L’Institut National des
Jeunes Sourds de Paris

L’ancien hôpital Saint-Jacques du Haut Pas

A cet emplacement s’élevait l’hôpital Saint-Jacques du Haut-Pas fondé en 1286 et géré par les Frères du Haut-Pas. Cet hôpital est chargé d’accueillir les pèlerins en partance pour Saint-Jacques de Compostelle. En 1572, selon la volonté de Catherine de Médicis, l’hôpital est cédé aux moines bénédictins de l’abbaye Saint-Magloire.

Le séminaire des Oratoriens

En 1618, Henri de Gondi, cardinal de Retz, offre l’église et le couvent aux Oratoriens : le lieu devient le cadre de leur séminaire et un établissement où se retirer du monde pour venir méditer. Les Oratoriens font élever en 1643 un nouveau logis abbatial remarqué pour son escalier d’honneur, véritable chef d’œuvre de stéréotomie : il est porté uniquement par sa maçonnerie de pierre, sans recourir à des colonnes ou poutres. L’église du couvent est également utilisée par les paroissiens du faubourg Saint-Jacques jusqu’à la construction de l’église Saint-Jacques du Haut-Pas. Elle sera détruite lors d’un incendie en 1815.

La découverte de la langue des signes

L’abbé Charles-Michel de l’Epée (1712-1789) se consacre aux œuvres de charité. A partir de 1760, il découvre la langue des signes qu’utilisent deux sœurs sourdes pour communiquer. Il apprend lui-même cette langue et décide d’enseigner aux enfants sourds et muets. Il fonde la première école pour jeunes sourds; elle a alors pour cadre le couvent des Célestins voisin de l’Arsenal de Paris.

L’Institut National des Jeunes Sourds de Paris

Après la mort de l’abbé de l’Epée en 1789, la Constituante décide de créer l’Institut National des Jeunes Sourds. Le 4 avril 1794, l’école ouvre ses portes : elle est désormais installée dans l’ancien séminaire des Oratoriens, alors déjà fort délabré. L’institut est géré par l’abbé Sicard (1742-1822).

Un édifice plusieurs fois agrandi

Situé au fond de la cour, la partie centrale de l’Institut National des Jeunes Sourds correspond à l’ancien logis abbatial redistribué et surélevé. L’institut est d’abord agrandi de 1800 à 1806 par l’architecte Claude-Etienne Beaumont (1757-1811). A partir de 1823,  l’architecte Antoine-Marie Peyre ajoute l’aile sur la droite (1823-1826) puis l’aile sur la gauche (1831) destiné au dortoir pour les filles. C’est probablement à lui que l’on doit le décor néoclassique de la chapelle et sa tribune; cette chapelle intérieure daterait du XVIIIe siècle. En 1832, l’architecte Pierre-Nicolas Philippon continue les travaux : l’aile en retour sur le jardin (abritant le bureau du directeur) est ajoutée, ainsi que deux galeries, celle ouverte sur la cour, et une seconde fermée au 1er étage.

Un merveilleux jardin

Régulièrement ouvert pendant les Journées Européennes du Patrimoine, l’Institut National des Jeunes Sourds de Paris a conservé à l’arrière un merveilleux jardin de plus de 4.000 m2 qui s’étend quasiment jusqu’au boulevard Saint-Michel. Il conserve un bassin en eau, le bassin de l’Oratoire, près duquel subsiste un poirier Madeleine planté vers 1650, et une grande serre. On peut aussi y admirer des massifs de rosiers et autres fleurs, des allées plantées d’arbres, des arbres fruitiers et un potager.

Sources :
Dreyfus (Bertrand), Guide du promeneur 5e Arrondissement, Paris, Parigramme, 1996.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.