Les galeries et le jardin
du Palais-Royal

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Le jardin du Palais-Royal

Un projet de spéculation immobilière

Donné par Louis XIV à son frère, Monsieur, le Palais-Royal est la résidence parisienne de la famille d’Orléans de 1692 à la Révolution, puis de nouveau sous la Restauration. En 1780, Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres, en devient le propriétaire. Très endetté, très dépensier, il décide de transformer le jardin du Palais-Royal en une gigantesque opération immobilière capable de lui apporter de confortables revenus.

Les galeries du Palais-Royal

Victor Louis, l’architecte du théâtre de Bordeaux

Le duc de Chartres confie le projet à l’architecte Victor Louis qui vient d’illustrer son talent avec le théâtre de Bordeaux. Un immense quadrilatère est imaginé ; il entourera le jardin du Palais-Royal. Sur trois côtés, les bâtiments ouvriront sur trois nouvelles rues. Elles portent les noms des trois fils du prince : Valois, Montpensier et Beaujolais. Le projet consiste en des maisons toutes identiques ouvrant sur le jardin par 180 arcades rythmées par des pilastres corinthiens les séparant. Chaque maison est constituée d’un rez-de-chaussée et un entresol destinés à des commerces, surmontées d’appartements locatifs.

La galerie de Bois (au premier plan) et le jardin du Palais-Royal (au second plan)

Les Galerie de Bois

En 1784, les maisons sont achevées mais les travaux s’arrêtent faute d’argent. Il reste pourtant à fermer le quatrième côté (au Sud) par un corps de logis séparant la cour du Palais-Royal et le jardin. Jamais à court d’idées, le duc de Chartres fait construire un baraquement provisoire en bois (1786) : surnommées le « camp des Tartares », les Galeries de Bois sont constituées de deux rangées de boutique séparées par un passage central. Immédiatement louées, ces galeries remportent un succès foudroyant. On vient les admirer de Paris, de province, puis de l’Europe entière ! Rendez-vous des escrocs, des joueurs et des prostituées, on y vient également pour s’encanailler ou s’adonner aux jeux d’argent.

Les galeries du Palais-Royal

L’origine des passages couverts

Sans le savoir, le duc de Chartres vient d’inventer le passage couvert. Après lui, des bourgeois affairistes vont reprendre ce principe architectural : une cinquantaine de passages couverts « construits en dur » vont voir le jour entre 1799 et 1850. Ils seront éclairés par des verrières métalliques dont la fabrication est rendue possible grâce au perfectionnement du travail du fer. Provisoires, les galeries de Bois vont perdurer jusqu’en 1825. Elles sont remplacées en 1828 par la galerie d’Orléans : construite par l’architecte Pierre Fontaine, cette luxueuse galerie est bordée d’une double rangée de colonnes ; elle est éclairée par une verrière zénithale en fer et verre. Elle est démolie en 1935 à l’exception des deux rangées de colonnes.

Les galeries du Palais-Royal : le péristyle de Joinville

L’engouement pour les galeries du Palais-Royal

L’apogée des galeries du Palais-Royal dure de leur création en 1784 jusqu’en 1830. Tout d’abord, les cafés y fleurissent dès leur inauguration. Rendez-vous des intellectuels, artistes, journalistes, ils sont un des terreaux de la Révolution française avant la chute de la monarchie. Les premiers restaurants y font fureur : Véry, Aux Frères Provençaux puis Véfour. Leur attractivité est aussi renforcée par la présence de deux salles de théâtre au Palais-Royal : la Comédie Française ou salle Richelieu (1799) et le théâtre Montensier (1784, puis rebaptisé théâtre du Palais-Royal). Les boutiques (près de 400) rivalisent de luxe : joailleries, tailleurs, magasins de mode, librairies, etc. La prostitution et le jeu continuent à y prospérer jusqu’à leur interdiction respective en 1830 et 1836.

Les galeries du Palais-Royal

Une belle endormie au XXe siècle

Suivant à peu près le même sort que les passages couverts, les galeries du Palais-Royal passent de mode dans la seconde moitié du XIXe siècle au profit des Grands Boulevards et du quartier de l’Opéra. Comme on l’a dit, la superbe galerie d’Orléans est démontée en 1935, ouvrant la perspective du palais vers le jardin au Nord. Deux grands artistes vont faire du Palais-Royal leur lieu de résidence, lui redonnant une certaine notoriété après guerre : l’écrivaine Colette (1873-1954) et le poète Jean Cocteau (1889-1963).

Les galeries du Palais-Royal : la boutique Serge Lutens et son décor mauve revisitant le style néo-classique

L’arrivée des créateurs de mode

A l’aube du XXIe siècle, les galeries du Palais-Royal retrouvent une certaine attractivité avec la présence de plusieurs créateurs qui y ont installé leur boutique : le chausseur Pierre Hardy, les stylistes Rick Owen, Jérôme Dreyfus, Acne Studio, les parfumeurs Serge Luthens et Les Parfums de Rosine, etc.

Pour découvrir l’histoire brillante des galeries du Palais-Royal, vous pouvez suivre une visite guidée des Passages Couverts ou une visite guidée de Paris sous la Révolution avec l’un de nos guides.

Pour l’architecte Victor Louis, voir également le Palais-Royal, la Comédie-Française, l’église sainte-Marguerite, le prieuré Notre-Dame de Bonsecours, le théâtre du Palais-Royal.

Sources :
Moncan (de) Patrice, Le nouveau guide des Passages Couverts, Paris, Editions du Mécène, 2011.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Hachette, Paris, 1994.

Adresse : rue de Valois, rue de Beaujolais, rue de Montpensier

Métro : Palais-Royal

Arrondissement : 1er

Téléphone :