Le couvent des Feuillants
(démoli)

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Un monastère royal

Le couvent des Feuillants ou monastère royal de Saint-Bernard est fondé en 1582 par le roi Henri III. Il va accueillir les religieux de l’ordre réformé des Feuillants, originaires de Notre-Dame des Feuillants près de Toulouse. A la place de l’hôtel des Carneaux, le couvent s’installe entre les n°229 et 235 de la rue Saint-Honoré. A l’arrière, ses jardins s’étendent jusqu’à la salle du Manège (abritant une académie équestre jusqu’à la Révolution), emplacement correspondant aujourd’hui à la rue de Rivoli.

Le couvent des Feuillants - Le portail

Le couvent des Feuillants – Le portail sur rue

Plusieurs architectes de premier ordre

L’édification du couvent est confiée aux plus grands architectes de l’époque. Le plan d’origine est l’œuvre de Jacques II Androuet du Cerceau, l’un des architectes du palais du Louvre. Plus tardif, le portail sur la rue est construit entre 1676 et 1677 selon les plans de l’architecte Libéral Bruant. Ce portail est surmontée d’un bas-relief, œuvre du sculpteur Michel Anguier : il représente le roi Henri IV montrant les plans de l’église aux religieux. Au-dessus, les armes de la France et de la Navarre sont sculptées dans grand fronton triangulaire. L’église du couvent est consacrée à Saint-Bernard de Clairveaux. C’est l’une des premières églises édifiées à Paris selon les principes établis depuis la Contre-Réforme : comme à l’église du Gésu à Rome, le transept est peu saillant et les bas-côtés sont remplacés par de simples chapelles.

Le couvent des Feuillants - La façade de l'église

Le couvent des Feuillants – La façade de l’église

La façade dessinée par François Mansart

Le morceau de bravoure reste la façade de l’église. Un tout jeune architecte, François Mansart (1598-1666), en fournit le dessin ; c’est d’ailleurs sa première commande importante. Inspirée de l’église Saint-Gervais légèrement antérieure, la façade est animée par des chapiteaux doubles de style ionique au premier niveau et de style corinthien au deuxième niveau. Plus singulières, des pyramides à bossages couronnent les deux extrémités du deuxième niveau.

L’ enfer pour les livres hérétiques

L’église est complétée par les habituels bâtiments conventuels : bibliothèque, apothicairerie, réfectoire, salle du chapitre, dortoirs et cloître. La bibliothèque est connue pour abriter des livres hérétiques cachés dans un lieu baptisé « l’Enfer ». La Bibliothèque Nationale de France a d’ailleurs repris ce terme pour conserver les livres interdits.

Madame de La Sablière

La célèbre salonnière Madame de La Sablière (voir la Folie-Rambouillet) habite un moment le couvent vers 1780 dans un logement au-dessus de l’entrée. Elle y accueille son protégé, le poète Jean de La Fontaine, vers 1673. C’est ici qu’il écrit la 3e et 4e partie de ses Fables.

Le club des Feuillants

A la Révolution, le couvent est nationalisé. L’assemblée s’installant dans la salle du Manège voisine, le club des Feuillants se réunit dans le couvent à partir de 1790 ; ce club est une faction dissidente du club des Jacobins voisin. Composé de modérés partisans d’une monarchie constitutionnelle, le club des Feuillants disparaît après la journée du 10 août 1792 qui signe la chute de la monarchie. Ses membres les plus célèbres sont Antoine Barnave, le marquis de La Fayette ou Alexandre de Lameth. En 1802, le couvent des Feuillants est démoli dans la perspective d’ouvrir les rue de Castiglione et de Rivoli.

Le couvent des Feuillants : vestige du chevet de l'églsie

Le couvent des Feuillants : vestige du chevet de l’église

Un modeste vestige

Dans la cour du n° 229 rue Saint-Honoré, il subsiste un mur arrondi correspondant au chevet de l’église du couvent. A côté du couvent, les Feuillants ont également faire construire par l’architecte Jacques Denis Antoine de très élégants immeubles de rapport qui subsistent aux n° 229 à 235 rue Saint-Honoré.

Pour l’architecte François Mansart, voir également l’église de la Visitation Sainte-Marie, l’hôtel de la Vrillière, l’hôtel de Guénégaud, l’hôtel Carnavalet, l’abbaye du Val-de-Grâce, la Bibliothèque nationale, le couvent des Minimes, l’hôtel Bouthillier de Chavigny, le château de Maisons-Laffittela Galerie dorée de la Banque de Francele château de Guiry-en-Vexin.

Source :
Godoÿ (Philippe), Guide du promeneur 1er Arrondissement, Paris, Parigramme 1995.

Adresse : 229 rue Saint-Honoré

Métro : Tuileries

Arrondissement : 1er

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