Les maisons Trouard
Les riches artisans du faubourg Poissonnière
Avec la présence de l’hôtel des Menus-Plaisirs (intendance s’occupant des divertissements de la Cour), le faubourg Poissonnière compte parmi ses habitants plusieurs dynasties d’artisans, menuisiers ou sculpteurs marbriers. Les plus célèbres (et aussi les plus fortunées) sont les Adam, les Leprince et les Trouard. Fils d’un marchand boisellier, Louis Trouard (mort en 1767) possède le titre de « marbrier du roi » accordé par brevet royal en 1741 : ce titre lui accorde la préférence sur les chantiers royaux même si les « appels d’offre » sont pratiqués.
La maison Trouard, 11 rue du faubourg Poissonnière
Bâtie en 1740, la maison du n°11 est une élégante maison bourgeoise entièrement bâtie en pierre de taille comportant neuf travées. Elle comporte un rez-de-chaussée et deux étages carrés, le dernier couvert d’un toit à la Mansart. A l’intérieur, chaque étage comporte un grand et un petit appartement, parquettés et lambrissés, dotés de cheminées de marbre.
A partir de 1768, Louis Trouard la loue au peintre-doreur Jean-François Plou. L’artisan établit d’ailleurs son atelier dans un bâtiment dans la cour située à l’arrière. La maison Touard est revendue en 1781 à Morel de Chefdeville, intendant des Menus-Plaisirs.
La maison Trouard, 9 rue du faubourg Poissonnière
En 1758, Louis Trouard commande à son fils, l’architecte Louis-François Trouard (1729-1794), une nouvelle maison pour son terrain du n°9. Très remarquée, cette œuvre du tout jeune architecte va faire l’objet d’une publication : on vante la noble simplicité de la façade, sa composition rythmée et sa frise de grecques, appelée également guillochis. Inspiré à l’architecte lors son voyage d’étude à Rome, le décor est la première manifestation parisienne du style néoclassique, dix ans avant sa véritable éclosion.
Double en profondeur, le corps de logis comprend neuf travées : celle du centre et celles des extrémités sont isolées tandis que les six autres sont organisées en deux groupes de trois travées réunies par une frise de grecques. La maison comporte un rez-de-chaussée, deux étages carrés et un comble à la Mansart. L’appartement principal se situe à l’étage noble, le 1er étage, reconnaissable à sa grande hauteur sous plafond. Il est lambrissé, parquette et doté de cheminées en marbre. Le salon est richement décoré d’une cheminée de marbre vert à ornements de bronze doré, de glaces au cadre sculptées et de dessus de porte ornés de tableaux peints en camaïeux.
La grande bibliothèque se situe dans l’aile droite donnant sur la cour. L’aile gauche, plus basse, présente une façade ornée de trois bas-reliefs représentant des Saisons. Une fois achevée, la maison est aussitôt louée à un aristocrate, le président de Mezières. A la mort de Louis Trouard, la maison échoit à ses petits-enfants, issus du mariage de sa fille Elizabeth avec François Dubois, ingénieur en chef des ponts et chaussées de France et des ports maritimes de Normandie. La famille se sépare de la propriété en 1813. Les deux cours sont accessibles en semaine.
Pour l’architecte Louis-François Trouard, voir également l’hôtel de Crillon.
Sources :
Goldemberg (Maryse), Guide du promeneur 9e arrondissement, Paris, Parigramme, 1997
Mignot (Claude), Grammaire des immeubles parisiens, Paris, Parigramme, 2004.
Le Faubourg Poissonnière. Architecture, élégance et décor, Délégation à l’Action Artistique de la Ville de Paris, Paris, 1986.
Adresse : 9 et 11 rue du faubourg Poissonnière
Métro : Bonne Nouvelle
Arrondissement : 9e
Téléphone :