L’hôtel de Maillebois
Un proche de Mme de Beauvais
Un premier édifice est bâti en 1660 pour le compte d’André de Bétoulat de La Petière, comte de La Vauguyon, chambellan du duc d’Orléans. Il fait appel à l‘architecte Antoine Le Paultre, à qui l’on doit le merveilleux hôtel de Beauvais dans le Marais. Bétoulat est d’ailleurs un proche de Madame de Beauvais, première femme de chambre de la reine mère, à qui il doit une bonne partie de sa faveur auprès du roi Louis XIV. A sa mort, ses créanciers cèdent la demeure à François de Camp, abbé de Ligny, évêque de Pamiers, qui y reçoit de nombreux savants. Plusieurs fois vendu, l’hôtel est acquis après 1737 par Pierre Desmarets, curé de Saint-Germain-aux-bois : il est le troisième fils de Nicolas Desmarets (1648-1722), neveu de Colbert, qui occupa le prestigieux poste de contrôleur général des Finances (voir l’hôtel Desmarets et l’hôtel de Montmorency-Luxembourg).
Le mémorialiste Saint-Simon
En 1750, l’hôtel est loué au duc de Saint-Simon (1675-1755), qui y termine ses célèbres Mémoires commencées en 1743 et y meurt en 1755. La demeure échoit en 1771 à un petit-neveu de l’abbé Desmarets, Yves Desmarets, baron de Tourzel : ce dernier est le fils d’Yves-Marie Desmarets (1715-1791), comte de Maillebois, lieutenant-général des armées du roi.
Le comte de Maillebois
En 1783, le comte de Maillebois fait appel à l’architecte Jacques-Denis Antoine pour rebâtir l’hôtel fort délabré appartenant à son fils dans le but d’y résider lui-même. Sous la Révolution, Maillebois est inquiété et contraint de s’enfuir aux Pays-Bas où il meurt en 1791. Antoine n’est en fait que peu intervenu sur ce chantier interrompu par la Révolution : on lui attribue généralement le corps de bâtiment et le portail sur rue, dont le revers côté cour forme un vestibule circulaire. Sur le logis, Antoine aurait simplement fait démolir la partie centrale.
Le salon de Madame de Staël
Sous le Consulat, l’hôtel est loué au baron de Staël-Holstein et à son épouse, la célèbre Madame de Staël, née Germaine Necker (1766-1817). Madame de Staël y tient un salon politique et littéraire jusqu’en mai 1802. En 1802, l’hôtel est vendu à Anne-Louis de Montmorency-Robecq, puis il passe en 1815 à Frédéric de La Rochefoucauld, duc de Liancourt.
Un hôtel transformé en écuries
En 1822, la propriété est vendue à un loueur de carrosses, Philippe Larcher. A cette époque, l’ancien logis est agrandi et transformé en remises et écuries, comme le montre le plan du début du XIXe siècle conservé aux Archives Nationales.
De nouvelles façades fantaisistes
En 1856, la propriété est vendue à Alexandre Soupé. En 1862, les anciennes écuries sont réaménagées pour redevenir une habitation. Sur les deux façades sont plaqués de curieux contreforts encadrant chaque travée. Sur la cour, ces contreforts s’élèvent jusqu’au niveau du toit et sont surmontés de vases, masquant en partie un grand fronton curviligne.
En 1927, les héritiers Soupé cèdent l’hôtel à la Banque de l’Algérie. Il a été revendu dans les années 2000 par la Banque de France, alors propriétaire. Le jardin de l’hôtel de Maillebois fait face à celui de l’hôtel de Varengeville, devenu la maison de l’Amérique Latine.
Pour l’architecte Antoine Le Pautre, voir également l’hôtel de Beauvais, l’hôtel de Gesvres, l’abbaye de Port-Royal.
Pour l’architecte Jacques-Denis Antoine, voir également l’hôtel des Monnaies, l’hôtel de Jaucourt, l’hôtel de Fleury, l’école pratique de la Faculté de Médecine Pari-Descartes, le Palais de Justice.
Sources :
Bertin-Colin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1997.
Le Faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Paris, Editions Henri Veyrier, 1987.
Commission du Vieux Paris, séance plénière du 27 octobre 2009.
Adresse : 102 Rue de Grenelle
Métro : Rue du Bac
Arrondissement : 7e
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