Les Bénédictines
du Saint-Sacrement
La communauté des Filles de Sainte-Aure
L’origine de la communauté de Sainte-Aure remonte à 1637 : le curé de l’église Saint-Etienne du Mont, l’abbé Gardeau, décide d’installer dans une maison de la rue Laromiguière des jeunes filles libertines pour les remettre dans le droit chemin et leur offrir une bonne éducation.
En 1707, la communauté s’installe rue Tournefort. L’établissement ne cesse de s’agrandir pendant 50 ans. Il occupe la quasi totalité de l’îlot compris entre la rue Tournefort, la rue du Pot de Fer, la rue Lhomond et la rue Amyot. Avec la bénédiction du cardinal de Noailles (1651-1729), archevêque de Paris, la communauté est définitivement fondée en 1723 avec une nouvelle mission : l’éducation des jeunes filles de la bonne société.
De 1753 à 1758, une certaine Jeanne Bécu (1743-1793) est élevée au couvent puis renvoyée pour indiscipline. Mariée au comte du Barry, elle deviendra Mme du Barry et sera la dernière maîtresse en titre de Louis XV.
Les Bénédictines du Saint-Sacrement
Pendant la Révolution, le couvent est spolié et vendu à une trentaine de propriétaires. En 1808, l’ancien couvent est racheté par les sœurs Françoise de Bèze, Joséphine Boistel, Françoise Dieudé, Mélanie Quesnel et Marie-Anne Sarton : il retrouve sa vocation religieuse. En 1814, le couvent devient la propriété des Bénédictines du Saint-Sacrement : ces religieuses pratiquent l’Adoration perpétuelle du Sacré-Cœur de Jésus. Elles se relayent 24h/24 pour prier.
Une basilique romano-byzantine
De 1935 à 1939, une basilique est élevée dans un style romano-byzantin par l’architecte Jules Astruc. En 1975, les Bénédictines quittent définitivement le couvent. Vendues à un promoteur, la basilique et l’ancienne chapelle du couvent sont démolies en 1977. Entre 1978 et 1980, l’ensemble des bâtiments de l’îlot est transformé en habitations : des bâtiments modernes revisitant l’architecture du XVIIIe siècle sont ajoutés.
D’intéressants bâtiments du XVIIIe siècle
Au n°16 de la rue Tournefort se situait l’ancienne entrée du couvent : on y entrait par un beau portail à voussure appareillé à refends. Le bâtiment (moderne) en fond de cour donne sur un grand jardin au fond duquel s’élevait la basilique. Au n°18 de la rue Tournefort, l’austère façade comporte une jolie porte encadrée de pierre à refends et surmontée d’un petit fronton : l’abbé Grisel vivait dans cette maison.
Au n° 20 de la rue Tournefort, le bâtiment qui fait l’angle avec la rue du Pot de fer fut construit en 1760 par l’architecte et entrepreneur Claude-Martin Goupy (1720-1793). Ce bâtiment en équerre formait une partie de l’ancien cloître comme le trahissent les deux rangées d’arcades en plein cintre qui donnent sur le jardin.
Contrastant avec l’animation de la rue Mouffetard, les rues Tournefort et Lhomond valent vraiment le coup d’œil : passibles et bien conservées, elles nous replongent avec délice dans un Paris ancien qui ressemble à une petite ville de province au XVIIIe siècle. Inclus dans une résidence privée, le jardin de l’ancien cloître n’est malheureusement pas accessible.
Pour l’architecte Jules Astruc, voir également l’église Notre-Dame du Liban, l’église Notre-Dame du Travail.
Pour l’architecte Claude-Martin Goupy, voir également l’hôtel Cardon, l’hôtel Deleuze.
Sources :
Dreyfus (Bertrand), Guide du promeneur 5e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Gady (Alexandre), La Montagne Sainte-Geneviève et le Quartier Latin, Paris, Hoëbeke, 1998.
Rue Lhomond
Adresse : 16-20 rue Tournefort
Métro : Place Monge
Arrondissement : 5e
Téléphone :