L’hôtel de Broglie-Haussonville

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Les princes de Broglie

Cet hôtel, appelé hôtel de Broglie-Haussonville, est souvent confondu avec l’hôtel de Broglie, situé au n° 73 rue de Varenne, construit pour la même famille en 1752. L’hôtel de Broglie-Haussonville est plus ancien mais il a été remanié et agrandi au XIXe siècle. L’édifice a été construit (ou reconstruit sur une base plus ancienne) vers 1724 pour le marquis Charles-Guillaume de Broglie (1669-1751), fils du célèbre maréchal Victor-Maurice de Broglie (1647-1727). La demeure passe ensuite à un autre fils du maréchal, Achille-Joseph de Broglie.

L’hôtel de Broglie-Haussonville : le portail sur rue

Corvisart, médecin de l’Empereur

En 1810, les descendants Broglie vendent leur hôtel au baron Jean-Nicolas Corvisart (1751-1821). Corvisart est resté célèbre dans l’histoire de France : il fut le médecin personnel de l’Empereur Napoléon 1er et de l’Impératrice Joséphine à partir de 1804. Brillant médecin, Corvisart avait fondé en 1782 une clinique dans l’hôpital de la Charité (voir la cathédrale Saint-Vladimir le Grand). Titulaire de la chair de Médecine au Collège de France, il s’intéressa tout particulièrement à la cardiologie et contribua à rendre le diagnostic plus précis. A la fois calme et précis, Corvisart eut toute la confiance de l’Empereur. Il reçut dans son hôtel l’impératrice Marie-Louise, seconde épouse de Napoléon 1er, alors enceinte du futur roi de Rome, ainsi que les plus grands savants et artistes de son temps.

L’hôtel de Broglie-Haussonville et son jardin ©AIA Life Designers, architectes – photos : Sergio Grazia.

Joseph d’Haussonville et Louise-Albertine de Broglie

En 1818, Corvisart cède son hôtel au comte Charles Louis d’Haussonville (1770-1846), ancien chambellan de Napoléon 1er. Son fils, Joseph d’Haussonville (1809-1884), et sa belle-fille, Louise-Albertine de Broglie (1818-1882), font profondément remanier la demeure par l’architecte Hippolyte Destailleur (1822-1893) au milieu du XIXe siècle. Le décor intérieur est alors refait dans les styles Louis XV et Louis XVI. Joseph d’Haussonville fut historien et fit une belle carrière politique de diplomate, de député puis de sénateur sous la Troisième République. Il fut élu membre de l’Académie Française. Son épouse Louise-Albertine de Broglie, historienne, fut une femme brillante et admirée. Le peintre Dominique Ingres a laissé d’elle un portrait très célèbre, « la Vicomtesse d’Haussonville ». Ce portrait fait maintenant partie de la Frick collection de New-York.

L’hôtel de Broglie-Haussonville ©AIA Life Designers, architectes – photos : Sergio Grazia.

Le siège de ministères

En 1882, l’hôtel est acquis par le marquis de Nicolaï. En 1921, il est acheté par une société foncière et transformé en espaces de bureaux; à cette époque sont ajoutés sur la même parcelle des immeubles de bureaux. Devenu par la suite propriété de l’Etat français, l’hôtel de Broglie-Haussonville est affecté successivement au secrétariat d’État chargé de la Prospective et du Développement de l’économie numérique en 2007, au ministère de la Ville, et à partir de 2012, au ministère des Droits des femmes.

L’hôtel de Broglie-Haussonville ©AIA Life Designers, architectes – photos : Sergio Grazia.

Des bureaux pour l’Assemblée Nationale

Mis en vente par l’Etat, l’hôtel est acquis en 2016 par l’Assemblée Nationale pour la somme de 63 millions d’euros. L’Assemblée souhaite en effet y installer des bureaux pour ses députés. L’agence d’architecture AIA Life Designers a relevé le défi de rénover les intérieurs de cet ensemble historique en conciliant ses caractéristiques patrimoniales et en l’adaptant à sa nouvelle destination d’espaces de bureaux. La cour d’honneur et le jardin ont également été soigneusement remis en valeur. Ce nouvel ensemble immobilier a été livré en novembre 2023.

Un hôtel rocaille remanié au XIXe siècle

Sur la rue, l’hôtel est fermé par un élégant portail doté de vantaux de style rocaille. Dans la cour d’honneur, l’aile située à gauche était à l’origine le logis principal. Sa façade est rythmée par des arcades cintrées; ses fenêtres présentent de belles clefs sculptées. Au fond de la cour, le logis visible aujourd’hui date des travaux d’agrandissement et de surélévation effectués par Destailleur à la fin du XIXe siècle. Profondément modifiée, l’aile située à droite menait à l’origine par un passage à l’ancienne cour des écuries. Rue Saint-Dominique, l’hôtel a été agrandi en 1882 par une longue aile (côté Est) réalisée dans le style classique : cette aile donne à l’arrière sur le jardin.

Pour l’architecte Hippolythe Destailleur, voir également l’hôtel Cahen d’Anvers, l’hôtel de Béhague, le château de Vaux-le-Vicomte, le château de Courances.

Sources :
Colin-Bertin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Hillaret (Jacques), Connaissance du Vieux Paris, Paris, Rivages, 1956.
AIA Life Designers

Adresse : 35 rue Saint-Dominique

Métro : Assemblée Nationale ou Invalides

Arrondissement : 7e

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