La cité-jardin
de la Butte-Rouge

La cité-jardin de la Butte Rouge : l’unique tour de 10 étages agit comme un repère.
L’une des plus grandes cités-jardins d’Ile-de-France
Avec la cité-jardin de Suresnes, la cité-jardin de la Butte Rouge constitue la plus vaste d’Ile-de-France : elle se déploie sur près de 74 hectares et compte plus de 3.700 logements. Après une première étude entamée en 1922, le projet prend forme en 1931. Entre 1931 et 1939, les architectes Joseph Bassompierre, Paul de Rutté et André Arfvidson (remplacé à son décès par Paul Sirvin) réalisent les deux premières tranches constituées de petits logements aux typologies variées. La construction reprend après la guerre entre 1948 et 1958 : quatre autres tranches sont livrées par Bassompierre et Sirvin avec une architecture plus monotone, à l’exception de l’immeuble sur pilotis en arc de cercle réalisé par Paul Sirvin en 1950.

La cité-jardin de la Butte Rouge : le mail Lucien Herr. Il mène à la partie haute de la cité (tranches 1948 et 1950)
Une remarquable composition paysagère
La grande force du projet réside dans la contribution (pour la première fois dans une cité-jardin !) d’un paysagiste, André Riousse (1895-1952). En effet, la cité occupe le site d’un ancien domaine aristocratique dont les arbres (séquoias, cèdres) ont été conservés. Mais surtout, Riousse a exploité sa topographie, le vallon d’un ancien ru bordé par un plateau, pour en imaginer la composition paysagère.

La cité-jardin de la Butte Rouge : le mail Lucien Herr encadré de petits immeubles collectifs
Un mail piéton bordé de jardins
Deux places sont au centre de la composition : une place basse (la place François Simiand) dotée à l’origine d’un grand bassin en eau reliée à une place haute (le square des Américains). Elles sont connectées entre elles par un mail piéton paysagé, le mail Lucien Herr, qui monte vers le plateau. De part et d’autre de ce mail sont disposés des jardins ouvriers partagés, distribués par de pittoresques venelles.

La cité-jardin de la Butte Rouge : les jardins partagés situés de part et d’autre du mail Lucien Herr
L’omniprésence du végétal
A la Butte Rouge, la présence du végétal est remarquable avec d’anciennes essences forestières déjà présentes (chênes, hêtres) et des espèces rustiques choisies par Riousse (platanes, marronniers, tilleuls, peupliers). Implantés le long de trottoirs, tous les immeubles sont précédés de pelouses et disposent d’un jardin à l’arrière. Les habitants contribuent eux même à la diversité et la vitalité du paysage en cultivant les petites parcelles situées au pied des immeubles : rosiers, hortensias, fleurs à bulbes, arbustes exotiques ou encore arbres fruitiers y prospèrent. On peut véritablement considérer la conception urbaine de cette cité comme un ensemble architectural précurseur de l’architecture écologique.

La cité-jardin de la Butte Rouge : la place François Simiand agrémentée à l’origine d’une pièce d’eau.
Une cité moderniste
Autre singularité de cette cité : son architecture moderniste alors que dans les années 1930, le style dominant en France reste à l’époque l’Art déco. Les immeubles présentent tous des façades sans ornement recouvertes d’un enduit rose (la signature de la cité). Toits-terrasses, usage de pilotis (pour certains immeubles seulement), fenêtres horizontales, pans de verre verticaux éclairant les escaliers appartiennent au vocabulaire de l’architecture moderniste, même si elle reste ici assez tempérée. Pour donner une « unité civique » à la cité, les architectes ont édifié une unique tour de 10 étages (plusieurs étaient prévues initialement), jouant un rôle de repère et d’équilibre, fonction assurée autrefois par l’église ou le donjon du château.

