Maison Revka
L’hôtel Pauilhac
Le restaurant Maison Revka
En octobre 2021, le très sélect restaurant Maison Revka a ouvert ses portes dans un cadre exceptionnel : les salons de l’extravagant hôtel Pauilhac. La décoratrice Laleh Amirassefi a visiblement su tirer partie des décors feutrés de cette demeure de la Belle Epoque (boiseries, vitraux, superbes volumes) en y mélangeant des touches slaves et ottomanes et en le meublant d’assises très Second Empire. Le rez-de-chaussée est dévolu à une très belle boutique proposant épicerie fine, arts de la table et textiles. Au 1er étage, le restaurant de 85 couverts propose une carte d’inspiration franco-russe (caviar, cabillaud, cœur de saumon, pavlovas mais aussi omelette king crab et homard bleu). Aux 2e 3e et 4e étages, onze salles à manger privées offrent chacune un décor différent.
L’architecte Charles Letrosne
Le travail de l’architecte Charles Letrosne (1868-1939) est surtout connu entre les deux guerres, période où il occupe le poste d’architecte des bâtiments civils et palais nationaux. Son œuvre restée la plus célèbre est le parc zoologique du Paris avec son immense rocher. L’hôtel Pauilhac est une construction délirante commandée par Georges Pauilhac, un riche collectionneur d’armes anciennes. Sa collection avait d’ailleurs pour écrin une annexe située dans le jardin ; elle est léguée au musée de l’Armée (voir l’hôtel des Invalides) à la mort de Pauilhac en 1958.
De l’art nouveau tendance « gothique »
Construit en 1911 sur une parcelle étroite, l’édifice exprime une forte verticalité. Il se déploie sur six niveaux dont trois sont placés dans les combles. La façade est complètement hors d’échelle et semble tout droit sortie d’un conte de fée. Alors que l’Art nouveau est déjà passé de mode au moment de la construction, l’hôtel constitue un exemple tardif de l’Art nouveau tendance « gothique ». Ce style fut surtout l’apanage de l’école de Nancy. Les lucarnes à gable, notamment la plus grande sommant la travée de gauche, sont totalement extravagantes. Le sculpteur Camille Garnier réalise les branches de pin et pommes de pin qui envahissent avec exubérance la façade, des encadrements des baies jusqu’aux ferronneries.
Letrosne devait d’ailleurs se passionner pour les toitures puisqu’il publie en 1923, 1924 et 1926 trois tomes d’un traité intitulé « Murs et toits pour les pays de chez nous », sorte de bible illustrée de l’architecture régionaliste. Doté d’une dimension fantasmagorique, l’hôtel Pauilhac n’en constitue pas moins une œuvre aussi culottée qu’insolite.
Pour l’architecte Charles Letrosne, voir également l’hôtel Mandarin Oriental, le siège de la banque BNP-Paribas, le parc zoologique de Paris.
Sources :
Crosnier Leconte (Marie-Laure), Guide du promeneur 16e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, pavillon de l’Arsenal, 2008.
Adresse : 59, avenue Raymond-Poincaré
Métro : Place Victor Hugo
Arrondissement : 16e
Téléphone : 01 40 62 72 05