Le Musée Jacquemart-André
Un couple passionné d’Art
Edouard André (1833- 1894) appartient à une dynastie de négociants et de banquiers protestants. Originaires de Nîmes, les André prospèrent dans le commerce de la soie au XVIIe siècle. Dominique André s’installe à Paris au début du XIXe siècle. Il fonde la banque André dirigée par ses fils Marie-Jean et Ernest jusqu’à sa fermeture en 1896. Edouard André (1833-1894) est le fils d’Ernest André. Destiné à une carrière militaire, il démissionne de l’armée en 1830 et décide alors de consacrer sa fortune à l’achat d’œuvres d’art (tableaux, objets, mobilier). Député du Gard de 1864 à 1870, Edouard André prend la décision de se consacrer exclusivement à ses collections. En juin 1881, il épouse la peintre Nélie Jacquemart (1841-1912) qui venait de faire son portrait. Le couple partage la même passion pour les œuvres d’art et parcourt l’Europe, notamment l’Italie où ils acquièrent de nombreux tableaux Renaissance.
Une demeure dans l’esprit du XVIIIe siècle
Les Jacquemart-André confient à l’architecte Henri Parent (1819-1895) la construction d’une vaste demeure pour y abriter leur collection. Les travaux durent de 1868 à 1875. L’architecte s’inspire manifestement du XVIIIe siècle français. Surplombant le boulevard, la façade sur le jardin est rythmée par des pilastres composites d’ordre colossal (ils embrassent deux niveaux) encadrant des baies en plein cintre au rez-de-chaussée et rectangulaires à l’étage. Au centre, l’avant-corps est traité en rotonde coiffée d’un dôme. Le porche situé à droite ouvre sur un passage conduisant par une rampe à la cour d’honneur située à l’arrière. La façade sur la cour présente un avant-corps précédé d’un portique sur colonnes. La grande marquise qui précédait le vestibule a aujourd’hui disparu. Au premier étage, la grande baie éclaire l’atelier de Nelly Jacquemart orienté au nord.
De somptueuses pièces de réception
Le vestibule ouvre à gauche sur le salon des Peintures qui communique avec le Grand Salon : habillé de boiseries blanches et or, celui-ci occupe la rotonde centrale donnant sur le jardin. A droite du Grand Salon, on pénètre dans un grand salon à l’italienne (c’est-à-dire d’une hauteur double avec une galerie à l’étage supérieur) occupé par le Salon de Musique; son plafond est orné du Triomphe d’Apollon par le peintre Pierre-Victor Galland. On découvre ensuite la vaste salle à manger puis le Jardin d’hiver qui donne sur le spectaculaire escalier à volée double. Conçu en marbre et doté d’une rampe à motif de spirales, il s’élève en spirale, suspendu dans le vide, vers le 1er étage. A gauche du Grand Salon, on peut également admirer le Salon des Tapisseries, le Cabinet de Travail, le Boudoir, la Bibliothèque, ainsi que la chambre de Monsieur et celle de Madame. Au 1er étage se situent une autre partie des collections et les espaces d’expositions temporaires.
Un leg à l’Institut de France
A la mort d’Edouard André en 1894, son épouse achève le futur musée. Conformément aux souhaits de son mari, Nelly Jacquemart-André lègue à sa mort en 1912 l’hôtel et ses collections ainsi que l’abbaye de Chaalis (située dans l’Oise) à l’Institut de France. En 1913, le musée Jacquemart-André ouvre ses portes. Comme le musée Nissim de Camondo, ce musée présente l’intérêt de montrer des œuvres réunies par un couple de collectionneurs dans leur cadre d’origine.
Une fabuleuse collection d’Art français du XVIIIe siècle
Outre le mobilier et les objets d’art français du XVIIIe, la peinture française est remarquablement représentée : Chardin, Fragonard, Greuze, Nattier, Watteau, Prud’hon, David. La sculpture occupe aussi une place de choix avec des œuvres de Coustou, Jean-Baptiste Lemoyne, Pigalle, Pajou, Bouchardon, Clodion, Falconet, Vassé. Les collections comptent également 82 peintures italiennes (Tiepolo, Canaletto) et d’importants tableaux flamands (Van der Weyden, Van Dyck), hollandais (Rembrandt, Ruysdael, van Goyen) et anglais. D’excellentes expositions temporaires y sont également organisées régulièrement.
Horaires d’ouverture : Le musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h, jusqu’à 20h30 les lundi en période d’exposition.
Pour l’architecte Henri Parent, voir également l’hôtel Emile-Justin Menier, l’hôtel Henri Menier, l’hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville, l’hôtel Le Marois, l’hôtel Edouard André, l’hôtel Gaston Menier, l’hôtel de Mortemart.
Sources :
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 158 boulevard Haussmann
Métro : Miromesnil
Arrondissement : 8e
Téléphone : 01 45 62 11 59