du XVIIe siècle, il a été bâti vers 1740 pour Pierre Boulin, trésorier du Marc d’or. D’un style assez austère, il ne manque pourtant pas d’allure avec ses grandes baies rectangulaires et ses hautes lucarnes en pierre. Dans la pavillon de gauche dans la cour subsiste d’ailleurs un très bel escalier avec un départ en fer forgé puis balustres de bois. Au XIXe siècle, l’hôtel est investi par l’entreprise Etienne Thivet, décorateur de magasins. Un atelier parasite la cour tandis que des fenêtres sont masquées ou mutilées. Le rez-de-chaussée de l’hôtel est percé d’un affreux porche menant au jardin situé à l’arrière. En 1937, un garage colonise le jardin; il a été récemment réhabilité et sa halle couverte d’une verrière refaite à neuf est superbe.
Weber Métaux, une institution du Marais
Quincailler depuis 1753, la société Weber est établie dans le Marais, d’abord rue des Gravilliers, puis rue de Poitou. En 1924, Albert Weber crée le département « métaux ». Ce département a élu domicile dans une ancienne halle métallique situé à l’emplacement du jardin de l’hôtel Méliand (n°64 rue de Turenne), voisin de l’hôtel Boulin : il faut toutefois emprunter la cour de l’hôtel Boulin pour y accéder.
Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Gady (Alexandre), Le Marais, Guide historique et architectural, Paris, Le Passage, 2002.
Weber Métaux
Adresse : 66-68 rue de Turenne
Métro : Saint-Sébastien-Froissart
Arrondissement : 3e
Téléphone :