La fondation
Jérome Seydoux-Pathé
Le théâtre des Gobelins
En 1869, Henri Larochelle, directeur de théâtre, fait construire le théâtre des Gobelins par l’architecte Alphonse Cusin. Le décor de la façade est réalisé par un jeune sculpteur encore inconnu : Auguste Rodin (1840-1917). Deux figures masculines et féminines représentent la tragédie (l’homme) et la comédie (la femme). A l’intérieur, la salle conçue à l’italienne peut accueillir jusqu’à 800 spectateurs. On y joue essentiellement des pièces à grand spectacle.
La société Pathé Frères, pionnière du cinéma
Pathé Frères a été fondé en 1896 par deux frères, Charles et Emile Pathé. Spécialisée à son origine dans la vente de produits phonographiques, la société se diversifie très vite : fabrication de matériel de prises de vue, développement de négatifs, coloriage de films, tirages de copies et même tournage de films. A ses débuts en 1895, le cinématographe inventé par les frères Lumière est présenté dans les foires, les cafés-concerts et les brasseries. Les frères Pathé vont avoir l’idée de les diffuser dans des salles de spectacle avant la naissance de salles entièrement dédiées au cinéma. A partir de 1906, la société Pathé Frères commence à diffuser des films documentaires, dramatiques, politiques et comiques au théâtre des Gobelins. Les films sont muets mais la projection est toujours accompagnée d’une ambiance musicale avec un pianiste qui joue dans la salle.
Une salle de cinéma
En 1934, l’ancien théâtre devient une salle de cinéma. En 1993, il est restauré et dispose désormais de deux salles ; il est alors rebaptisé le Gaumont-Gobelins-Rodin. Il ferme finalement ses portes en 2003.
La fondation Jérome Seydoux-Pathé
Propriétaire de la société Pathé qu’il a rachetée en 1990, Jérome Seydoux décide avec son épouse Sophie de créer en 2006 la fondation Jérome Seydoux-Pathé : elle se donne pour mission de conserver et de mettre à disposition du public le patrimoine historique de la société Pathé. En effet, Pathé dispose d’un exceptionnel fond d’archives administratives et juridiques et de plusieurs collections dans le domaine du cinéma : du matériel iconographique et publicitaire, des documents imprimés, des appareils et accessoires cinématographiques, des objets, une bibliothèque d’ouvrages et de périodiques, et surtout un fond de 10.000 films (dont 9.000 films muets).
Un écrin idéal pour la fondation
Admirateurs du travail de l’architecte Renzo Piano, Jérome et Sophie Seydoux font appel à son agence pour imaginer un lieu parisien destiné à abriter la fondation et à même de la faire rayonner. Le site de l’ancien théâtre des Gobelins où furent diffusés les premiers films Pathé est alors retenu. Le site n’est pas commode pour des travaux de construction : enfermé en milieu d’îlot, il est uniquement accessible par une étroite façade sur l’avenue des Gobelins. Renzo Piano et son équipe décident alors de conserver uniquement la façade (classée et donc protégée) et de démolir l’ancienne salle de spectacle.
Un étonnant bâtiment organique
Vraisemblablement inspiré de l’univers marin (une coque de bateau, une baleine ou un coquillage ?), un nouvel édifice à l’aspect organique est bâti en cœur d’ilot entre 2008 à 2014. La parcelle étant inaccessible par de gros engins, tous les éléments sont préfabriqués puis montés sur place, à l’exception de la coque du bâtiment, constituée d’un béton de 23cm d’épaisseur projeté directement sur une ossature métallique. De forme ovoïde (un clin d’œil aux rotondes d’angle parisiennes), le bâtiment s’appuie sur les murs aveugles qui l’entourent et monte verticalement pour aller chercher la lumière. Revêtu d’une coque d’aluminium gris, il rend également hommage aux toits parisiens en zinc.
Un jardin poétique
Au rez-de-chaussée, le bâtiment est entièrement vitré : invitation à y entrer, il laisse à voir depuis l’avenue des Gobelins le jardin situé à l’arrière, un lieu silencieux à l’abri des bruits de la ville. Au-dessus s’élèvent trois étages entièrement aveugles destinés à la bonne conservation des archives. Les deux derniers étages sont vitrés : ils abritent le centre de recherche et de documentation ainsi que l’administration. Portée par une charpente métal et bois, cette coque de verre est constituée de panneaux à double courbure fabriqués grâce à 140 moules sur mesure. A l’extérieur de cette coque, des panneaux d’aluminium perforé servent de brise-soleil et isolent visuellement les chercheurs des immeubles avoisinants.
La programmation de la fondation
Au sous-sol, la salle Charles Pathé fait revivre des chefs d’œuvre du cinéma muet. Tous les films projetés sont accompagnés par un pianiste. Au 1er étage, une galerie expose 150 appareils cinématographiques appartenant à la collection de la fondation. Enfin des expositions temporaires sont régulièrement organisées sur deux niveaux. Au dernier étage, le centre de documentation offre aux chercheurs la possibilité de consulter l’intégralité des archives Pathé sur rendez-vous. Enfin, pour les fans d’architecture contemporaine, une visite architecturale du bâtiment est organisée chaque samedi à 12h avec un conférencier, suivi d’un documentaire sur le chantier de construction.
Horaires d’ouverture de la salle Charles Pathé et des expositions temporaires : le mardi et le vendredi de 14h à 20h30, le mercredi et le jeudi de 14h à 19h, le samedi de 11h30 à 19h.
Pour l’architecte Renzo Piano, voir également le centre Pompidou, l’IRCAM, les logements rue de Meaux, l’ex-siège de Virgin/EMI, la maison de l’ordre des Avocats, le Tribunal de Paris.
Sources :
Langlois (Gilles-Antoine), Guide du promeneur 13e Arrondissement, Paris, Parigramme, 1996
Fondation Jérome Seydoux-Pathé
Adresse : 73 avenue des Gobelins
Métro : Place d’Italie
Arrondissement : 13e
Téléphone : 01 83 79 18 96