La résidence
de l’ambassadeur du Japon
L’hôtel Pillet-Will
L’hôtel de Feuquières
En 1718, l’architecte Jacques V Gabriel édifie un hôtel particulier pour le compte de Blouin, premier valet de chambre de Louis XIV. La demeure appartient ensuite à Catherine-Marguerite Mignard : ancienne maîtresse de Blouin, elle devient comtesse de Feuquières par son mariage. Elle est par ailleurs la fille du grand peintre Pierre Mignard et elle lui servit de modèle pour de nombreux portraits. En 1803, l’hôtel est habité par Joseph Bonaparte, frère de Napoléon. Il est ensuite la propriété du duc Decrès, puis du maréchal Suchet, duc d’Albuféra.
L’hôtel Pillet-Will
L’ hôtel est acheté en 1887 par le comte Frédéric Pillet-Will (1837-1911). Issu d’une famille de banquiers, il est directeur de la Caisse d’Epargne de Paris mais aussi régent de la Banque de France de 1871 à 1890. Il a également acquis l’un des plus beaux vignobles du Bordelais, le château Margaux. Frédéric Pillet-Will fait raser l’hôtel de Feuquières pour bâtir une nouvelle demeure plus à son goût. Par chance, une partie des décors de l’hôtel est sauvée par l’écrivain et historien Paul Marmottan (voir le musée Marmottan-Monet).
La résidence de l’ambassadeur du Japon
L’hôtel Pillet-Will connaît lui-aussi un destin funeste : il est rasé en 1965 après son acquisition par le Japon. L’architecte Junzo Sakakura est alors chargé de concevoir la future résidence de l’ambassadeur du Japon. Seul le bâtiment sur rue, un commun de l’hôtel Pillet-Will datant du XIXe siècle, est épargné. Symbole du renouveau du Japon et de son statut de grande puissance économique, le bâtiment doit symboliser la modernité. Le plan est « libre » et des cloisons mobiles permettent de constituer des sous-espaces. Les deux façades sont dotées de murs-rideaux offrant un maximum de transparence : elles sont réalisées par les ateliers de Jean Prouvé. Dès la cour d’honneur, le regard du visiteur est porté vers le jardin situé à l’arrière de la résidence, grâce à un système de parois et portes coulissantes.
Une décoration dessinée par Charlotte Perriand
Sakakura confie toute la décoration intérieure à son amie, la designer Charlotte Perriand (1903-1999), qui avait vécu au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Une partie du mobilier est intégrée à l’architecture l’autre doit rester mobile. La designer fait également appel à plusieurs artistes japonais chargés de réaliser certains éléments forts, comme le totem de pierre brut et de bois qui accueille les visiteurs à l’entrée, œuvre de Sofû Teshigahara. Au fil du temps, les occupants successifs de la résidence se sont séparés du mobilier d’origine. Seules des photographies témoignent encore de la beauté des espaces intérieurs aménagés par Charlotte Perriand.
Pour l’architecte Jacques Gabriel V, voir également la place Vendôme, le Palais-Bourbon, le siège de Paribas.
Pour l’architecte et ingénieur Jean Prouvé, voir également le Palais omnisport de Bercy, le Palais de la Porte Dorée, l’immeuble de logements square Mozart, l’école Boulle, le foyer de jeunes de Charonne, l’immeuble d’habitation rue Jean de Beauvais, le siège de la Fédération nationale du Bâtiment, le 55 Grenelle.
Sources :
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Un voyage au Japon
Adresse : 31 rue du Faubourg Saint-Honoré
Métro : Concorde
Arrondissement : 8e
Téléphone :