L’avenue Frochot
sublime résidence d’artistes
Une avenue résidentielle prisée des artistes
L’avenue Frochot est ouverte en 1830. A l’origine, elle ouvre sur la rue Victor Massé au sud et sur la place Pigalle au nord. L’entrée place Pigalle est maintenant condamnée. Fermée par des grilles, elle abrite essentiellement des maisons cossues, hôtels particuliers, ateliers d’artistes et quelques immeubles bas. Depuis son ouverture, elle a vu défiler un nombre incroyable artistes sûrement attirés par son cadre enchanteur et son calme. Au fil des numéros, on découvre un florilège de styles architecturaux : classique, néoclassique, néo-gothique, néo-Renaissance, flamand. Faute de pouvoir y entrer, je vous propose une visite guidée en photos !
Le n°1 avenue Frochot : la maison maudite
Ce minuscule hôtel particulier est sans doute le plus pittoresque de l’avenue avec sa façade néo-gothique. Son histoire plutôt sombre fait frémir… Le compositeur Victor Massé (1822-1884) y vécut de nombreuses années à la fin de sa vie, alité et paralysé par une sclérose en plaque. Après lui, le directeur des Folies Bergères achète la maison. Sa femme de ménage, à qui il lègue sa fortune, y est sauvagement assassinée à coup de tisons ; son meurtrier ne fut jamais retrouvé. Bien plus tard, la chanteuse Sylvie Vartan en fait l’acquisition mais curieusement, elle s’en débarrasse peu de temps après y avoir emménagé.
Plus récemment, le critique littéraire Matthieu Galey (1934-1986) achète la maison qu’il surnomme « mon tombeau gothique »; il meurt peu de temps après d’une sclérose latérale amyotrophique. Galey a laissé un intéressant « journal » (1974-1986) où il décrit non sans ironie le monde artistique et politique de son époque. Enfin, Patrick de Brou de Laurière (1928-2010) en devient le propriétaire. Pianiste virtuose, collectionneur de voitures anciennes et grand mécène, il a laissé un fond de dotation qui finance la recherche médicale et fait la promotion de l’Art Thérapie. Dans un documentaire qui lui est consacré, l’artiste est filmé dans sa maison parisienne.
Le n°2bis avenue Frochot
L’auteur dramatique Eugène Brieux (1858-1952) a vécu dans cet hôtel particulier de 1913 à 1932.
Le n°3 avenue Frochot
Ce bel hôtel particulier est jumeau avec l’hôtel particulier du n°5. Ils sont tous les deux construits dans les années 1830-1840 dans le style néo-classique et sont inspirés des villas palladiennes. La célèbre cantatrice Régine Crespin (1927-2007) y vécut jusqu’à sa mort.
Le n°5 avenue Frochot
Le romancier et dramaturge Paul Meurice (1820-1905) y habite à partir de 1865. Il y héberge son grand ami Victor Hugo lors de retour d’exil à Guernesey en 1870. Exécuteur testamentaire de Victor Hugo, Meurice fonde en 1903 le musée Victor Hugo situé place des Vosges.
Le n°6 avenue Frochot
Comme le rappelle une plaque sur la façade, le guitariste Django Reinhardt (1910-1953) a habité dans cette maison. Le peintre Henri Guinier (1867-1927) eut également son atelier à cette adresse.
Le n°7 avenue Frochot
Le grand chef d’orchestre Charles Lamoureux (1834-1899) a vécu dans cette très belle maison.
Le n°8 avenue Frochot
Cet immeuble en brique abrite plusieurs ateliers d’artistes sans que l’on sache très exactement qui y a vécu.
Le n°9 avenue Frochot
Cette petite maison d’époque Louis-Philippe est littéralement noyée sous la végétation. Sa façade incurvée épouse la forme de la petite place circulaire située devant elle.
Le n°13 avenue Frochot
Cette maison en brique est inspirée de l’architecture flamande. Elle fut habitée par le peintre Paul Merwart (1855-1902), peintre de la Marine et des Colonies.
Une longue liste d’artistes célèbres
D’autres artistes très célèbres des XIXe et XXe siècles eurent leur atelier ou résidèrent également dans l’avenue : le peintre symboliste Gustave Moreau, le peintre Eugène Isabey, le peintre William Haussoulier, le peintre orientaliste Théodore Chassériau, le peintre Vincent Vidal, le peintre Henri de Toulouse-Lautrec, le cinéaste Jean Renoir.
Un des décors du film « Les Quatre Cent Coups »
L’avenue Frochot a également inspiré le réalisateur François Truffaut (1932-1984) : il y tourne une scène des « Quatre Cents Coups » (1959), sa première collaboration Jean-Pierre Léaud, qui deviendra son acteur fétiche. Il faut dire que Truffaut est un enfant du quartier. Ses grands-parents, Jean et Geneviève de Montferrand, ont habité rue Henri-Monnier et ses parents rue de Navarin (au n°33). Dans le film, Antoine Doinel emprunte l’avenue Frochot et sa minuscule place ronde. On reconnaît très bien le lieu à l’écran.
Fermée par une grille, l’avenue Frochot est malheureusement inaccessible. Plusieurs personnalités du show-business y résident et souhaitent préserver leur tranquillité. Le gardien a des consignes très strictes pour n’y laisser entrer personne et met beaucoup de zèle à les appliquer…
Sources :
Goldemberg (Maryse), Guide du promeneur 9e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Le parcours imaginaire – 3 juin 2012.
Adresse : avenue Frochot
Métro : Pigalle
Arrondissement : 9e
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