La Fondation Del Duca
L’hôtel Emile Pereire

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L’hôtel Emile Pereire

L’hôtel Emile Pereire – la fondation del Duca

D’audacieux entrepreneurs : les frères Pereire

Sous la Monarchie de Juillet puis sous le Second Empire, Emile Pereire (1800-1875) et son frère Isaac Pereire (1806-1880) sont d’audacieux hommes d’affaires. A la tête d’un véritable empire financier, immobilier et industriel, les deux frères vont activement participer à l’essor de l’économie française. Ils sont à l’origine de la Compagnie du Chemin de Fer de Paris à Saint-Germain fondée dès 1835. En 1852, ils créent le Crédit Mobilier, proposant du crédit à long terme aux industriels. En 1861, ils lancent la Compagnie Générale Maritime, future Compagnie générale transatlantique, transportant voyageurs et marchandises. Pour cette activité, ils créent les chantiers navals de Saint-Nazaire.

La fondation Del Duca : la façade de l'hôtel donnant sur le parc Monceau

L’hôtel Emile Pereire : la façade de l’hôtel donnant sur le parc Monceau

De fructueuses opérations immobilières

En 1851, la Ville de Paris exproprie la famille d’Orléans de sa propriété, la folie de Chartres, et vend la moitié du parc à Emile et Isaac Pereire. Les deux frères vont réussir leur plus belle opération immobilière dans Paris en lotissant les 10 hectares achetés. Les 9 hectares restant de la propriété vont former le parc Monceau ouvert au public. Plus tard, les Pereire feront l’acquisition de l’établissement thermal de Vichy (1853). Dans les années 1860, après avoir fait construire la ligne de Chemin de fer de Bordeaux à Bayonne, ils créent la station balnéaire d’Arcachon.

Le quartier des grands financiers

Autour du parc Monceau, les plus grandes fortunes de France, surnommées par les frères Goncourt « les actionnaires du siècle », se font construire de luxueux hôtels particuliers : l’industriel Emile-Justin Menier, ses fils Gaston Menier et Henri Meunier, les banquiers Abraham de Camondo et Nissim de Camondo, le banquier Henri Cernuschi, etc.

L’hôtel Emile Pereire

Emile Pereire se réserve une parcelle donnant sur la rue Alfred de Vigny et à l’arrière sur le parc Monceau. Entre 1879 et 1881, l’architecte William Bouwens van der Boijen (1834-1907) est chargé d’édifier la demeure. L’édifice s’inspire de l’architecture classique des XVIIe et XVIIIe siècles. Sur la rue Alfred de Vigny, la façade est centrée sur un avant-corps saillant de trois travées, à l’exception du rez-de-chaussée où une grande arcade en plein cintre entoure la porte d’entrée de l’hôtel. La façade donnant sur le parc Monceau est plus raffinée : la partie centrale forme un avant-corps de trois travées délimité par des chainages de pierre en harpe. Elle se prolonge au niveau du comble par un grand fronton triangulaire : à l’intérieur de ce fonton un groupe sculpté réalisé par Aimé-Jules Dalou représente une femme à demi couchée en train de peindre sur un chevalet et trois putti accompagnés de symboles des arts (violon, livre, palette de peintre, ciseau et marteau de sculpteur, colonne tronquée). On remarque aussi au-dessus des baies du 1er étage des mascarons entourés de drapés.

L'ancien hôtel d'Emile Pereire : le grand salon

L’ancien hôtel d’Emile Pereire : le grand salon ©collection particulière famille Pereire

Le ministère de la Production industrielle

A la mort d’Emile Pereire en 1913, sa veuve donne l’hôtel en nue-propriété à ses trois enfants. Les Pereire continuent à y résider jusqu’en 1941. La demeure est alors louée au ministère de la Production industrielle. A la Libération, elle est réquisitionnée par l’Etat et devient le siège de la Direction de la Sidérurgie.

Les Charbonnages de France

Toujours propriétaires, les héritiers Pereire se séparent de l’hôtel familial en 1947 : les acquéreurs sont la société des Charbonnages de France et une société immobilière qui se partagent la vaste demeure. En 1948, l’architecte Joseph Marrast (1881-1971) est chargé de réorganiser et de moderniser les espaces intérieurs ; il fait appel à l’architecte d’intérieur Baptistin Spade. Dès 1948, la société immobilière rachète la part des Charbonnage et occupe seule l’hôtel jusqu’en 1975.

La fondation Simone et Cino Del Duca

En 1975, Simone Del Duca se porte acquéreur de l’hôtel Pereire et y installe le siège de la fondation Simone et Cino Del Duca. Son mari, Pacifico (dit Cino) Del Duca (1899-1967), fut un grand patron de presse qui devint également éditeur et producteur de films. En 1952, il créa les Bourses littéraires Del Duca qui récompensèrent entre autres Félicien Marceau, Jean Rousselot, Alain Robbe-Grillet, Jean-Claude Brisvile. Abritée depuis 2005 au sein de l’Institut de France, la fondation Simone et Cino Del Duca continue aujourd’hui sa mission de mécénat dans le domaine des arts, des lettres et des sciences.

Pour l’architecte William Bouwens van der Boijen, voir également le musée Cernuschi, le siège central du Crédit Lyonnais, l’hôtel Goldschmidt.

Pour l’architecte Joseph Marrast, voir également, le siège de BNP-Paribas, l’ancien siège de la maison Roger&Gallet.

Sources
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Fondation del Duca

Adresse : 10 rue Alfred de Vigny

Métro : Courcelles

Arrondissement : 8e

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