L’espace Beaujon
L’hospice Beaujon
Le richissime Nicolas Beaujon
Nicolas Beaujon (1718-1786) est un bourgeois qui fait fortune sous le règne de Louis XV. Il va mener la vie d’un grand aristocrate, entre belles propriétés et collection de tableaux. Originaire de Bordeaux, Beaujon s’enrichit dans le commerce des céréales et dans de judicieux placements financiers. En 1753, il s’installe définitivement à Paris. Il occupe la fonction très lucrative de fermier-général, puis devient à partir de 1770 banquier de la Cour. Enfin, il acquiert la charge vénale de receveur des finances de la généralité de Rouen en 1781.
En 1773, Nicolas Beaujon achète le somptueux hôtel d’Evreux (aujourd’hui palais de l’Elysée) où il réunit une importante collection de tableaux qui contribue à sa renommée. Il conserve la demeure jusqu’en 1786.
La Folie-Beaujon
De 1780 à 1782, le financier acquiert de vastes terrains situés plus haut dans la rue du faubourg Saint-Honoré, dans le quartier du Roule. En 1781, il se fait construire une maison de plaisance, la Folie-Beaujon, édifiée par Nicolas-Claude Girardin, un élève de Boullée.
Construit dans le style néo-classique, le pavillon est sobre mais richement décoré de boiseries, de stucs, de tableaux précieux. Surnommé « la Chartreuse », il est relié à une chapelle par un pavillon de bains. L’ensemble trône au milieu d’un parc peuplé de statues, bustes et vases, et planté d’arbres et arbustes étrangers. La Folie-Beaujon sera malheureusement démolie vers 1873 après son acquisition par la baronne Salomon de Rothschild (voir l’hôtel Salomon de Rothschild).
L’hospice Beaujon
En 1784, Nicolas Beaujon finance la construction d’un hospice destiné aux enfants pauvres de la paroisse Saint-Philippe du Roule. Le projet est à nouveau confié à l’architecte Nicolas-Claude Girardin. L’édifice s’élève en face de la Folie-Beaujon, de l’autre côté de la rue du faubourg Saint-Honoré. De style austère, il s’inspire des établissements religieux construits à cette époque, comme le couvent des Capucins de Brongniart. L’édifice présente une belle ordonnance et est représentatif du style néo-classique. Il est salué par la critique de l’époque.
Sur la rue, la façade de l’hospice est percée d’un monumental portail en plein cintre animé par des bossages rustiques. La cour forme un quadrilatère : les façades striées de refends horizontaux et les fenêtres en plein cintre sont caractéristiques du style néo-classique. L’entrée de l’hospice se signale par un petit portique soutenu par des colonnes doriques. La frise de triglyphes qui court sous la corniche est d’inspiration antique. La grande lucarne contenant une horloge est un ajout ultérieur, de même que les ailes sur la rue.
L’hôpital Beaujon
En 1795, l’établissement est transformé en service hospitalier, baptisé hôpital du Roule. En 1803, il devient l’hôpital Beaujon, reprenant le nom de son fondateur. En 1935, il compte près de 700 lits. S’avérant trop vétuste, l’hôpital ferme en 1937. Il va renaître à Clichy dans le nouvel hôpital Beaujon de l’architecte Jean Walter, le 1er hôpital monobloc de France.
Un temps désaffecté, l’ancien hospice Beaujon accueille successivement un service de la préfecture de Paris, puis l’école pratique des gardiens de la paix. L’édifice abrite maintenant le centre d’animation du 8e arrondissement, qui propose des activités culturelles et sportives, des expositions et des spectacles.
Pour l’architecte Nicolas-Claude Girardin, voir également l’hôtel Gambione.
Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
APHP
Adresse : 208 rue du faubourg Saint-Honoré
Métro : Saint-Philippe du Roule ou Place des Ternes
Arrondissement : 8e
Téléphone : 01 42 89 17 32