Le siège
du ministère de la Défense
L’hôtel de Brienne
François Duret, président au Grand Conseil, fait partie des grands spéculateurs du faubourg Saint-Germain au début du XVIIIe siècle. A partir de 1725, il fait élever une gracieuse demeure pour le compte de la marquise de Prie, maîtresse du duc de Bourbon. Louis IV Henri de Bourbon-Condé, duc de Bourbon et 7e prince de Condé, est un prince du sang : il est le fils de Louis III de Bourbon et de Louise Françoise de Bourbon, dite « Melle de Nantes » (voir le Palais-Bourbon), fille légitimée de Louis XIV et de la marquise de Montespan. L’architecte de cette demeure a travaillé plusieurs fois pour le président Duret : il s’agit de François Debias-Aubry (mort en 1773). A l’intérieur, un remarquable décor de boiseries est l’œuvre des sculpteurs Antoine Fauquière et Michel Lelièvre.
Les deux façades, sur cour et sur jardin, présentent le même ordonnancement : au centre de la composition, un avant-corps est composé de 3 travées encadrées de pilastres doriques au rez-de-chaussée, ioniques au premier étage. Au-dessus, le fronton triangulaire est orné d’un décor sculpté caractéristique du style rocaille. Les façades sont décorées d’agrafes et de mascarons sculptés aux clés des baies. Dès 1726, la marquise de Prie renonce à s’installer dans l’hôtel, suite à la disgrâce du duc. Celui-ci est vendu à la marquise de la Vrillière. En 1733, il est cédé à Louise Elisabeth de Bourbon (1693-1775), princesse de Conti, fille de Louis III de Bourbon et de Louise Françoise de Bourbon. A cette époque, des travaux d’aménagement intérieur sont confiés à l’architecte Nicolas Simonnet.
Après sa mort, l’hôtel est cédé en 1776 à Louis-Athanase de Loménie (1730-1794), comte de Brienne. Lieutenant-général des armées du roi, il est secrétaire d’Etat à la Guerre de 1787 à 1788. Il est guillotiné le 10 mai 1794, et laisse son nom à l’hôtel qu’il occupait. D’abord confisqué, l’hôtel est restitué en 1795 à la comtesse de Brienne. Il est vendu en 1798 à François Séguy, entrepreneur général des subsistances militaires. Il est revendu en 1802 à Lucien Bonaparte, ministre de l’intérieur, qui le fait réaménager à son tour. Sous l’Empire, Maria Laetizia Ramolino, mère de l’Empereur, en fait sa résidence principale ; elle fait exécuter des travaux par Louis-Ambroise Dubut. En 1817, elle accepte de le vendre à l’Etat qui en fait la résidence du ministre de la Guerre, rebaptisé plus tard ministre de la Défense.
Le général de Gaulle y occupe un bureau du 26 août 1944 au 20 janvier 1946. C’est pour cette raison qu’une croix de Lorraine a été sculptée dans le fronton de la façade sur cour. A l’initiative de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, le bureau occupé à l’hôtel de Brienne par Georges Clémenceau, président du Conseil de 1917 à 1920 et ministre de la Guerre, a été reconstitué presque à l’identique en 2014.
En 2015, le siège du ministère de la Défense déménage dans le nouveau « Pentagone » construit dans le quartier Balard. Le ministre et ses services ont toutefois choisi de rester à l’hôtel de Brienne… probablement plus par prestige que par nécessité.
Pour l’architecte François Debias-Aubry, voir également l’hôtel de Villeroy, l’hôtel de Chimay, l’hôtel Thoinard, l’hôtel du Tillet de La Bussière, l’hôtel de Salm-Dyck, la maison Juliennet, l’hôtel Jacques-Samuel Bernard.
Sources :
Colin-Bertin (Françoise), Le guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Hachette, 1994.
Adresse : 14-16 rue Saint-Dominique
Métro : Solférino
Arrondissement : 7e
Téléphone :