L’hôtel de Vassan
L’hôtel de la reine Marguerite
Marguerite de Valois, première épouse d’Henri IV, connaît d’abord l’exil en Auvergne avant de revenir à Paris en 1605. Elle achète alors à l’Université de Paris une partie du Pré-aux-Clercs, un vaste terrain en bordure de Seine. En 1607, Jean Autisser est en charge de la construction d’un véritable palais composé de trois pavillons reliés par deux ailes. Implanté perpendiculairement à la Seine, le palais est accompagné d’un jardin et d’un parc s’étirant vers l’ouest jusqu’à l’actuelle rue de Bellechasse. La chapelle des Louanges (voir l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts) est édifiée en 1608 dans le jardin. A la mort de la reine Margot, le palais est légué à Louis XIII. Le roi le fait démolir, à l’exception de la chapelle des Louanges. Le domaine est loti par cinq financiers : Jacques de Garsanlan, Jacques de Vassan, Jacques Potier, Joachim de Sandras et Louis Le Barbier.
L’ancien palais divisé en trois lots
Le palais en ruine de la reine Margot est divisé en trois lots. En 1622, Jacques de Vassan fait l’acquisition du n°2-4 rue de Seine et Jacques de Garsanlan du n°6-8. En 1628, le n°10 est acquis par Guillaume Moynerie de La Bobanière.
L’hôtel de Garsanlan
Contrairement à ce qui a longtemps été affirmé, l’hôtel du n°6-8 n’est pas un vestige de l’ancien palais. Il a été édifié entre cour et jardin en 1623. Sur la cour, le corps de l’hôtel comporte trois travées et est encadré de deux pavillons en retour. Sur le jardin, le corps de logis est plus large : il est constitué de cinq travées encadrées de pavillons en retour. Les façades sont caractéristiques des constructions datant des années 1620-1630. Des bandeaux horizontaux séparent les étages tandis que les fenêtres hautes sont encadrées de chainage de pierre en harpe. Ces façades sont peut-être inspirées des planches publiées par le grand architecte Pierre Le Muet en 1623.
L’hôtel de Vassan
En 1637, Madeleine Bailly, veuve de Jacques de Vassan, achète l’hôtel à Jacques de Garsanlan. Ses descendants le conservent jusqu’au début du XVIIIe siècle. Les Vassan ont laissé leur nom à l’hôtel, mais il faut savoir qu’un autre hôtel de Vassan existait au n°2-4 rue de Seine. Il fut démoli par la Ville de Paris après 1914 et remplacé par le square actuel. L’hôtel de Garsanlan, appelé désormais hôtel de Vassan, est vendu en 1717 par les Vassan à Pierre Gilbert de Voisin, conseiller d’Etat. En 1775, Pierre III Gilbert de Voisin cède sa propriété au marquis de Mirabeau, époux de Marie-Geneviève de Vassan qui possède déjà l’hôtel du n°2-4.
Un hôtel profondément modifié au XIXe siècle
Les héritiers Mirabeau vendent l’hôtel au libraire Jean-Baptiste Garnery qui fait reconstruite le bâtiment sur rue et l’aile gauche dans la cour. D’abord vendu en 1814 à Louis-Chrysotome Michel, la demeure est acquise en 1834 par Nicolas Pichard et son épouse, Marie-Thérèse Le Normant. Vers 1838-1839, Nicolas Pichard fait doubler en profondeur le corps de l’hôtel côté jardin et le fait également surélever. Avec intelligence, l’architecte réemploie dans le nouveau comble les lucarnes en pierre du précédent comble. De même, il respecte la modénature du XVIIe siècle avec les chainages et les bandeaux de pierre. A l’intérieur, l’hôtel est entièrement réaménagé. L’escalier précédent, datant des années 1730, est supprimé et un nouvel escalier est construit au centre du bâtiment. Profondément remanié aux XVIIIe et XIXe siècle, l’hôtel de Vassan, entre cour et jardin, a malgré tout conservé son dessin classique et sa belle allure. L’hôtel est privé et ne se visite pas.
Sources :
Leborgne (Dominique), Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Le faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Paris, Editions Henri Veyrier, 1987.
L’ancien hôtel de Garsanlan, Recherches et Etudes appliquées.
Adresse : 6 rue de Seine
Métro : Saint-Germain des Prés ou Odéon
Arrondissement : 6e
Téléphone :