L’hôtel de La Vieuville
Le séjour de Navarre
Du n°45 au n°53 rue Saint-André des Arts s’élevait depuis le XIIIe siècle le « séjour de Navarre » : habité par Jeanne de Navarre, épouse de Philippe Le Bel, cette vaste résidence avec dépendances est cédée vers 1350 à Philippe d’Orléans, frère du roi Jean le Bon. Elle prend alors le nom de « séjour d’Orléans ». En 1485, le domaine est morcelé en trois parties. La plus célèbre, « la Maison de l’éléphant », est bâtie avant 1505 pour le compte de Jacques Coytier. Médecin de Louis XI, cet homme opportuniste et dévoré d’ambition avait réussi à obtenir la charge prestigieuse de président de la Chambre des Comptes de Paris.
L’hôtel de La Vieuville
En 1640, la propriété de Coytier est morcelée en deux lots, les n°47 et 49 rue Saint-André des Arts. Le n°47 est acquis par Charles 1er de La Vieuville (1583-1653), surintendant des finances de Louis XIII, qui y fait édifier un hôtel particulier. En 1663, les deux lots sont à nouveau réunis. En 1728, le propriétaire, François de Renouard de Villayers (1692-1738), fait effectuer des travaux de modernisation de l’hôtel de La Vieuville. Ainsi les fenêtres du premier étage sont agrémentées de garde-corps dont les ferronneries sont ciselées avec virtuosité dans le style Louis XV.
Une travée centrale très décorative
En 1740, l’architecte Jacques-Richard Cochois transforme à nouveau l’hôtel. On lui attribue l’admirable portail de style rocaille que nous voyons aujourd’hui : l’arcade centrale en anse de panier repose sur deux piliers carrés. Elle est sommée d’un mascaron de faune placé dans un cartouche et surmontée d’une corniche reposant sur deux consoles finement sculptées. Au-dessus, la fenêtre moulurée du 1er étage est encadrée de pilastres à chapiteaux doriques sur lesquels repose le fronton brisé qui couronne la travée centrale : dans le fronton, un gracieux motif sculpté entoure un cartouche relié à l’agrafe de la fenêtre.
La galerie Kamel Mennour
Au fond de la cour se dresse le logis encadré d’ailes perpendiculaires. Assez curieusement, l’aile sur la droite est reliée au logis par une rotonde coiffée d’un dôme. Consacrée à la création contemporaine, la galerie Kamel Mennour (qui compte plusieurs espaces d’exposition dans Paris) occupe une partie du logis.
Pour l’architecte Jacques-Richard Cochois, voir également l’hôtel de Refuge, l’hôtel Sulkowski, la maison Aubry.
Sources :
Hillairet (Jacques), Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, éditions de Minuit, réédition de 1997.
Leborgne (Dominique), Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Adresse : 47 rue Saint-André des Arts
Métro : Odéon ou Saint-Michel
Arrondissement : 6e
Téléphone :