L’hôtel de Rohan
Les Archives Nationales
La famille de Rohan
Le 1er prince de Soubise, appartenant à la famille de Rohan d’origine bretonne, possède depuis 1700 l’hôtel de Soubise situé rue des Francs-Bourgeois. En 1705, Armand-Gaston de Rohan, le cinquième de ses onze enfants, confie à l’architecte Alexis Delamair la construction d’un hôtel particulier sur la même parcelle. L’entrée de cet hôtel sera située rue Vieille du Temple et les jardins des deux hôtels communiqueront. Armand-Gaston de Rohan est créé prince-évêque de Strasbourg en 1704, puis cardinal de l’église catholique en 1712. C’est un poste stratégique puisque le roi Louis XIV souhaite placer un prélat catholique dans une ville et une province restée fidèle au protestantisme : l’Alsace, rattachée à la France depuis seulement 1681. Prélat aimant visiblement le faste, Armand-Gaston de Rohan fait rénover à partir de 1709 le château de Saverne (résidence du prince-Evêque de Strasbourg) par Robert de Cotte. A partir de 1732, il fait également construire l’éblouissant palais Rohan à Strasbourg, devenu aujourd’hui le musée des Beaux-Arts.
Une architecture classique
L’architecte Alexis Delamair opte pour une construction sobre et classique encore inspirée par la rigueur du XVIIe siècle. La cour d’honneur précède une façade dépouillée et étroite animée par un avant-corps central en ressaut. La façade sur le jardin est plus majestueuse et développée avec 13 travées. L’avant-corps central repose sur des colonnes doriques au rez-de-chaussée, ioniques au premier étage, et des pilastres corinthiens au niveau de l’attique.
D’éblouissants décors rocaille
Les décors intérieurs sont exécutés plus tard, entre 1749 et 1752 sous la direction de l’architecte Pierre-Henri de Saint-Martin pour le compte du second cardinal de Rohan. Deux cabinets présentent des boiseries remarquables de style rocaille. Le cabinet des Singes est le chef-d’œuvre de Christophe Huet ; il présente des décors peints dans le goût chinois. Le cabinet des Fables provient des petits appartements de l’hôtel de Soubise détruits sous le Second Empire ; ses boiseries vert et or sont décorées de médaillons dorés s’inspirant des fables d’Ésope.
D’immenses écuries
D’immenses écuries sont également créées par l’architecte Delamair dans la cour située sur le côté droit de la cour d’honneur. Le morceau de bravoure de ces écuries est un magnifique haut-relief, « Les Chevaux du soleil »,sculpté par Robert Le Lorrain; il surmonte la grande porte.
L’affaire du collier de la Reine
Après la mort d’Armand-Gaston de Rohan, trois cardinaux et évêques de Strasbourg appartenant tous à la famille de Rohan résident chacun leur tour à l’hôtel de Rohan. Le plus connu est Louis-René de Rohan-Guéménée (1734-1803) : influençable et manipulé par la comtesse de La Motte, il est compromis en 1785 lors de la scandaleuse affaire du collier de la Reine Marie-Antoinette.
Les Archives Nationales
Suivant le sort réservé à l’hôtel de Soubise après la Révolution, l’hôtel de Rohan est affecté à l’Imprimerie impériale en 1808 sous Napoléon 1er puis aux Archives nationales depuis 1927.
Les décors exceptionnels de la chancellerie d’Orléans
En 2021, un ensemble unique de boiseries et décors de style néo-classique provenant de l’hôtel de la Chancellerie d’Orléans (démoli) sont remontés au rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan : ils habillaient une antichambre, une salle à manger, un grand salon et une chambre et furent commandés par le marquis d’Argenson. Exécutés entre 1762 et 1772 par Louis-Jacques Durameau, Gabriel Briard et Jean-Jacques Lagrenée, ces décors exceptionnels seront enfin visibles à la réouverture de l’hôtel de Rohan.
Une réouverture retardée
Hélas, si les décors néo-classiques de la Chancellerie d’Orléans sont en place, la rénovation de l’hôtel de Rohan n’est pas encore achevée. En effet, le ministère de la Culture a lancé une collecte de fonds pour financer la restauration des salons et cabinets des princes-cardinaux de Rohan (cités plus haut) situés au 1er étage de l’hôtel particulier. La date de réouverture de l’hôtel de Rohan n’est pas connue.
Pour l’architecte Alexis Delamair, voir également l’hôtel de Soubise, l’hôtel de Besenval.
Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2010.
Les Archives nationales
Adresse : 87 rue Vieille du Temple
Métro : Rambuteau ou Hôtel de Ville
Arrondissement : 3e
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