L’hôtel Abraham de Camondo
En 1869, les deux frères Abraham-Béhor (1829-1889) et Nissim de Camondo (1830-1889), des banquiers juifs originaires de Constantinople, décident de s’installer à Paris pour développer la banque familiale. En 1870, ils font l’acquisition de deux terrains mitoyens rue du Monceau, en bordure du parc Monceau.
L’hôtel du comte Nissim de Camondo
Le comte Nissim de Camondo se fait bâtir un hôtel particulier au n° 63 rue du Monceau. Cet hôtel est remplacé en 1910 par l’hôtel actuel, commandé par son fils Moïse (1860-1935). Moïse de Camondo y accumulera une fabuleuse collection d’arts décoratifs français du XVIIIe siècle. Il lèguera l’hôtel aux Arts Décoratifs : c’est aujourd’hui le musée Nissim de Camondo.
L’hôtel du comte Abraham-Béhor de Camondo
Le comte Abraham-Béhor de Camondo confie à l’architecte Denis-Louis Destors (1816-1882), un élève de Charles Garnier, le projet de son futur hôtel au n°61 rue du Monceau. L’hôtel, de style éclectique, est achevé en 1875. Denis-Louis Destors recevra d’ailleurs pour ce projet la médaille d’argent de l’architecture privée, décernée par la Société centrale des architectes.
Sur la rue, l’hôtel est précédé d’un bâtiment bas surmonté d’une balustrade et d’un portail monumental surmonté d’une corniche en anse de panier. Il porte le chiffre GM de Gaston Menier (voir plus bas). L’aile gauche de la cour est appelée « Petit hôtel » et sert d’habitation au fils d’Abraham-Béhor, Isaac de Camondo (1851-1911).
Situé au fond de la cour, le « Grand hôtel » est une imposante demeure de trois étages. Il abrite les appartements d’Abraham-Béhor et Régina de Camondo, de leur fille Clarisse et de leur gendre Léon Alfassa, et des 6 enfants du couple.
Au centre, un avant-corps est précédé d’un grand perron abrité par une marquise. Côté jardin, c’est l’inverse : les deux travées extérieures sont traitées en pavillon. Les façades de l’hôtel reçoivent un décor sculpté éclectique. Ainsi, côté jardin, quatre cariatides d’inspiration Renaissance ornent les avant-corps. Une serre à galerie prolonge le pavillon de droite. A l’intérieur, le grand escalier en marbres de couleurs est inspiré de celui de l’Opéra Garnier ; il est encadré d’atlantes sculptées par Schoenewerk.
Comme le reste de la famille Camondo, Abraham-Béhor et son épouse sont de grands collectionneurs d’art. Ils possèdent notamment une prestigieuse collection de statuettes, boutons et netsukés exposés dans un boudoir chinois revêtu de panneaux de laque rouge, mais aussi une quarantaine de tableaux anciens (des maîtres hollandais, flamands et italiens), et 52 tableaux modernes (Isabey, Corot) ou orientalistes (Fromentin, Decamps). Cette collection sera dispersée en vente aux enchères en février 1893.
La famille Menier, industriels du chocolat
En 1893, suite à la succession de son père, Isaac de Camondo vend l’hôtel familial à Gaston Menier (1855-1934), l’un des fils d’Emile Menier, patron des célèbres chocolats Menier. Gaston Menier fait ajouter les bâtiments sur rue.
En 1946, Jacques Menier (1892-1953) met en vente l’hôtel de son père. Siège des Aciéries de Pompey, la demeure est acquise en 1968 par l’Union des Assurances de Paris. Visiblement peu sensible à la qualité du décor intérieur, l’UAP décide de le détruire et de modifier la distribution. La serre est démolie et les communs restructurés.
En 1979, les façades et la toiture de l’hôtel sont classées MH, évitant à l’édifice une destruction certaine. Les espaces intérieurs sont modernisés en 2001. Aujourd’hui, l’hôtel Abraham-Béhor de Camondo est occupé par des bureaux. La demeure n’est pas accessible au public. Toutefois, la façade donnant sur le jardin se voit parfaitement du parc Monceau.
Sources :
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995
Les Arts décoratifs
Adresse : 61 rue de Monceau
Métro : Monceau
Arrondissement : 8e
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