La Garde Républicaine
La caserne des Célestins
Un couvent prestigieux
Créé en 1352, le couvent des Célestins est un couvent renommé situé à proximité de l’hôtel Saint-Pol, résidence royale. De nombreux princes y sont inhumés au fil des siècles. En 1730, le couvent est reconstruit. A la Révolution, il est profané. Quelques pierres tombales sont sauvées par l’archéologue Alexandre Lenoir. Sous le Consulat, le couvent est transformé en caserne.
Un jeune architecte lauréat du concours
Entre 1895 et 1901, les derniers vestiges du cloître sont abattus lors de la construction d’une nouvelle caserne, la caserne des Célestins. L’architecte Jacques Hermant (1855-1930), lauréat du concours, donne les plans des nouveaux bâtiments. Jacques Hermant est encore jeune architecte à cette époque et ce projet important va lui apporter une certaine notoriété. Il réussit à tirer partie d’un terrain peu commode, formé d’un triangle imbriqué dans un trapèze. Il choisit la bissectrice de la partie triangulaire comme axe de symétrie.
La pointe du triangle, donnant sur le boulevard Henri IV et la rue Sully, est la partie noble réservée à l’Etat-Major. Les bâtiments à trois étages sont les plus richement traités comme en témoignent les façades brique et pierre ornées d’un décor sculpté. Situé dans l’axe de la bissectrice, le manège est le second point fort du projet. Séparé de la pointe du triangle par une vaste cour d’honneur entourée d’une piste pour les chevaux, il sert de contrepoint au bâtiment de l’Etat-Major. Enfin, les bâtiments secondaires, voués aux services, sont relégués à l’arrière.
Les possibilités offertes par les nouveaux matériaux
Marqué par les préoccupations hygiénistes de l’époque, l’architecte a pris le parti de fractionner le programme en disséminant les pavillons pour faire circuler l’air. Pionnier du béton armé, Hermant n’hésite pas à recourir à ce matériau : le béton est utilisé pour les planchers portant les poteaux de chaque étage, mais il n’est pas laissé apparent. Il recourt également à l’usage du métal pour la charpente du manège, conçue dans les ateliers de Gustave Eiffel.
L’influence de l’historicisme
Si le système constructif est audacieux, Hermant reste marqué par les styles historiques que lui a inculqué son maître en architecture, Emile Vaudremer. Inspirés des palais florentins, les bossages en pierre du premier niveau expriment un sentiment de « puissance calme ». Au-dessus, les façades de brique ocrée et les chaînages de pierre font directement référence à l’architecture française du début du XVIIe siècle. Le traitement un peu « »sec des façades est contrebalancé par des attributs sculptés, faisant référence à la destination des bâtiments : peau de lion dans les cartouches, faisceau d’armes, lauriers, casque gaulois, etc. L’ensemble des sculptures est réalisé par André Allard (1845-1926).
Enfin, sur la façade du manège, un bas-relief représentant un cavalier maîtrisant des chevaux libres imite le bas-relief du grand sculpteur Robert Lorrain à l’hôtel de Rohan. Le bas-relief s’inspire également des écuries de Chantilly construites pour les princes de Condé, considérées comme les plus belles écuries du XVIIIe siècle en France.
Pour l’architecte Jacques Hermant, voir également le magasin Aux Classes Laborieuses, l’agence centrale de la Société Générale, l’immeuble bancaire 134 rue Réaumur, la salle Gaveau, l’immeuble commercial rue Gaillon, la mairie du 8e arrondissement.
Source :
Ducos-Rouge (Isabelle), La « cité des centaures » : l’architecture du quartier des Célestins par Jacques Hermant, 1890-1905.
Adresse : 18 boulevard Henri IV
Métro : Sully-Morland
Arrondissement : 4e
Téléphone :