La cité-jardin de la Butte Rouge : petits immeubles collectifs rue Eugène Varlin
Des équipements collectifs
De nombreux équipements accompagnent les immeubles de logements : commerces, écoles, bibliothèque, piscine, maison de la Culture, mairie annexe. Un cyber@space y a même été créé. En 2008, la cité a été labellisée « Patrimoine du XXe siècle ». Mais elle n’est ni inscrite à l’inventaire supplémentaire ni classée aux Monuments Historiques, ce qui fragilise considérablement sa pérennité.

La cité-jardin de la Butte Rouge : l’avenue Albert Thomas, colonne vertébrale de la cité
Un patrimoine architectural menacé
Combinant architecte moderniste et intégration exemplaire au paysage, la cité-jardin de la Butte Rouge est considérée comme un véritable joyau parmi les cités-jardins à la française. Devenue en 2018 la propriété de la coopérative Bièvre Habitat, la cité est pourtant menacée par un nouveau projet qui conduirait à la démolition de 85 % des logements actuels. Elle suivrait ainsi le triste sort qui a été réservé à la cité-jardin du Plessis-Robinson, voisine, en grande partie démolie.

La cité-jardin de la Butte Rouge : l’immeuble en demi-lune de Paul Sirvin

La cité-jardin de la Butte Rouge : l’immeuble en demi-lune de Paul Sirvin

La cité-jardin de la Butte Rouge : l’immeuble en demi-lune de Paul Sirvin
La gentrification du quartier
La pression foncière et la gentrification du quartier depuis l’arrivée de la ligne T10 du tramway aiguisent visiblement les appétits de la municipalité. De plus, la faible mixité sociale de la cité est décriée, même si sa vocation d’origine était de loger des habitants à revenus modérés… L’engagement en faveur des classes populaires n’est visiblement plus prioritaire aujourd’hui. Et pourtant, une enquête publique menée fin 2020 a montré l’attachement viscéral des habitants à leur cité, même s’ils sont conscients de la mauvaise image qu’elle véhicule. Pour l’heure, la cité s’est beaucoup dégradée à cause de l’usure du temps et nécessite de lourds travaux de rénovation, les appartements étant mal isolés, manquants de confort et de commodités.

La cité-jardin de la Butte Rouge : immeuble collectif, avenue Francis de Pressensé
Une réhabilitation partielle engagée
Aux dernières nouvelles, un projet de réhabilitation des bâtiments « historiques » (ceux construits dans les années 1930), soit 887 logements, entrerait maintenant dans sa phase opérationnelle. Il est prévu de conserver l’enveloppe et la structure porteuse des immeubles. En revanche, leur aménagement intérieur sera entièrement transformé en privilégiant un agencement plus logique, le confort thermique et phonique, et de nouvelles commodités comme des placards de rangement. Une entrée accessible aux personnes à mobilité réduite est également prévue pour chaque bâtiment d’habitation. Attendons maintenant de voir ce que réserve l’avenir aux autres tranches de la cité, toujours menacées…
Pour les architectes les architectes Joseph Bassompierre, Paul de Rutté et Paul Sirvin ,voir également les logements Rond-point du pont Mirabeau, les HBM rue Brillat-Savarin.

La cité-jardin de la Butte Rouge : immeuble bordant le mail Lucien Herr
Accès en transports en commun : prendre la ligne de métro n°13 jusqu’au terminus sud, la station « Chatillon-Montrouge » puis prendre le T6 direction « Viroflay-Rive Droite » et descendre à la station « Hôpital Béclère ». Prendre le T10 direction « Croix de Berny » et descendre à la station « Cité-jardin ». Durée du trajet en tramway depuis la station de métro Chatillon-Montrouge : 25 minutes.

La cité-jardin de la Butte Rouge : le Cyber@space au n°1 square Henri Sellier

La cité-jardin de la Butte Rouge : les six phases de construction
Adresse : 305 avenue de la Division Leclerc 92290 Chatenay-Malabry
Métro : T10, station «Cité-jardin »
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