L’hôtel de Jarnac
Une résidence aristocratique
L’hôtel de Jarnac est un immeuble de rapport bâti en 1784 par l’architecte Etienne-François Legrand à la demande d’un certain Léonard Chapelle. Des dessins de cet hôtel ont d’ailleurs été publiés par Kraft et Ransonnette dans leur célèbre recueil.
Le tout premier locataire est Charles Rosalie de Rohan-Chabot, comte de Jarnac (1740-1813). Ayant épousé la carrière des armes, le comte de Jarnac occupe divers postes d’officier. En 1789, il est inspecteur de la 15e division de cavalerie des provinces du Poitou, Angoumois, Aunis et Saintonge. Il émigre en Irlande en 1791, puis vit en exil à Londres jusqu’à sa mort.
En 1828, le comte de Villèle, ancien ministre des Finances et président du conseil de Louis XVIII, s’y installe. En 1834, l’hôtel est vendu à Guillaume Dupuytren (1777-1835), chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu. Après lui, sa fille Adelaïde, épouse du comte Napoléon Bonnin de la Bonninière de Beaumont, vend la propriété au prince Pierre Soltykoff.
En 1847, Alix de Montmorency, en fait l’acquisition. Issue d’une des plus anciennes familles de l’aristocratie, son mariage avec Louis de Talleyrand-Périgord en 1829 avait été purement arrangé. Charles X érigea à cette occasion la terre de Valencay en duché en faveur du couple. En 1846, la duchesse de Valencay demandait la séparation de biens de son mari. Elle vécut dans l’hôtel de Jarnac jusqu’à sa mort en 1858.
L’hôtel connaît ensuite plusieurs propriétaires successifs aux XIXe et XXe siècles. C’est toujours une propriété privée.
Un parti architectural original
Sur la rue, l’hôtel se signale par un portail surmonté d’une corniche à redans. Le mur d’enceinte se prolonge par des pavillons symétriques, dépourvu d’éléments décoratifs et simplement animés par des refends horizontaux.
De style néo-classique, l’hôtel s’inspire des villas palladiennes par ses proportions, son péristyle et son toit plat. La façade sur cour est précédée d’un péristyle ionique comportant 6 colonnes; le second étage est traité en attique. La façade sur le jardin est traitée différemment : quatre demi-colonnes ioniques soutiennent un grand fronton incurvé. Ultérieurement, l’entablement a été entaillé pour agrandir les fenêtres de l’étage.
À l’intérieur, le grand salon présente des décors admirables. un alignement de demi-colonnes ioniques soutenant une corniche à modillons. Face aux trois porte-fenêtres donnant sur le jardin, trois fausses baies en plein cintre sont garnies de glaces. Les dessus-de-porte du salon sont ornés d’allégories des Quatre Éléments. Entre les colonnes placées sur les murs latéraux, des panneaux ornés d’arabesques sont identiques à ceux de la chambre de parade de l’hôtel de Galiffet. Le même ornemaniste a d’ailleurs conçu les décors des deux hôtels : il s’agit de Jean-Baptiste Boiston.
Pour l’architecte Etienne-François Legrand, voir également l’hôtel de Gallifet.
Sources :
Gallet (Michel), Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Belles Demeures de Paris, Paris, Hachette Réalités, 1977
Adresse : 8 rue Monsieur
Métro : Saint-François-Xavier
Arrondissement : 7e
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