Musée de la Légion d’Honneur
L’hôtel de Salm-Kyrbourg
Un gouffre financier
Le prince Frédéric III de Salm-Kyrbourg (1744-1794) fait bâtir entre 1782 à 1787 un palais en bordure de Seine par l’architecte Pierre Rousseau (1751-1829). Le prince y engloutit sa fortune et peine à faire achever le chantier : il ne sera pas complètement achevé quand arrive la Révolution de 1789. Il aurait même songé à marier son neveu à la fille de son entrepreneur, Thévenin, en espérant que cela constituerait un paiement suffisant.
L’affirmation du style néo-classique
L’hôtel de Salm est l’une des plus belles demeures construites à Paris dans le style néo-classique au cours des années 1770-1780. Par sa magnificence, il n’a d’égal à Paris que l’hôtel Thélusson, le chef d’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux dans le quartier de la Chaussée d’Antin (détruit au XIXe siècle). Le palais reprend un schéma traditionnel entre cour et jardin mais au lieu d’être placé sur la cour, le corps de logis est rejeté à l’arrière pour jouir de la vue sur la Seine. Le style architectural est conforme aux canons du néo-classicisime revisitant les temples antiques. Accessible par la rue de Lille, l’hôtel est fermé par un imposant portail à colonnade ajourée. La cour est entourée d’un péristyle à colonnes ioniques. Au fond, l’édifice est précédé d’un portique à colonnes corinthiennes. Les seuls éléments décoratifs sont les bas-reliefs antiquisants présents sur les deux pavillons sur rue et sous le portique.
Le plan de l’hôtel hiérarchise clairement les fonctions sociales : au sud, la cour d’honneur précède deux cours de service latérales. Au nord, presque isolé des bâtiments de service, le corps de logis abrite salons et appartements de la famille princière. La façade donnant sur la Seine est traitée de façon plus gracieuse : le salon d’honneur occupe la rotonde centrale. Au-dessus des baies, les oculi sont ornés de bustes tandis que l’avant-corps est couronné de statues.
L’ordre de la légion d’honneur
Rallié aux idées de la Révolution, le prince de Salm est finalement accusé de trahison au profit de l’Allemagne et guillotiné le 26 juillet 1794. En 1804, l’État fait l’acquisition de l’hôtel de Salm pour y installer l’ordre de la Légion d’honneur créé par l’Empereur Napoléon 1er. Incendié en 1871 pendant la Commune, le palais est restauré à l’identique par l’architecte Anastase Mortier. Le décor intérieur est exécuté par Jean-Paul Laurens, Théodore Maillot, Achille Sirouy, Ehrmann et Renvier dans le style de la fin du XIXe siècle.
De 1922 à 1925, un bâtiment est élevé rue de la Légion d’Honneur à l’emplacement des anciennes écuries afin d’accueillir un musée. L’hôtel de Salm abrite aujourd’hui la grande chancellerie de la Légion d’honneur (qui administre les récompenses nationales) et le musée national de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie.
Horaires d’ouverture : le musée est ouvert du mercredi au dimanche de 13h à 18h Le mardi est réservé aux groupes sur réservation.
Pour l’architecte Pierre Rousseau, voir également la maison Rousseau, l’immeuble locatif des Théatins.
Sources :
Belles Demeures de Paris, Paris, Hachette, 1977.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 2 Rue de la Légion d'Honneur
Métro : Solférino
Arrondissement : 7e
Téléphone :