Le couvent de
la Madeleine de Traisnel
La rue de Charonne compte trois couvents au XVIIe siècle : les Dominicaines de la Croix au n° 94 (démoli), le prieuré Notre-Dame de Bonsecours au n° 99-101 et les bénédictines de la Madeleine de Traisnel au n° 100.
Très ancienne, la communauté de la Madeleine est fondée à Traisnel en Champagne au XIIe siècle. Elle va devoir fuir les guerres de religion. D’abord réfugiées à Melun en 1629, les religieuses s’installent à Paris en 1652. A partir de 1664, un couvent et une chapelle sont bâtis sur un terrain situé rue de Charonne. Le reine Anne d’Autriche pose la première pierre de la chapelle. Le couvent occupe une superficie de 42 hectares en bonne partie dédiées aux cultures maraîchères. A partir de 1724, les religieuses ouvrent un petit commerce d’eau de toilette à la lavande.
Comme d’autres couvents situés à proximité de Paris, le couvent de la Madeleine accueille les jeunes filles de la noblesse et sert également de lieu de retraite. Le ministre puis garde des sceaux Marc-René de Voyer (1652-1721), marquis d’Argenson (voir l’hôtel d’Argenson), aime y séjourner pour prier. Généreux bienfaiteur du couvent, il finance la construction de nouveaux bâtiments et la décoration de la chapelle. Ce sont d’ailleurs les Argenson qui font appel à l’architecte Jean-Sylvain Cartaud qui travaille à cette époque pour plusieurs grandes familles du royaume. La fille du Régent, Louise-Elisabeth d’Orléans (1709-1742), se retire au couvent après la mort de son mari, le roi Louis 1er d’Espagne, en 1724. Elle y est enterré en 1742 .
Devenu propriété nationale à la Révolution, le couvent est transformé en 1801 en filature de coton par deux manufacturiers, François Richard et Joseph Lenoir-Dufresne. C’est la première filature de coton installée dans Paris intra-muros. L’entreprise prospère et possède de nombreuses filatures en province. Mais elle périclite à la chute de l’Empire et ferme ses portes.Dans les années 1970, l’ancien couvent accueille l’atelier de clavecins de Reinhard von Naguel et William Dowd. Des concerts y sont donnés tandis que les instruments décorés par Chagall, Pierre Alechinsky, Jiri Kolar et Olivier Debré y sont exposés. Menacé de destruction, le couvent a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des MH en 1990 et entièrement restauré. Il est séparé en appartements locatifs. L’immeuble sur rue est fermé par un digicode.
Le couvent de la Madeleine de Traisnel se signale sur la rue de Charonne par trois baies cintrées surmontées d’une corniche à redents. Bâti en pierre de taille et moellons enduits, le couvent exprime la simplicité et la rigueur des édifices classiques à vocation religieuse. A gauche dans la cour se dresse une longue aile avec un avant-corps saillant. Cet avant-corps est l’ancien clocher de l ‘église construite en 1717. Les bâtiments ont du être profondément remaniés lors de la transformation du couvent en manufacture au début du XIXe siècle. La chapelle a d’ailleurs entièrement disparu. Seul un mur donnant sur la cour laisse deviner son emplacement. Au fond de la cour, une autre aile ouvrait sur l’ancien jardin (loti). Sous le passage, un escalier à balustres datant du XVIIe siècle monte aux étages. Il donnait aux religieuses un accès privé à la chapelle.
Pour l’architecte Jean-Sylvain Cartaud, voir également l’hôtel de Boisgelin, le pavillon d’Orléans, la confrérie des Orfèvres, l’église Notre-Dame des Victoires, l’église des Blancs-Manteaux, le lotissement de l’hôtel de Choiseul.
Source :
Chadych (Danielle) et Leborgne (Dominique), Vie et histoire du 11e arrondissement, Paris, Hervas.
Adresse : 100 rue de Charonne
Métro : Charonne
Arrondissement : 11e
Téléphone :