Le Castel Béranger
Un manifeste en faveur du rationalisme
L’architecte Hector Guimard (1867-1942) est considéré comme le représentant majeur de l’Art nouveau en France. Construit de 1895 à 1898, le Castel Béranger illustre son adhésion aux principes rationalistes édictés par Eugène Viollet-le-Duc et son rejet de l’académisme. L’architecte s’efforce ici de souligner l’autonomie des volumes par l’usage de matériaux contrastés : meulière, pierre de taille, brique, céramique. Le traditionnel bow-window est remplacé par un volume indépendant devenu complètement autonome.
Une étrange ornementation Art nouveau
L’Art nouveau puise le plus souvent son inspiration dans la nature, ses végétaux, sa flore, ses arbres, ses insectes. Avec une grande singularité, Guimard y substitue des motifs décoratifs abstraits : grilles de portes, fenêtres, ou encore l’inquiétant vestibule, véritable morceau de bravoure de l’édifice. Le Castel Béranger s’orne également d’un étrange bestiaire à découvrir en observant ses façades dans le détail : crustacés, chat, volatile, scorpion, hippocampes… les reconnaîtrez-vous ?
Une œuvre d’art total
Fidèle au principe fondamental de l’Art nouveau, Guimard produit une œuvre d’art total en se chargeant de dessiner tout le second œuvre : les murs en gré flammé du hall d’entrée, les garde-corps, la fontaine extérieure, les rampes d’escaliers, les vitraux, les lambris, les cheminées, les papiers peints, etc. Soucieux d’offrir aux habitants toutes les commodités modernes, il installe même une cabine téléphonique dans le vestibule principal !
Le Castel dérangé
Première habitation à loyer modéré de ce style, cet immeuble novateur étonne et dérange les parisiens qui le surnomment le « Castel dérangé » ou la « Maison des Diables ». Cette œuvre inclassable était-elle si dérangeante ? Ce ne fut pourtant pas l’avis des autorités de l’époque qui le font classer Monument Historique peu de temps après sa construction, chose extrêmement rare.
Le Castel Béranger est commentée au cours de la visite guidée de l’Art nouveau. Cet immeuble étant constitué d’appartements privés, les espaces intérieurs ne se visitent pas.
Pour l’architecte Hector Guimard, voir également l’hôtel Hector Guimard, l’école du Sacré-Cœur, la synagogue de la rue Pavée, l’immeuble de bureaux rue de Bretagne, la villa la Hublotière, l’hôtel Paul Mezzara.
Sources :
Crosnier Lecomte (Marie-Laure), Guide du promeneur 16e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
Adresse : 12 rue Jean de la Fontaine
Métro : Jasmin ou Ranelagh
Arrondissement : 16e
Téléphone :